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José Herbert Ahodode
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Modèle TSG
Le modèle TSG : une approche autonome de vulgarisation d’agriculteur à agriculteur

Auteurs : Check Abdel Kader Baba et José Herbert Ahodode.

La dégradation continue des terres agricoles est un problème récurrent auquel font face plusieurs pays africains. Au Bénin, la dégradation des terres a touché environ 19% du territoire national et occasionné de préjudices considérables sur la sécurité alimentaire d’une frange importante de la population. En effet, l’agriculture occupe près de 70% de la population active et contribue à 75% des recettes d’exportation. Selon une étude récente, le coût annuel de la dégradation des terres au Bénin s’élèverait à environ 490 millions de dollars US, représentant 8% du PIB du pays.

Pour y pallier, le gouvernement du Bénin et ses partenaires au développement multiplient les efforts et les initiatives (projets et programmes) pour promouvoir l’adoption des mesures de la gestion durable des terres par les petits producteurs. Le Projet Protection et Réhabilitation des Sols pour améliorer la sécurité alimentaire (ProSOL), mis en œuvre depuis 2015 pour promouvoir à large échelle des pratiques de gestion durable des terres et améliorer la sécurité alimentaire au Bénin, est l’un des projets phares issus de ces initiatives. Il est exécuté dans le cadre de l’Initiative Spéciale « Un Seul Monde sans Faim » financée par le Ministère fédéral Allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ).

Champs de sorgho envahi par le Striga, une espèce qui prolifère sur les terres dégradées au Bénin © C. A. K. Baba

TMG Research, en collaboration avec l’équipe du projet ProSOL conduit la recherche accompagnement au projet dans deux villages dans le but de soutenir la mise en œuvre du projet. Les travaux de recherche effectués de 2015 à 2017 dans deux villages au nord du Bénin ont montré plusieurs acquis importants dudit projet. Par exemple, plusieurs centaines de milliers de producteurs ont été formés sur la gestion durable des terres et les mesures d’adaptation aux changements climatiques et des efforts remarquables ont été fait pour réduire l’inégalité genre dans le choix des bénéficiaires. Des changements concrets de comportements en termes d’application et d’adoption des pratiques de la gestion durable des terres et de mesures d’adaptation aux changements climatiques, qui sont promues dans le cadre du projet ProSOL, ont été également observés auprès de producteurs bénéficiaires.

Séance de travail à Sinawongourou, impliquant les communautés, les techniciens des ONG partenaires du projet et l’équipe de recherche © C. A. K. Baba

Les études ont également mis en exergue une faible diffusion des connaissances et compétences en dehors du cercle des producteurs bénéficiaires du projet. Ce constat, confirmé dans plusieurs autres zones de mise en œuvre du projet, a été identifié par le staff du projet comme un défi majeur de durabilité post-projet auquel il fallait remédier en urgence. C’est dans ce contexte qu’un modèle de diffusion des connaissances centré sur les producteurs formés et le principe de la redevabilité sociale a été piloté par TMG Research dans deux villages au nord du Bénin (modèle TSG [1]).

[1] TSG est l’acronyme de Tem Sesiabun Gorado, une expression en Bariba (une des principales langues parlées du nord Bénin) qui veut dire ‘’ Messager de la restauration des terres dégradées ’’.

Cette innovation sociale est le produit d’une recherche transdisciplinaire et d’un processus participatif qui impliquant les populations locales de la zone d’intervention, le staff du projet ProSOL et des organisations non-gouvernementales chargées de la mise en œuvre du projet sur le terrain, et l’équipe de TMG Research. Elle capitalise plusieurs sources de connaissances y compris les résultats de la recherche-accompagnement mise en œuvre au nord du Bénin par TMG Research, les expériences de mise en œuvre de l’approche de vulgarisation d’agriculteur à agriculteur en Afrique sub-Saharienne et aussi les leçons apprises de la mise en œuvre des services à base communautaire dans le secteur de la santé au Bénin. C’est le laboratoire de recherche sur l’innovation pour le développement agricole (LRIDA-UP) dirigé par le Professeur Ismail MOUMOUNI qui a mené la recherche-action et les différentes expérimentations du modèle TSG en milieu paysan.

Utilisé comme stratégie de mise à échelle du projet ProSOL dans près de 456 villages à travers le nord Bénin, le modèle est aujourd’hui considéré comme une approche prometteuse pour pérenniser les acquis du projet ProSOL. C’est dans cette perspective que plusieurs experts issus du monde de développement agricole et des institutions de recherche au Bénin ont participé à la validation d’un guide technique pour informer l’opinion publique sur cette approche. Au-delà de son application dans la promotion des bonnes pratiques de gestion durable des terres, les experts ont mis en exergue le fait que le modèle TSG peut aussi être considéré comme une approche de promotion de filières agricoles et d’appropriation des innovations agricoles.

En novembre 2021, plusieurs experts agricoles et acteurs de la recherche ont défini au cours d’un atelier multi-acteurs de réflexion sur l’institutionnalisation du modèle de diffusion des innovations agriculteurs-relais. Cette rencontre a notamment connu la présence du Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche du Bénin qui a affirmé son plein soutien afin d’intégrer le modèle TSG dans la Stratégie Nationale du Conseil Agricole. Des pistes d’actions ont été justement élaborées dans ce sens car il apparait que, pour la mise à échelle du modèle TSG, il est désormais question de l’institutionnaliser, de l’internaliser, de l’expérimenter auprès d’un nombre important de producteurs et productrices agricoles.

Modèle TSG
Atelier de réflexions sur l’institutionnalisation du modèle TSG © José Herbert

Bâti sur des principes autonomes de motivation des producteurs formés dans le processus de partage des connaissances et la valorisation des réseaux sociaux des producteurs, le modèle TSG apparaît aussi comme une contribution significative aux défis de mise en œuvre durable de l’approche de vulgarisation d’agriculteur à agriculteur.

Pour en savoir davantage sur le modèle TSG, prière visiter :

Suivez dans la vidéo, ci-bas, la synthèse de l’atelier de réflexion sur l’institutionnalisation du modèle TSG ainsi que l’intervention du Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche à l’endroit des Participants. 

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jeunes dans l'agribusiness
Bénin : comment renforcer la compétitivité du riz local face à l’importation ?

riz local en Afrique
Dans cet article, je m’intéresse à la question de savoir comment renforcer la compétitivité du riz local face à l’importation massive en prenant le cas du Bénin. En effet, le riz représente la deuxième céréale consommée après le maïs au Bénin et la troisième en termes de production après le maïs et le sorgho. Le pays importe de grandes quantités de riz pour satisfaire ses besoins alors qu’il existe un potentiel non négligeable pour la production. En 2019, les importations de riz au Bénin étaient évaluées à 774 milliards USD soit (1,5 millions tonnes de riz). Quelles sont les stratégies pour renforcer la compétitivité du riz local produit au Bénin et limiter l’importation massive ?

Des potentialités et obstacles de la production du riz local

Malgré les conditions édaphiques/climatiques favorables avec de grandes superficies arables et un réseau hydrographique fourni, le développement de la riziculture béninoise reste confronté à plusieurs défis. La vallée de l’Ouémé, la deuxième plus riche au Monde après le Nil égyptien, est une preuve de potentialité naturelle dont la valorisation efficiente apporterait un souffle nouveau au riz béninois. Pour les riziculteurs, certains facteurs comme la faiblesse d’organisation des acteurs et l’accès difficile aux marchés, aux ressources financières pour les investissements (mécanisation, culture attelée, irrigation) grèvent la compétitivité du riz local face au flux important de riz importé.

Dans la pratique, on reste largement dans un schéma où les institutions – fussent-elles « coopératives » – demeurent prescriptives ne considérant pas les producteurs comme acteurs. C’est le cadre qui a sévit des décennies durant maintenant les campagnes hors de l’entreprise et cantonnant les producteurs à vendre leur produit sans aucune valorisation à des tarifs officiels, vecteurs de substantielles rentes pour des privilégiés.

Des solutions pour renforcer la compétitivité du riz local produit au Bénin

Miser sur la recherche-action pour développer de nouvelles variétés, plus productives, augmentera les rendements pour combler le déficit en termes de production locale. A titre d’exemple, Africa Rice et d’autres structures ont favorisé la mise à disposition de plusieurs variétés dont le NERICA couvrant 1,7 million d’hectares pour sortir plus de 8 millions de personnes de la pauvreté.

En ce qui concerne le capital humain, les stratégies de formation des producteurs devront se réadapter au contexte local avec de nouvelles méthodologies de vulgarisation considérant les producteurs comme acteurs. Pour accroître le potentiel de productivité, la réorganisation des chaînes de valeurs rizicoles devrait promouvoir la spécialisation des acteurs pour moderniser le secteur de la transformation/commercialisation.

Les rizeries d’Etat et les unités privées devront concevoir des modèles de contractualisation avec des groupes organisés de producteurs fournissant le riz paddy (non transformé) et, planifier leur approvisionnement en intrants spécifiques (dont les semences) avec un appui-conseil améliorant leurs capacités technique et organisationnelle.

Par ailleurs, réaliser des investissements productifs à forte mobilisation de ressources assurera la modernisation des structures de production, de transformation et le transfert de technologies innovantes. Ces investissements devront porter sur les aménagements hydro-agricoles durables (bas-fonds, périmètres irrigués), les infrastructures (stockage/conservation, transports, énergies) et les matériels de décorticage.

La mutualisation des énergies permettra de rendre disponible en quantité et en qualité le riz à bon prix sur les marchés et promouvoir « la consommation locale » au regard de la réticence à consommer du riz local en raison de sa faible compétitivité. Il faudra énormément travailler pour que le riz local gagne en qualité, en conditionnement pour s’adapter aux modes de vente modernes afin de séduire les consommateurs dont une classe moyenne en pleine expansion, très exigeante en termes de qualité.

Cette situation d’importer ce qui pourrait être produit sur place constitue une grande manne pour les importateurs, les intermédiaires et ceux qui accordent les licences d’importations générant ainsi des milliards de FCFA qui profitent aux rentiers au lieu d’aller vers les producteurs.
Une régulation réfléchie des importations, solution opportune, serait alors envisageable en s’inspirant des modèles de réussite dont celui de la Gambie qui, interdisant les importations du riz en 2016, a instauré un protectionnisme de la production et de la consommation locales. En cette période de crise, pour assurer la durabilité des systèmes alimentaires, il faudrait des décisions réalistes.

Des approches pour renforcer la compétitivité du prix

L’accessibilité au prix est un facteur handicapant la compétitivité du riz béninois, plus cher que celui importé alors que l’autosuffisance en riz assurerait la sécurité alimentaire et inverserait les tendances à une très forte dépendance. Il faut noter que la monnaie joue de son influence sur le prix car le FCFA indexé à l’euro d’une valeur fort élevée, fait que le riz des marchés extérieurs vaut bien moins cher que celui local.

A cela faudra-t-il ajouter les coûts de production, transport interne, les tracasseries, taxes et autres difficultés transactionnelles mettant le riz local hors de prix. Dans la logique de réduire les coûts de production, il faudra accompagner les producteurs par des actions pour faciliter l’accès aux facteurs de production dont le foncier (pour sécuriser l’investissement), le capital, la main d’œuvre.

Une amélioration du cadre réglementaire avec des réformes constructives réduisant les coûts de transactions (liés à l’accès aux marchés, à la recherche informationnelle) serait optimale dans la mesure où l’asymétrie d’informations pénalise et engendre des surcoûts aux producteurs.
Renforcer davantage les dynamiques rizicoles portées par l’Etat, les groupements de producteurs et entrepreneurs et faciliter l’accès au marché, au crédit agricole seraient des axes privilégiés dans l’amélioration de la compétitivité du prix. Le secteur privé ainsi que les partenaires au développement constituent des alliés stratégiques dans la dynamique du partenariat public-privé accompagnant les actions de levée des financements moins coûteux.

Il urge également de rendre les producteurs bancables par des services financiers de proximité en s’inspirant de l’essor du mobile banking pour réduire les surcoûts et développer des fonds de garantie pour favoriser l’investissement dans les facteurs de production.

Au regard de la croissance démographique, le Bénin devra tirer profit des potentialités agricoles pour accroître la production du riz local, aliment de base, afin d’assurer la sécurité alimentaire car 70% des pauvres vivent en milieu rural. Il urge donc de renforcer la résilience de la productivité du riz béninois afin d’influer sur sa compétitivité et par ricochet, celle du prix par des approches réalistes, intégrées et synergiques entre tous les acteurs.

Cet article a été publié sur le site de Wathi, un think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest, dans le cadre des débats sur l’alimentation (Bénin: comment renforcer la compétitivité du riz local face à l’importation ? – WATHI).

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accès aux médicaments
Afrique : Comment libérer l’accès aux médicaments ?

Face aux nombreuses difficultés d’accès aux médicaments en Afrique, les Etats sont souvent interpellés pour intervenir en prenant en charge les frais d’accès ou en contrôlant les prix des médicaments. Malheureusement, ces ingérences dans le fonctionnement du marché des médicaments se traduisent toujours par des effets pervers. Car le véritable problème, c’est le déficit de l’offre qui fait renchérir les prix et rend l’accès aux médicaments compliqué pour la majorité des usagers. De ce fait, le secteur privé de l’industrie pharmaceutique serait une meilleure alternative.

Comment stimuler l’investissement privé pour relever le défi de l’accès aux médicaments en Afrique ? Cliquez pour tweeter

Incitations fiscales

Certes, le revenu moyen par habitant s’est amélioré, néanmoins il reste largement insuffisant pour permettre aux Africains de consacrer une part suffisante de leur budget pour satisfaire leurs besoins médicaux. La faiblesse du pouvoir d’achat des populations explique celle de la demande en médicaments. Les autorités publiques, comme les autres parties prenantes, ont la responsabilité de faciliter l’accès aux médicaments pour les citoyens africains. Cependant, il ne faudrait pas se tromper de moyens pour atteindre un tel objectif.

Les systèmes de protection universelle aveugles ont montré leurs limites car inefficaces et surtout sources de déficits et de gabegie. D’où la nécessité de mettre en place une politique différenciée suivant le niveau de vie des citoyens. Dans ce sens, les plus démunis pourraient continuer à bénéficier d’aides directes ciblées sur la base de critères objectifs et transparents. Quant à la classe moyenne, il est possible d’envisager des aides fiscales comme la possibilité de déduction des frais médicaux, dans une certaine limite, du revenu imposable.

Mais, ce qui sera plus intéressant est d’agir sur tous les facteurs gonflant artificiellement les prix des médicaments. En ce sens,  la réforme de la filière des médicaments devient incontournable. Ainsi, l’Etat devrait rationnaliser la chaine de distribution afin d’éviter que la multiplicité des intermédiaires renchérisse inutilement le prix facturé au consommateur. De même, il est important de réformer la fiscalité du médicament dont le prix est souvent grevé par plusieurs taxes douanières sans parler de la taxe sur la valeur ajoutée.  La rationalisation de la fiscalité du médicament est à même de libérer du pouvoir d’achat et donc de booster la demande des Africains. Mais la stimulation  de la demande ne pourrait résoudre la problématique de l’accès au médicament sans que l’offre puisse suivre.

Stimuler la concurrence

Le rôle du secteur privé est primordial dans un contexte de déficit budgétaire et de faiblesse des ressources publiques. En ce sens, il faut stimuler la concurrence dans le marché du médicament en abolissant les barrières à l’entrée qui découragent le développement d’une offre suffisante. Le jeu de la concurrence permettrait, à terme, de faire baisser les prix. Dans cette logique, il faudrait faciliter les demandes d’octroi de licences, réduire la pression fiscale des entreprises afin de favoriser l’investissement privé aussi bien local qu’étranger.

Améliorer l’accès au financement

Pour ce faire, l’Etat devrait créer, en amont, un cadre propice. Cela passe d’abord, par la facilitation du financement, surtout que le secteur est budgétivore. La réforme du secteur bancaire visant à le rendre plus concurrentiel afin de baisser le « loyer » de l’argent, alléger des conditions d’emprunts, notamment les garanties rédhibitoires exigées. Des alternatives de financement aux investisseurs locaux et étrangers devront être développées aussi via la réforme du secteur financier pour acheminer l’épargne locale, souvent cachée, vers le financement de l’élaboration et de la commercialisation des médicaments. 

Investir dans les infrastructures

Ensuite, il faudrait relever le défi des infrastructures et les problèmes liés à la logistique. La promotion du partenariat public-privé (PPP) comme stratégie de financement des secteurs économiques s’amplifie sur le continent. Il faudra profiter de cette dynamique en permettant à l’Etat et au secteur privé de collaborer suivant un cadre légal précis et transparent. En effet, le faible développement des services logistiques, le coût relativement élevé de l’approvisionnement en énergie électrique, le manque de contrôle dans les régulations existantes impactent des éléments clés de la distribution tels que la chaîne du froid, les services de stockage, de transport et de sauvegarde ainsi que le respect des dates de validité des produits.

Améliorer l’environnement des affaires

Enfin, il faudrait rendre le climat des affaires plus favorable à l’investissement privé. En Afrique subsaharienne, les économies ont les réglementations les moins favorables aux affaires. Selon les données du Doing Business 2017, il faut 60 jours en moyenne pour effectuer un transfert de propriété, par exemple, contre seulement 22 jours pour la même transaction dans les économies à revenu élevé de l’OCDE. Le climat des affaires est aussi miné par plusieurs maux dont les barrières douanières, les taxes, les politiques économiques non favorables aux investissements, les tracasseries administratives, etc.

Il faudrait corriger ces dysfonctionnements en simplifiant les formalités réglementant l’accès des entreprises au marché pour un accroissement du nombre d’entreprises investissant dans le secteur des médicaments afin de fluidifier les échanges. Un cadre macro-économique favorable à l’investissement privé est aussi indispensable, ce qui exige, de la part de l’Etat, une rationalisation de son train de vie afin d’offrir de la visibilité et de la confiance aux investisseurs privés en maitrisant les déficits publics, commerciaux, l’inflation et l’endettement. La mise en confiance des investisseurs passe surtout par la protection des droits de propriété pour inciter à l’investissement lourd que nécessite le secteur du médicament.

L’Afrique est le second marché dynamique à l’échelle mondiale, après l’Asie-Pacifique. Pour répondre correctement à tous les besoins futurs, la stimulation de la demande par une politique redistributive est vouée à l’échec. Dès lors, la stimulation de l’offre est incontournable, notamment en exploitant les synergies entre acteurs publics et privés, afin de démocratiser l’accès aux médicaments en Afrique.

Ir. José Herbert AHODODE, Agronome socio-économiste, Consultant formateur, Auteur.

 

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jeunes entrepreneurs
Bénin : Renforcer les jeunes entrepreneurs pour s’investir dans l’agro-alimentaire

jeunes dans l'agribusiness

Cet article, écrit par Savitri Mohapatra de Access Agriculture, évoque le travail de José Herbert Ahodode dans le cadre du renforcement de compétences des jeunes entrepreneurs et producteurs agricoles du Bénin.

« L’audace d’entreprendre : une jeunesse en action » le titre de son dernier livre – résume l’essence de la vision du béninois José Herbert Ahodode pour promouvoir l’esprit d’entreprise chez les jeunes dans le domaine de l’agroalimentaire comme modèle pour la création d’emplois durables en milieu rural et de richesse dans les pays africains afin de rendre le secteur agroalimentaire plus productif.

En plus d’être écrivain, José est socio-économiste et il accompagne les organisations professionnelles agricoles et les entreprises à tirer profit des chaines de valeur agricoles à travers divers services de conseil, de formation, de communication. C’est un alumni de l’Initiative germano-africaine pour la jeunesse et de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung ; il est également membre de plusieurs organisations de la société civile et de groupes de réflexion panafricains qui sont très engagés dans les actions de développement sur le continent africain.

jeunes entrepreneurs agricoles

Pour José, il est plus que nécessaire de développer les capacités de la jeunesse africaine en lui offrant des occasions de s’investir dans l’entreprise agroalimentaire dans toute la chaîne de valeur alimentaire en adoptant de meilleures pratiques par le biais de médias basés sur la technologie de l’information et de communications (TIC), tels que les vidéos.

« L’agroalimentaire intègre toutes les activités économiques liées à la production, à la transformation et à la commercialisation de produits agricoles de qualité. Au Bénin, c’est l’un des secteurs qui offrent des opportunités réelles aux jeunes qui veulent s’engager dans l’entreprenariat agricole », a déclaré José.
Il est cependant conscient que l’un des obstacles majeurs est l’image négative que les jeunes ont de l’agriculture, qui est perçue comme un secteur exigeant beaucoup de travail et qui est non rentable, avec un manque d’accès au financement, un accès limité à l’information sur la transformation des aliments et sur les technologies qui apportent de la valeur ajoutée, et par-dessus tout, le manque de capacité en matière de pratiques agroécologiques et d’entreprenariat en milieu rural.

« C’est pourquoi, la formation des producteurs, des acteurs des chaînes de valeurs et des jeunes entrepreneurs est au cœur de nos activités », a expliqué José. « Nous travaillons en synergie avec les partenaires du domaine pour promouvoir l’apprentissage à travers des vidéos telles que celles d’Access Agriculture sur la transformation, la valeur ajoutée et les compétences commerciales. »

Il désire ardemment atteindre un grand nombre de producteurs et d’entrepreneurs et les sensibiliser sur les vidéos thématiques. « Mais au regard des défis auxquels font face nos communautés, car plusieurs n’ont pas accès à l’électricité, il serait nécessaire d’avoir des projecteurs adéquats comme le projecteur intelligent. » Il explore aussi la possibilité de voir comment la plateforme de partage de vidéos EcoAgtube (www.ecoagtube.org) pourrait être utile aux jeunes entrepreneurs agricoles.

Sur la base de son expertise, de sa riche expérience et de son engagement envers le développement des capacités des jeunes dans le domaine de l’agroécologie et de l’entreprenariat, José a été choisi en 2019 comme ambassadeur d’Access Agriculture (www.accessagriculture.org), un fournisseur de services mondial sans but lucratif qui appuie l’apprentissage des agriculteurs dans les pays du Sud à travers des vidéos de qualité en langues internationales et locales.

« Je garde l’espoir que grâce à une formation adéquate et à un environnement favorable, des opportunités fascinantes s’ouvriront à nos jeunes entrepreneurs pour bâtir des entreprises agroalimentaires robustes et prospères afin que les pays africains puissent réduire leur forte dépendance aux importations de produits alimentaires », a déclaré José.

Cet article a été premièrement publié par Access Agriculture en anglais et en français ; il a été repris par le site de la FAO en français.

Vous êtes acteurs du monde rural, vous intervenez en synergie d’actions pour renforcer les capacités des jeunes, des femmes dans le secteur agricole, n’hésitez pas à collaborer avec José Herbert.

noix de coco
Cherif Dine Akedjou : Innovation avec les coques de noix de coco

Bonjour, j’ai connu cet entrepreneur depuis 2016 quand je participais au Programme de formation des jeunes leaders du Bénin organisé par la fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung. Redonner vie aux coques des noix de coco ; c’est le pari gagné de l’entrepreneur béninois Cherif Dine Akedjou. En réalité, les coques de noix de coco favorisent le développement du paludisme, dans la mesure où elles constituent un foyer idéal pour les larves des moustiques qui s’y développent surtout en saison pluvieuse.

Au Bénin, Cherif Dine Akedjou récupère les déchets de coques de noix de coco pour les transformer en lampes, vaisselles et en divers autres produits qui sont commercialisés sur les marchés local, africain et international. Cliquez pour tweeter

« Nos produits sont résistants, écologiques et biodégradables. Ils sont très prisés par les restaurateurs, les hôteliers et les fabricants de produits cosmétiques qui utilisent les déchets de coques comme une alternative aux emballages plastiques », indique Cherif Dine, qui est à la tête de FAN COCO, une startup spécialisée dans la transformation et la valorisation des noix de coco.

« En amont, nous assainissons notre environnement en recueillant ces déchets et en les transformant. En aval, nous proposons aux populations des alternatives aux matériaux plastiques et emballages chimiques non biodégradables », explique-t-il. Selon ce trentenaire dont la startup fabrique du jus de coco, l’idée de transformer les coques est née d’un malheureux constat lié à la pollution engendrée par ces déchets, qui mettent 12 ans à se décomposer.

De surcroît, poursuit-il, les coques de noix de coco favorisent le développement du paludisme, dans la mesure où elles constituent un foyer idéal pour les larves des moustiques qui s’y développent surtout en saison pluvieuse. « Face à ce problème environnemental et sanitaire, nous avons lancé, en 2019, cette solution innovante qui consiste à redonner une vie plus intéressante aux coques de noix de coco », indique l’entrepreneur béninois.

Cherif Dine est actuellement en quête de financements en vue de développer les activités de sa startup et de s’implanter dans certains pays producteurs de coco dans la sous-région ouest-africaine. Son ambition est de faire de FAN COCO, « un empire du coco où se produiront tous types de produits dérivés du coco, dans le respect des règles environnementales ».

N’hésitez pas à contacter Chérif Dine Akedjou sur le site internet de FAN COCO et sur les réseaux sociaux pour des partenariats commerciaux et des collaborations fructueuses.

Cet article est cité d’une parution sur le site d’informations Guinée Signal ; merci à tous les acteurs qui boostent les initiatives entrepreneuriales des jeunes africains, innovateurs à travers le Monde !

 

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Stratégies d'adaptation des agriculteurs
Comment vivre dans un climat changeant ? Stratégies d’adaptation des agriculteurs au Nord-Bénin

Développer des stratégies d’adaptation dans un contexte de changement climatique est une nécessité pour la survie des exploitations agricoles. Les effets du changement climatique, un phénomène qui concerne évidemment le monde entier, ne sont pas répartis uniformément. Au Bénin, où l’agriculture est presque entièrement pluviale sans aucune alternative d’irrigation, et constitue la principale source d’emplois et de revenus pour la majorité de la population, les conditions de production agricole se rendent de plus en plus difficiles en raison des variabilités climatiques.

Dans les systèmes traditionnellement plus intensifs, dans certaines zones au nord-Bénin, les agriculteurs parvenaient à réaliser deux récoltes par an. Désormais, du fait du raccourcissement de la saison des pluies et du retard d’implantation de la première culture, ils ne parviennent le plus souvent qu’à en faire une.

En plus, les défis socio-politiques comme la gouvernance et ceux socio-économiques tels que la pauvreté endémique, l’accès limité aux marchés des capitaux et aux marchés mondiaux d’écoulement des produits, la dégradation de l’écosystème, les catastrophes et conflits complexes ainsi que l’urbanisation, impliquent que la capacité des communautés à s’adapter aux changements climatiques est limité. La pandémie Covid-19 ne vient qu’extérioriser un certain nombre d’évènements conjoncturels et exacerbe davantage les conditions de vie des populations rurales déjà impactés par de nombreux maux endémiques.

Pourtant, même face à ces défis les producteurs développent des stratégies d’adaptation visant à réduire leur vulnérabilité ou à améliorer leur résilience face à des changements observés ou prévus au niveau du climat à travers de nouveaux systèmes de production. Améliorés et partagés entre les communautés, ces systèmes peuvent soutenir le développement de la sécurité alimentaire au Bénin. Les mesures d’adaptation comprennent la modification des pratiques culturales, dont le changement de variétés, voire d’espèces cultivées pour privilégier des cultures plus rustiques.

Les pratiques culturales évoluent également aussi bien sur le plan des dates de réalisation que des techniques employées (abandon du travail du sol dans certains cas par exemple). L’utilisation des moyens de production (travail, intrants) est raisonnée pour tenir compte des risques : cela se traduit dans certains cas par l’extensification ; ailleurs, il s’agit de la concentration des moyens sur des espaces « plus sûrs » (du point de vue de l’eau disponible notamment).

Une autre voie d’adaptation explorée par les producteurs est basée sur le développement de nouvelles activités agricoles pour tenter de répartir les risques et/ou de s’adapter aux nouvelles conditions de production : introduction de nouvelles spéculations, implantation de cultures vivrières par certains éleveurs, pratique de l’élevage par les agriculteurs, développement du maraîchage et du petit élevage puis transformation des produits.

Quid des techniques et stratégies d’adaptation mises en œuvre par les producteurs.

Au regard des expériences personnelles et des observations de terrain, il faut noter que la première adaptation spontanée des producteurs consiste à caler le calendrier cultural sur les conditions climatiques de l’année. En réalité, au nord-Benin, les dates de semis sont en général déterminées par le début des pluies. Si ce dernier est retardé, plusieurs réponses peuvent intervenir pour tenter de rattraper le retard de plus en plus fréquent des semis. La première réponse est d’abord la surcharge du travail (les semis sont répétés deux ou trois fois) avec une débauche d’énergie de la part des agriculteurs. Pour mobiliser de la main d’œuvre supplémentaire, il faut cependant disposer d’un réseau social efficace et de ressources financières et matérielles suffisantes. En effet, même quand on fait appel à l’entraide, il faut nourrir les travailleurs mobilisés et se rendre disponible pour les aider à leur tour.

Entre autres stratégies peut-on noter la diversification des activités génératrices de revenus en milieu rural. La mise en œuvre d’activités complémentaires, agricoles ou extra-agricoles, est un mécanisme exploité par les petits producteurs pour assurer la survie de leur famille. Diverses activités sont menées comme le développement du petit élevage ou de cultures maraîchères, la transformation agroalimentaire, l’artisanat, la prestation de services dans la production agricole et plus souvent le transport, comme taxi moto.

Des adaptations à plus petite échelle sont également observées au niveau des systèmes de production. Certains agriculteurs agissent sur l’abandon ou l’introduction, la diminution ou l’extension de certaines spéculations. Les espèces sensibles à la sécheresse laissent la place à d’autres qui sont plus rustiques. Les cultures à croissance lente et continue telles que les tubercules (manioc, igname) sont ainsi préférées aux cultures à stade critique telles que le maïs afin de limiter le risque de récolte nulle. L’impact de cette évolution est variable et pas toujours favorable en termes de résultats économiques ou écologiques.

Dans certains cas, les producteurs s’appuient sur des réseaux de connaissances, établissant des liens avec des agriculteurs d’autres régions pour collecter des variétés plus précoces. Certains producteurs vont chercher des variétés à quelques dizaines ou centaines de kilomètres dans des zones traditionnellement plus sèches, dont les variétés de mil, de sorgho, de maïs, de haricot et d’arachide dans les pays limitrophes comme le Burkina Faso et parfois au-delà. Ces réseaux d’échanges de connaissances constituent une force puissante pour l’adaptabilité locale, toutefois ces variétés sont fréquemment moins productives et/ou plus exigeantes en qualité du sol.

Les réseaux d’échanges entre les communautés traditionnellement migratrices contribuent également à l’adoption de nouvelles stratégies d’adaptation. Au nord-Bénin, les Peulhs, éleveurs originels, s’adonnent aussi à l’agriculture et exploitent quelques parcelles de cultures vivrières pour satisfaire aux besoins de leur famille. Ils disposent souvent de variétés précoces provenant des pays sahéliens comme le Niger et le Burkina Faso avec lesquels ils sont en contact. Ces variétés leur permettent de faire une association de culture de mil et de niébé. De même, les mouvements migratoires participent au partage d’expériences entre agriculteurs. C’est ainsi que certaines pratiques culturales comme les semis à plats (sans buttes ni billons) sont devenues une réalité.

Stratégies d’Adaptations moins durables.

Cependant, chez les Peulhs, le raccourcissement de la saison des pluies a fait changer cette pratique et désormais le mil et le niébé sont cultivés en parallèle sur des parcelles différentes ; ce qui a abouti à une extension importante des surfaces mises en culture au détriment des pâturages et surtout de l’entretien de la fertilité des sols. Cette tendance souligne que les stratégies d’adaptation adoptées sans tenir compte de la durabilité à long terme sont au mieux des solutions à court terme.

Par ailleurs, l’extensification est l’une des adaptations développées par les producteurs au nord-Bénin. En effet, les producteurs cherchent souvent à accroître les surfaces cultivées pour compenser la baisse des rendements due aux conditions climatiques actuelles. Cette stratégie suppose qu’il existe des espaces encore disponibles et qu’ils soient suffisamment fertiles. Or, une telle pratique a des conséquences souvent néfastes sur la fertilité à moyen terme. Ainsi, du fait de l’extension des surfaces cultivées, on observe partout une diminution de la réserve en terres cultivables.

Par ailleurs, les superficies des jachères, même de courte durée, se réduisent et sont de plus en plus concentrées sur des terres moins fertiles. Le raccourcissement de la jachère compromet la régénération de la fertilité des sols car la production de biomasse est limitée par le manque d’eau. Certains producteurs ont progressivement mis en culture des terres peu fertiles et y obtiennent des rendements médiocres.

Conclusion

En définitive, à l’instar des autres fléaux qui minent l’humanité, les changements climatiques demeurent l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur le développement durable. Au Bénin, la question des changements climatiques est plus que d’actualité au regard de toute la mobilisation dont elle fait l’objet, comme élaboration du Plan National d’Adaptation, organisation d’un dialogue sous régional sur les changements climatiques, et création d’un comité national sur les changements climatiques.

La sécheresse, les inondations et les changements du régime pluviométrique sont les principaux risques auxquels le pays fait face. Ces différents phénomènes ont entrainé au cours des dernières décennies des pertes substantielles dans les secteurs de l’agriculture, de la santé, des ressources en eau, des infrastructures, de l’énergie et de la foresterie. Les producteurs agricoles, principaux affectés par ces variations, ne sont pas restés les bras croisés en subissant. Ils ont fait preuve de résilience et d’adaptation pour développer des pratiques culturales en vue de faire face aux variabilités climatiques tout en restant dans la droite ligne de contribuer à la sécurité alimentaire.

Il est de la responsabilité des autorités administratives, à divers niveaux, d’accompagner ces différentes initiatives innovantes, d’en faire des cas pratiques à expérimenter au sein de groupements organisés de producteurs et de partager les acquis à travers la mise à échelle de pratiques résilientes au changement climatique. Cela contribuerait à l’amélioration de la résilience des producteurs face au changement climatique en Afrique.

Ecrit par José Herbert Ahodode, Agronome socio-économiste, Youth In Soil, TMG Think tank.

Cet article, initialement publié sur Médium, fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.

 

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Dis non à l'échec
Epiphane SENOU : Ouvrage « Dis NON à l’Echec »

Chers lecteurs, à travers cette tribune, je vous amène à la découverte de l’ouvrage « Dis Non à l’Echec » d’un jeune entrepreneur et coach aux qualités exceptionnelles et au parcours inspirant…

Epiphane Senou est un coach, auteur, entrepreneur et un passionné du développement du potentiel humain. L’un de ses ouvrages nous invite à renoncer à la fatalité et de refuser l’échec. « Dis Non à l’échec » est  un livre, un élément moteur pour le  » réarmement mental  » car lorsque l’esprit et l’âme se désarment tout s’effondre dans les bras de l’échec qui a beau rôle.

À travers ce livre de 220 pages subdivisés en 23 chapitres, on y découvre un style clair et limpide qui donne goût de la lecture à tout lecteur. Loin des théories généralistes et non éprouvées,  » DIS NON A L’ÉCHEC  » est un condensé de connaissances classées, organisées et surtout opérationnelles que vous pouvez utiliser ici et maintenant et connaître une transformation totale dans votre vie. C’est un ouvrage authentique, inspiré du vécu de l’auteur. Les chapitres ne sont rien d’autre que les clés de vie découvertes et qui l’ont aidé à franchir des barrières importantes de sa vie et amorcer un processus de changement remarquable dans tous les aspects de sa personne et de ses affaires.

Dis non à l'échec

Cet ouvrage, comme le rappelle Florent Eustache HESSOU dans sa préface, est une invitation à la réflexion, à l’auto-prise en charge de son destin et à l’usage des secrets véhiculés dans les lois de l’attraction. Son mérite, c’est la promotion du coaching comme élément fondamental de développement. La force de la pensée, des mots et des actes avec effet sur notre vie sont des éléments développés dans l’ouvrage. C’est un exercice qui permet à l’Homme de réussir dans la mesure où nos pensées deviennent des actes. Le secret de tout succès est la maitrise des lois de la nature. L’auteur, dans un style décontracté, accessible, nous invite à cultiver la pensée positive dans une attitude de gratitude et d’éloigner de nous la crainte, le doute, les pensées négatives, l’échec, la peur, la colère.

« Dis Non à l’Echec » est le fruit d’un vaste programme au profit de la jeunesse en général et celle scolaire et universitaire en particulier. Son objectif est de l’accompagner à surmonter les nombreuses difficultés auxquelles elle se trouve confronter de nos jours. Ces chapitres concis et faciles à comprendre, abordent des thèmes tels que : les bienfaits de la confiance en soi ; comment transformer ses mauvaises notes en de meilleures ; comment amener les enseignants à vous donner le meilleur d’eux-mêmes ; comment cultiver la persévérance ; ils sont tous vos ennemis ; ma pensée mon succès, ma pensée mon échec ; affronter l’échec ; créer votre succès vous-même ; etc.

Il est clair que l’auteur, spécialiste du potentiel humain, a voulu partager de nombreux secrets avec les jeunes scolaires et universitaires pour davantage développer des capacités de résilience face aux épreuves de la vie scolaire. Vu sous cet angle, les destinataires premiers de l’ouvrage sont donc les écoliers et étudiants. Mais sans s’y limiter, tout être Humain, en quête de soi, de réussite est invité à pratiquer les différents secrets de vie que transmet l’ouvrage.

Pour une vue synoptique, tout en invitant le lecteur à aller découvrir cet ouvrage, il faut retenir que les secrets partagés concernent les bienfaits de la confiance en soi, la culture de la persévérance, la foi en soi pour tout dominer, la prise d’initiatives pour éviter la procrastination, les outils pratiques d’affrontement de l’échec pour réussir, etc.
En effet, les individus, à haute estime de soi, sont moins préoccupés par le risque d’échec et n’échouent pas. C’est pour cela que l’auteur nous interpelle à prendre l’habitude d’attendre beaucoup de nous-mêmes et que le résultat, au bout de la persévérance dans l’action, est toujours le succès.

Par analogie, quel succès pourrait obtenir un dompteur qui entrerait pour la première fois dans une cage de lions rempli de crainte, de doute et d’incertitude ? Si cet homme se présentait avec une telle attitude de faiblesse, de doute et de crainte devant les bêtes féroces, il serait certainement mis en pièces. Il devrait les fasciner par son regard ; par les effluves qui s’échapperont de ses yeux, il les maintiendra sous sa domination car le moindre instant de défaillance lui serait fatal et pourrait lui coûter la vie. La confiance en soi est la première clé du succès, ensuite suivent plusieurs autres paramètres.

Pour le lecteur, voici un extrait de l’avant-propos de « Dis Non à l’Echec »

Le grand philosophe espagnol José Ortega nous a rappelé que nous, êtres humains, sommes nés dans un état de désorientation naturelle avec notre monde. C’est-à-dire que toutes les autres créatures sont guidées par l’instinct – dont ils ne sont pas conscients et qu’ils n’ont pas la capacité de questionner. Chacun de nous, en tant que créature humaine, a reçu le pouvoir divin de créer son propre destin. Et chacun de nous fait exactement cela.

Chaque jour, nous mettons en place des actions et des idées qui détermineront la forme et la substance de nos lendemains. Pour certains, ces idées et actions mènent inévitablement à des réalisations et à des récompenses extraordinaires. Pour la plupart d’entre eux, ils ont tendance à aboutir à une sorte de terrain d’entente, sur lequel un grand nombre de personnes se repèrent, sans se poser de questions. Et pour certains, ces actions et idées entraînent des frustrations et des problèmes répétés, et ils passent leur vie dans les couches inférieures de la pyramide socio-économique.

Si vous souhaitez acquérir l’ouvrage, cliquez sur ce lien. Pour ceux qui l’ont déjà lu, quels sont vos avis sur le contenu ? N’hésitez pas à nous les partager en commentaires !

 

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Afghanistan
Afghanistan : échec du « Nation Bulding » – les leçons pour le Sahel

Chers lecteurs, le Monde entier est consterné de la situation actuelle en Afghanistan où les Taliban ont repris le pays. Au moment où beaucoup s’interrogent sur les leçons à tirer des évènements, je vous fais suivre la lecture qu’en fait Serge MICHAILOF, un membre du Groupe Initiative Afrique, qui en a été un acteur et un témoin privilégié.

En réalité, Serge est chercheur associé à l’IRIS, senior Fellow à la fondation FERDI, administrateur du conseil des investisseurs en Afrique et de l’ONG GRET, consultant et à ce titre conseiller de plusieurs Gouvernements. Il a enseigné plus de 10 ans à Sciences Po et à la Sorbonne Paris 1. Il a été l’un des directeurs des opérations de la Banque mondiale, et le directeur exécutif des opérations de l’Agence française de développement (AFD). Au cours d’une carrière d’un demi-siècle, il a travaillé dans plus de 65 pays sur tous les continents.

L'Afghanistan est de nouveau aux mains des Taliban

L'Afghanistan est de nouveau aux mains des Taliban ! Cliquez pour tweeter

Si les talibans ont pu l’emporter aussi aisément, c’est en grande partie parce que les efforts de la communauté internationale visant à créer quasiment de toutes pièces puis à consolider l’État afghan n’ont pas été couronnés de succès. Il y a des raisons objectives à cela. Retour sur vingt ans d’erreurs. Tentons de tirer quelques leçons pour l’avenir, en particulier pour le Sahel…

Les néoconservateurs américains étaient farouchement hostiles au « nation building »

Contrairement à ce qu’on lit couramment, les Américains, qui furent de très loin les plus importants pourvoyeurs d’aide en Afghanistan, ne se sont jamais sérieusement intéressés au « nation building ». Les néoconservateurs y étaient même farouchement opposés, comme Donald Rumsfeld l’a exprimé à de multiples reprises. Barack Obama n’y croyait guère non plus ; mais à sa prise de pouvoir en 2008, il était de toute façon déjà bien tard pour se lancer dans une telle entreprise, du fait des erreurs accumulées depuis 2002 par l’équipe Bush/Cheney/Rumsfeld, qui était focalisée sur l’Irak.

La première erreur fut bien sûr cette guerre d’Irak qui conduisit à une dispersion des efforts militaires et financiers américains. La deuxième erreur, liée à la première, fut le refus obstiné des Américains de construire une armée afghane à la hauteur des défis sécuritaires pendant les années cruciales de démarrage de l’insurrection, entre 2003 et 2008. Ils l’ont en effet alors délibérément limitée à 30 000 hommes car ni le Pentagone ni l’USAID ne voulaient prendre à leur charge les coûts de fonctionnement correspondants, et les calculs de leurs analystes leur laissaient penser que cet effectif correspondait à ce que le budget afghan pourrait à terme supporter.

Il a fallu les premières grandes offensives d’été des talibans qui ont failli occuper Kandahar en 2008, mais surtout l’arrivée à la même époque du général David Petraeus pour que Washington révise sa position. Constatant la dramatique dégradation de la sécurité, Petraeus, qui venait de rédiger le manuel de contre-insurrection de l’armée américaine, chiffra alors les besoins en police et armée de l’Afghanistan à 600 000 hommes.

Ce chiffre de 600 000 hommes correspondait aux effectifs de l’armée algérienne au plus fort de la guerre civile, en 1997/1998 – sachant que les populations de l’Afghanistan et de l’Algérie étaient à peu près équivalentes. Le coût lié à la formation, l’équipement et l’entretien d’une telle armée afghane fit hurler quelques sénateurs américains et, après de difficiles négociations, l’objectif fut ramené à 350 000. Or en 2009, les effectifs atteignaient péniblement 60 000 hommes – dont à peu près la moitié étaient réellement disponibles compte tenu des absences, des désertions et des besoins de formation. Les Pachtounes, dont les familles étaient menacées par les talibans, n’osaient déjà plus s’engager. L’armée a ainsi été construite sur une base tadjike et non multiethnique, ce qui l’a considérablement fragilisée.

Le temps que les budgets soient négociés et approuvés à Washington, puis les recrutements engagés, vers 2011, soit dix ans après le début de l’intervention américaine, les effectifs des forces de sécurité afghanes s’élevaient à environ 130 000 hommes, dont les meilleurs officiers avaient été formés par les Soviétiques. Il faut en effet noter qu’au cours de leur occupation et avant de se retirer en 1989, ces derniers avaient construit une armée afghane qui s’est révélée capable en 1990/1991 de tailler en pièces les moudjahidines soutenus par le Pakistan et financés par la CIA. Le régime de Najibullah installé par Moscou a ainsi survécu pendant les deux ans où les financements du Kremlin étaient encore disponibles. Il serait sans doute encore en place et l’Afghanistan peut-être en paix si Ronald Reagan avait eu l’intelligence, lorsque Mikhaïl Gorbachev a décidé de jeter l’éponge, de se substituer aux Russes pour financer ce régime laïc qui n’avait rien de communiste.

Les Américains ont enfin laissé les Nations unies désarmer les chefs de guerre dès 2004, ce qui excluait l’option la plus simple en matière de construction étatique, à savoir une confédération des seigneurs de guerre soucieux de défendre leurs territoires respectifs. Un tel fonctionnement aurait au moins permis, sans grand effort occidental, la formation d’un État de type féodal, laissant au Pakistan le soin de régler l’avenir du pays… option peu glorieuse, mais peu coûteuse.

Ne confondons pas « nation building » et « state building »

La construction d’une nation afghane dont tout le monde semble aujourd’hui parler n’était donc pas à l’agenda américain. Mais en tout état de cause, construire une nation en Afghanistan, qui est un pays exceptionnellement fragmenté au plan ethnique, où les différentes tribus se sont continuellement combattues et qui sortait de plus de vingt ans de guerre civile ne pouvait être qu’un processus politique qui ne pouvait être sous-traité à des partenaires extérieurs. Ni les États-Unis ni l’URSS ne pouvaient construire une nation afghane. Une telle opération ne pouvait être réalisée que par des dirigeants afghans prêts à dépasser les clivages ethniques et à construire des consensus. Il leur fallait quand même aussi, pour cela, disposer de la force armée pour « convaincre » les dissidents. Or leurs capacités militaires étaient non seulement réduites mais entre les mains des États-Unis.

La construction d’une nation aurait exigé un charisme particulier de la part du chef de l’État, qui aurait dû être porteur d’une vision permettant d’envisager, à terme, la fusion des innombrables fragments d’une société profondément divisée par des années de conflits. Un exemple historique de construction d’une nation dans un pays multiethnique est celui de Julius Nyerere en Tanzanie, qui détruisit sans doute largement l’économie de son pays en le soumettant à un système de type soviétique, mais en fit une nation. Les qualités de Nyerere manquaient manifestement à Hamid Karzaï, qui fut largement un choix opportuniste américain.

La communauté des donateurs pouvait, au mieux, s’engager dans un processus d’appui à la construction d’un État afghan viable : le « state building ». Mais dans un contexte où le leader américain du camp occidental avait l’œil rivé sur l’horizon irakien et cumulait les erreurs, il était impossible pour les autres donateurs de se lancer sérieusement dans une stratégie cohérente de ce type, pour au moins trois raisons :

(1) Une telle approche demandait de la part des donateurs une capacité de dialogue et de pressions politiques à haut niveau que seuls les Américains étaient capables de conduire ;

(2) Le chef de l’État se révélait, dans son mode de gouvernance, un chef tribal essentiellement soucieux d’acheter des loyautés et de jouer du népotisme ambiant ; il restait ainsi parfaitement rétif aux réformes qui s’imposaient pour construire un appareil d’État sur une base méritocratique ; cet achat de loyautés exigeait comme toujours en ce cas la mise en place de réseaux de corruption. Ces réseaux de corruption ont progressivement conduit à un véritable déchaînement de la corruption qui a décrédibilisé toute la classe politique.

Enfin (3) la pagaille entre les donateurs interdisait toute approche coordonnée de leur part sur un tel sujet qui ne figurait pas sur leur écran radar.

À la même époque, on constate d’ailleurs que, en Irak, les erreurs de Washington furent bien pires, car les Américains ont alors délibérément détruit un appareil d’État structuré. Paul Bremer, le proconsul américain de l’Irak en 2003/2004, a systématiquement démoli l’appareil d’État irakien, en licenciant sous prétexte de débaasification, l’armée, la police et l’administration irakiennes, ceci à la grande colère de Colin Powell qui mesura immédiatement le désastre mais ne put s’y opposer. C’est cette destruction de l’appareil baasiste qui a conduit au chaos, à la guerre civile irakienne, à la prise de pouvoir des chiites entraînant l’alignement de l’Irak sur l’Iran et, à terme, à la création de Daech. Il est difficile d’imaginer une politique américaine en Irak susceptible de conduire à un pire fiasco !

Les Américains ont en revanche tenté de construire en Afghanistan une démocratie largement inspirée de leur propre système – ce qui, dans ce pays extrêmement divisé, a ajouté des affrontements électoraux aux clivages ethniques traditionnels. Ce système a en particulier conduit à partir de 2014 – alors que les jeux étaient déjà faits et qu’une victoire sur les talibans était devenue impossible – à une paralysie provoquée par la rivalité entre le Pachtoune Ashraf Ghani et le Tadjik Abdullah Abdullah, chacun titulaire d’environ la moitié des voix correspondant largement à la division ethnique du pays.

Ashraf Ghani – qui lors de mes premiers entretiens avec lui, alors qu’il était ministre des Finances puis recteur de l’université de Kaboul, avait précisément l’ambition et la lucidité nécessaires pour construire un État fonctionnel – parvint au pouvoir en 2014, trop tard pour pouvoir mettre en œuvre sa vision. Il fut absorbé par son conflit avec Abdullah Abdullah, la grave dégradation sécuritaire, les tensions avec les Américains, la crise financière de l’État, la perpétuelle recherche de financements, les conflits incessants entre tribus, les désaccords avec les bailleurs de fonds et, enfin, les élections. La construction de la démocratie à l’américaine a finalement accentué les divisions internes au lieu de les résorber comme espéré. Situation très classique dans un pays multiethnique.

La construction d’un État afghan exigeait la construction d’un ensemble d’institutions « modernes »

Les néoconservateurs américains ignoraient que la construction d’un État passait par la mise en place d’un ensemble d’institutions dégagées du népotisme ambiant : une armée multiethnique disposant d’une logistique qui fonctionne et d’une aviation autonome la moins sophistiquée possible pour pouvoir être entretenue par des mécaniciens rapidement formés, une police et une justice non corrompues, une administration centrale et locale reconstruites sur la base du mérite. C’était certes particulièrement difficile à instaurer dans un pays tribal, dans un contexte où le président Karzai refusait le principe méritocratique pour garder le contrôle de la nomination des responsables en fonction de sa stratégie d’alliances mouvantes.

La mise en place d’institutions « modernes » était néanmoins possible, comme l’ont prouvé la création entre 2002 et 2005 de quatre institutions fonctionnant correctement : le ministère des Finances ; la Banque centrale, le ministère de la Reconstruction et du Développement Rural (MRRD) et, enfin, les Renseignements militaires. Le MRRD fut même pendant une décennie une institution modèle conçue ex nihilo par une équipe afghane qui a géré avec une remarquable efficacité un programme national de petits travaux ruraux financés par la Banque mondiale et divers donateurs, le « National Solidarity Program » (NSP). Ce programme fut jusque vers 2014 et la réduction des financements extérieurs un modèle du genre, qui a permis de réaliser pour environ 2 milliards de dollars de petits travaux à haute intensité de main-d’œuvre avec un minimum de corruption et de détournements. Une prouesse dans ce pays !

Techniquement et financièrement, rien n’empêchait en 2003/2004, avant la montée en puissance des talibans en 2007/2008, de construire ou reconstruire les institutions régaliennes constituant le cœur d’un appareil d’État moderne, en particulier les ministères de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice, de l’Énergie. Mais ces ministères furent octroyés selon la stratégie d’alliances de Karzaï et gérés comme des butins octroyés à des brigands qui y mirent en place leurs réseaux de prédation.

La remise en ordre de cette douzaine d’institutions aurait été envisageable dans l’ambiance d’enthousiasme qui régnait en 2003/2004. Une telle remise en ordre doit en effet commencer par une comparaison entre compétences et profils des titulaires des postes, ce qui permet déjà de découvrir des situations surprenantes et d’effectuer un premier tri… En outre, nombre d’Afghans de la diaspora hautement qualifiés abandonnaient alors leur emploi aux États-Unis ou en Europe pour offrir leurs services à l’équipe en place à Kaboul.

Je travaillais à cette époque comme consultant pour la Banque mondiale et j’en ai alors auditionné une bonne centaine qui, financés par cette institution, furent placés dans ces principaux ministères dans des positions parfois de management. Au bout de quelques mois, la grande majorité revint me voir pour se plaindre du népotisme généralisé et des foyers de prédation qu’étaient malheureusement ces institutions non réformées. Tous pratiquement ont renoncé, découragés. Soit ils étaient de la mauvaise ethnie et ostracisés. Soit leur présence gênait les détournements et le pillage organisé.

L’Afghanistan n’ayant pas de pétrole et ne pouvant budgétairement soutenir seul même une guerre de basse intensité, il aurait aussi fallu que l’aide internationale et, en premier lieu, l’aide américaine accepte de financer à environ 80 % le fonctionnement de cette douzaine d’institutions clés une fois remises à niveau ainsi que toutes les dépenses budgétaires afférentes. Le coût n’aurait pas été négligeable. Mais tant d’argent fut plus tard déversé en vain sur ce pauvre pays que les montants correspondants auraient certainement pu être mobilisés.

De plus, outre les fortes réticences politiques locales, il fallait affronter le fonctionnement très particulier de l’aide internationale. Car les donateurs détestent financer les fonctions publiques et, pour certains d’entre eux, comme la Banque mondiale, cela leur est même interdit. Financer l’armée et la police aurait aussi posé des problèmes spécifiques. Mais enfin, avec un peu de volonté on trouve des solutions ! Finalement, toutes ces institutions qui constituaient le cœur d’un État moderne sont restées des foyers de blocage et de corruption.

Ne se sont vraiment intéressés au problème du « state building » que les Britanniques, la Banque mondiale et quelques donateurs bilatéraux qui n’ont jamais eu de liberté de manœuvre sur ce sujet à cause du poids américain et de l’impossibilité d’un dialogue sérieux sur ce sujet avec le président Karzaï. C’est toutefois dans ce contexte qu’ont été quand même renforcées progressivement un certain nombre d’institutions étatiques bénéficiant de très importants financements externes. Ce fut le cas du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de la Santé, deux domaines où des résultats significatifs ont été enregistrés en partant de situations qui étaient catastrophiques en 2002.

Afghanistan : L’aide internationale a contribué à l’affaiblissement de l’appareil d’État résiduel

Bien involontairement, le mode de fonctionnement de l’aide internationale a le plus souvent provoqué un affaiblissement et non un renforcement des institutions étatiques afghanes, déjà bien faibles. Et cela, non pas parce que les équipes techniques des donateurs étaient incompétentes, mais à cause des contraintes qui leur sont imposées par leurs mandants politiques. Les instructions sont en effet de toujours faire au plus vite, d’obtenir rapidement les résultats les plus visibles possibles, et surtout de n’avoir dans ces pays, où la corruption est endémique, aucune perte en ligne dans les circuits financiers, aucun détournement de fonds, aucun cas de corruption.

De telles instructions ne permettent pas de procéder au lent travail peu visible de reconstruction institutionnelle qui est nécessaire à l’obtention de résultats durables. Le refus de toute corruption oblige à recourir au système des projets autonomes très contrôlés. Cela aboutit certes à des résultats rapidement visibles, mais ceux-ci ne sont pas pérennes car conduisant à un désastre institutionnel. Ainsi, des écoles seront construites et inaugurées en fanfare, mais les maîtres ne seront pas là car la programmation des constructions n’a pas été prise en compte par un ministère de l’Éducation dysfonctionnel. Et quand les maîtres arriveront sur le terrain, un tiers d’entre eux seront illettrés, car nommés sur intervention de notables locaux. Et enfin quand arriveront les fins de mois, la paye ne sera pas là…

Dans un tel contexte, l’aide internationale, qui dans ce type de pays craint toujours de voir ses fonds disparaître dans des structures opaques, évite l’administration locale et finance directement « ses » projets. En Afghanistan, on estime que 80 % des financements extérieurs échappaient à tout contrôle des responsables afghans et court-circuitaient délibérément le budget et les institutions afghanes. Cette façon de procéder, qui a exaspéré Ashraf Ghani lorsqu’il était ministre des Finances, limitait certes corruption et détournements de fonds, mais en contournant le problème au lieu de le traiter.

Le traiter aurait impliqué des changements dans les équipes dirigeantes d’une douzaine d’institutions clés et le démantèlement des réseaux de corruption alimentant autant de réseaux politico-ethniques. Pour Karzaï, une telle mesure était impensable. Seuls les Américains auraient pu soulever la question. Mais ils avaient d’autres préoccupations. Dans certains cas, comme celui, pourtant crucial, de l’énergie, où le ministre Ismaïl Khan était un grand chef de guerre de la région de Hérat, placé là car Karzai voulait reprendre le contrôle des douanes à Hérat… les donateurs ont préféré ne pas s’occuper de ce secteur et Kaboul est restée pour cette raison pendant près de dix ans dans le noir. Tous ces mécanismes ont été parfaitement analysés et documentés par Sarah Chayes dans un livre remarquable.

Entre syndrome hollandais et concurrence entre bailleurs, les salaires dérapent

L’injection par la présence militaire et l’aide internationale de montants financiers considérables dans la petite économie afghane a provoqué ce que l’on appelle un « syndrome hollandais », mécanisme bien connu des pays pétroliers.

Ce phénomène a entraîné une forte inflation et une appréciation de la monnaie qui a entravé l’activité manufacturière locale. La concurrence entre donateurs pour trouver du personnel afghan de qualité a également fait monter les salaires du personnel d’une certaine technicité, parlant anglais et maîtrisant un ordinateur. L’écart entre les salaires versés par les donateurs (dont les ONG) et la fonction publique afghane se situait dès 2004/2005 dans un rapport de 1 à 5, voire de 1 à 10. Cette situation a provoqué un exode de tout le personnel de l’administration ayant un minimum de compétences techniques ou managériales vers les projets financés par les donateurs. J’ai eu un temps comme chauffeur un directeur de l’administration à qui son salaire de fonctionnaire ne permettait plus de payer son loyer.

Au lieu d’être ainsi renforcées par l’aide internationale, les principales institutions étatiques ont été vidées de leurs rares compétences techniques pour être remplacées par des projets d’une durée limitée financés par les bailleurs. Une fois le projet exécuté, l’équipe projet était dispersée. Les programmes de formation, qui furent très nombreux, permettaient au personnel des administrations qui avait bénéficié de cette formation de fuir vers les projets. Cette mécanique infernale interdisait toute efficacité institutionnelle à la formation. En 2013, lors de ma dernière mission sur ces questions de renforcement de capacités, il y avait infiniment plus de personnel « professionnel » afghan dans des structures de projets que dans les institutions nationales. Dans ce contexte, rares furent les renforcements de capacité au niveau institutionnel.

Ces renforcements institutionnels tentés par des donateurs désespérés portaient en général sur l’injection de cadres qualifiés provenant souvent de la diaspora dans des fonctions spécifiques comme les directions administratives et financières ceci pour tenter de sortir de l’opacité généralisée. Les cadres recrutés à cet effet exigeaient compte tenu de leurs charges familiales à l’étranger le paiement de sursalaires qui représentaient évidemment un multiple des salaires de leurs collègues de la fonction publique. Or la durée limitée des projets correspondants laissait rapidement à la charge de l’État afghan des coûts salariaux qu’il ne pouvait supporter, alors que les différences salariales provoquaient des tensions ingérables au sein des institutions concernées. En général le personnel de la diaspora restait peu de temps, découragé par l’ambiance de corruption, l’absence de systèmes d’informations fiables, les dénonciations calomnieuses, etc.

Ces sursalaires exigeaient pour être octroyés une revue des compétences des cadres et du personnel destiné à en profiter, en particulier des cadres provenant de ces administrations dont les compétences étaient très variables. Le président Karzaï, irrité par les réclamations des cadres non sélectionnés, a décidé un jour de généraliser ces sursalaires à l’ensemble de la fonction publique, ce qui était budgétairement délirant et, en outre, détruisait l’approche des donateurs fondée sur le principe du mérite. Ce problème salarial a dangereusement accru la dépendance du pays vis-à-vis de l’aide internationale et contribué à créer infiniment plus de pagaille que de capacités institutionnelles.

Finalement, les donateurs ont fini par intégrer dans des projets spécifiques de nombreux « morceaux d’institutions », y compris certains ministres et leur cabinet politique. Cette formule permettait surtout au personnel ainsi intégré dans des projets de bénéficier des sursalaires correspondants… Ce système, qui était au total d’une extrême fragilité, ne pouvait fonctionner que tant que l’aide internationale pouvait financer. Dès la réduction de cette aide, très sensible à partir de 2013/2014, cette mécanique s’est grippée.

Le caractère dysfonctionnel de l’ensemble de cet appareil d’État afghan et non seulement de l’armée a ainsi beaucoup joué dans l’effondrement final de ce régime. Le « système Karzaï », qui impliquait ainsi des « achats » de loyauté, reposait in fine sur une corruption qui a pris une dimension exceptionnelle, favorisée par le trafic de l’opium.

Cette corruption, qui a affecté tout le fonctionnement de l’appareil d’État, a joué un rôle non négligeable dans la désaffection générale de la population vis-à-vis du régime. Elle a considérablement fragilisé l’État afghan tel qu’il s’est construit plutôt mal que bien depuis 2002, crédibilisant la propagande des talibans et facilitant leur enracinement dans la population rurale. Il est à cet égard remarquable de noter le parallèle avec la fin du régime sud-vietnamien, lui aussi décrédibilisé et rongé par la corruption.

Quelles leçons pour les bailleurs internationaux ?

Ayant assisté comme le monde entier à l’effondrement du château de cartes que constituait l’appareil d’État afghan, je suis bien sûr effondré, mais non surpris.

L’une des leçons qu’il est possible de tirer de ces multiples expériences est tout d’abord qu’il faut, comme le fit le MRRD dont j’ai suivi attentivement la mise en place, engager les processus de restructuration institutionnelle en s’attaquant à la totalité d’une institution et en commençant par sa direction. Cette démarche implique la sélection de dirigeants ayant à la fois un certain charisme et des capacités managériales. On pouvait parfaitement en trouver une douzaine en Afghanistan en 2002.

Une telle restructuration doit être conduite indépendamment par chaque équipe de direction à son rythme. Elle implique que l’on trouve des solutions pour le personnel « irrécupérable » : mises à la retraite, packages de départ, voire postes d’ambassadeurs pour dirigeants qu’il faut écarter… Elle suppose évidemment que l’on sorte radicalement du système dans lequel on affectait chaque ministère ou chaque institution publique comme la société d’énergie ou la police à un chef de guerre ou à un allié politique qui allait conduire une politique de recrutement sur base ethnique et mettre en place un réseau de corruption pour son profit ou celui de sa tribu d’origine.

Cela dit, malgré ses multiples défauts, ce système dénoncé par Ashraf Ghani lui-même lorsqu’il était professeur dans un ouvrage bien connu des spécialistes pouvait se corriger progressivement. En tout cas, cette fin chaotique pouvait certainement être évitée. Mais le « deal » de Donald Trump, négocié directement avec les talibans, était absolument inepte. Comment négocier son départ en commençant par fixer sa date de départ ? ? C’est entamer une négociation en mettant toutes ses cartes sur la table. On peut tout au plus négocier sa reddition, c’est-à-dire rien du tout.

La méthode de Joe Biden, consistant à décider d’abandonner un jour un peuple parce qu’on a changé de politique, est également inacceptable. D’autres sorties moins lamentables étaient possibles pour les Américains. Même les Soviétiques, qui ont quitté l’Afghanistan en bon ordre, en furent capables.

Au total, la responsabilité des néoconservateurs et, en particulier, du trio Bush/Cheney/Rumsfeld dans ce désastre est immense. Ils ont cru que le problème afghan était simplement militaire et pouvait se régler rapidement. C’était une double erreur rendue plus inadmissible par leur refus d’écouter les multiples experts américains, parfois d’origine afghane, qui connaissaient parfaitement le pays et sa complexité.

Si la responsabilité de Trump dans cette déroute complète est considérable, celle de Biden l’est aussi. Mais celle de la communauté des donateurs, à laquelle j’ai consacré l’essentiel de ma vie professionnelle, n’est pas non plus négligeable.

Il devrait être établi une bonne fois pour toutes qu’on ne peut manifestement pas remettre sur pied un pays en crise grave avec des dizaines de bailleurs de fonds refusant toute coordination significative, initiant des centaines de projets éphémères, sans compter 2000 ONG et leur milliers de petits projets ! Les donateurs doivent impérativement accepter, dans ces pays en crise ou en conflit, au minimum deux révisions radicales de leurs méthodes d’intervention :

En premier, reconnaître comme une priorité l’appui à la construction d’un appareil d’État moderne en portant leurs efforts tout particulièrement sur les questions régaliennes, y compris la réforme de la justice et des services de sécurité. Ils ont encore pour principe de ne pas s’intéresser à ces secteurs dits de « souveraineté ». C’est une grave erreur encore répétée au Mali actuellement.

En second, l’exemple afghan, mais il s’est malheureusement répété au Mali, montre que la coordination des donateurs, qui devrait être centralisée à un niveau très élevé (premier ministre de préférence), n’est pas ou est mal assurée par le gouvernement bénéficiaire. Des dizaines de bailleurs traitent dans le plus grand désordre avec une bonne douzaine d’institutions locales. Il est ainsi caractéristique que le FMI traite avec le ministère des Finances, la Banque mondiale avec le ministère du Plan et nombre de bailleurs avec les ministères où ils ont trouvé des correspondants… La coordination, qui est alors déléguée aux donateurs, repose sur des consultations entre ces derniers. Mais cela ne fonctionne pas et ne permet pas de mettre de l’ordre dans la pagaille des projets tous azimuts qui fréquemment oublient l’essentiel.

En Afghanistan, le montant des ressources affectées de 2002 à 2007 au développement rural ne dépassait par 4 % du montant total de l’aide affectée au pays. Il est par ailleurs notable de remarquer que la table ronde de 2015 consacrée au Mali affectait également moins de 4 % à ce secteur alors que dans chacun de ces deux pays l’activité rurale est fondamentale. La mauvaise coordination entre donateurs justifierait la mise en commun de l’essentiel de leurs ressources dans un ou plusieurs fonds fiduciaires qui devraient être gérés de manière rationnelle, comme des budgets d’investissement cohérents. C’est, à mon expérience, la seule façon efficace permettant de coordonner leur action dans ce type de situation.

Pauvre Afghanistan coincé entre les talibans et la « communauté internationale » !

Espérons, sans trop y croire, que ces erreurs ne se reproduisent plus au Sahel…

Cet article écrit par Serge Michailof a été précédemment publié sur le site The Conversation

Merci d’avoir lu jusqu’à la fin ! Quelles réflexions vous inspire cette lecture ? Dites-le nous en commentaires…

L’Audace d’Entreprendre : Contribution de Ada Yaya Bocoum

L’ouvrage « L’Audace d’Entreprendre : Une jeunesse en Action » mène des réflexions sur les défis de l’entrepreneuriat dans le contexte africain et propose des approches réalistes pour y faire face. On y découvre également le parcours d’entrepreneurs de divers domaines – ce sont des exemples concrets et inspirants pour les jeunes. L’ouvrage est préfacé par l’entrepreneur et consultant Ibrahima Théo Lam, et le coach Marcellin Gandonou est intervenu pour le texte avant-propos à l’endroit du lecteur.

Les entrepreneurs ayant contribué à cet ouvrage sont : Epiphane Senou, Adjaratou Lawani, Sessi Hounkanrin, Odile Gnonwin, Eulodie Hodonou, Caludia Togbe, Natacha Agbahoungba, Moustakimou Sadji, Riva Bonkoungou et Ada Y. Bocoum. L’Auteur, par ce canal, les remercie à nouveau pour le temps et les sacrifices. Plus bas, vous découvrirez les options pour avoir cet ouvrage.

A travers cette tribune, nous partageons avec vous la contribution de Mme Ada Yaya Bocoum. Cliquez pour tweeter

C’est pour moi un plaisir de contribuer à cet ouvrage qui se veut inspirant pour la jeunesse entreprenante du continent africain. Je suis Ada YAYA BOCOUM, Architecte Urbaniste, Gérante de l’Agence d’architecture et d’urbanisme  AFRICA ETUDES SARL basé à Ouagadougou au Burkina Faso. J’exerce depuis plusieurs années dans cette activité, profession libérale, au service des populations.

J’ai démarré mon entreprise en 2010 après avoir travaillé comme salariée dans une autre agence pendant 08 ans environs. A un moment, j’ai eu le sentiment que je n’avançais plus et j’ai senti le besoin de me donner d’autres challenges. En vérité, le principal déclic était l’insatisfaction face aux efforts fournis (avec le temps de travail et la rémunération qui ne me convenait plus). Comme j’avais envie de nouveaux challenges, cela m’a inspiré à faire le choix de quitter l’agence dans laquelle je travaillais pour créer la mienne. Je suis, actuellement en 2020, dans ma dixième année en tant qu’entrepreneure et dans ma quarantième année de vie.

Mon idée d’entreprise est la réalisation de mon métier d’architecte urbaniste. Dans cette passionnante aventure, j’accompagne les particuliers et entreprises dans la réalisation des ouvrages de qualité, uniques en leur genre et en lien avec les aspirations des clients. Je suis en quête perpétuelle d’innovations et mon souhait est d’expérimenter les nouveaux outils pour mieux satisfaire mes clients. J’ai donc commencé en me disant que cela devrait marcher puisque tout le monde a besoin de se loger et de s’abriter. Il faut remarquer que près de 80% des constructions dans nos pays se font sans faire intervenir les professionnels mais le marché de l’architecture existe et cible des particuliers/entreprises qui sont dans la recherche permanente d’ouvrage de qualité. C’est cette cible qui constitue nos prospects et la satisfaction du travail aboutit fait appel à d’autres clients.

Au Burkina-Faso, il faut dire que l’environnement institutionnel accompagne les entrepreneurs à travers plusieurs structures, projets et programmes tant nationaux qu’internationaux. Mais force est de constater que beaucoup restent encore à faire dans la dynamique d’orienter les interventions des différents partenaires pour plus d’efficacité dans l’accompagnement aux entrepreneurs.

Dans la réalisation quotidienne de nos activités, nous rencontrons certaines difficultés car nous exerçons un métier mal connu et les populations sont convaincues que l’architecte est réservé à ceux qui ont les moyens. Cet obstacle est un frein dans la réalisation des activités mais on peut bien travailler à corriger cela. Des actions de sensibilisation et de communication périodique sur ce métier sont recommandées avec l’assistance des parties prenantes et bénéficiaires des interventions. Au Burkina Faso et dans d’autres pays de la sous-région, il serait impérieux d’envisager également des sanctions sévères pour les personnes qui ne respectent pas les règlementations en matière de construction.

C’est évident que beaucoup d’actions sont menées par les gouvernants mais très souvent, entre le discours politique et les réalités des services compétents dans l’accompagnement des entrepreneurs, il y a des écarts remarquables. Nous assistons à plusieurs programmes d’appui à l’entrepreneuriat où des montants importants sont distribués pour les femmes et les jeunes. Mais malheureusement l’impact n’est pas très souvent visible. Et pour cause ! Pour un projet nécessitant  12 millions pour le démarrage, il est octroyé une subvention d’amorçage de 02 millions au promoteur. Dans ces conditions, qu’attendons-nous comme résultat dans 6 mois ou plus (selon la durée du projet) ? Un échec absolu dans la majorité des cas pour cette forme de financement…

Par ailleurs, en raison de la peur de prendre des risques financiers importants, très peu de places sont offertes aux projets innovants (ce qui est aux antipodes du discours politique).

« Ce n’est pas l’argent qui crée une entreprise ; ce sont les Hommes ». C’est une assertion que je partage car on peut bien démarrer son entreprise sans grands moyens et in fine, se servir de son réseau relationnel et du personnel qui travaille pour bâtir une entreprise prospère. Nous avons connu au Burkina Faso plusieurs initiatives financées pour booster l’entrepreneuriat mais qui se sont soldées par des échecs. Citons par exemple, le cas du PAPME qui avait octroyé des prêts aux entreprises. Mais les remboursements ont été difficiles ; ce qui a compromis la survie du programme. Il ne suffit donc pas d’accorder un prêt ou une subvention pour faire vivre une entreprise. Il y a beaucoup plus important que l’argent octroyé et ce qui manque souvent aux programmes du genre, c’est le suivi rigoureux de la gestion et l’usage des montants perçus par les bénéficiaires.

Si je dois porter un regard sur le système entrepreneurial au Burkina, sans faire un diagnostic complet, je dirai quand même que les entreprises qui se créent chez nous meurent très tôt. En fait, si la base de création d’entreprise est juste pour avoir un marché parce que ton cousin est aux affaires, l’entreprise fermera lorsque le cousin ne sera plus aux affaires… Il n’est pas facile d’entreprendre, ceux qui s’engagent dans l’entreprenariat en se disant que c’est facile l’apprennent à leur dépend. Car c’est une longue aventure, une tache de longue haleine et c’est énormément de sacrifices, de disciplines et de travail pour arriver au succès. Pour réussir les actions en cours dans l’accompagnement des entreprises, il faudra mettre en place des dispositifs sérieux pour renforcer et suivre les entreprises (PME) existantes afin qu’elles puissent accroitre leur chiffres d’affaires et recruter de plus en plus de personnel. Cela contribuera à la stabilité de l’économie et donc à la prospérité.

L’entrepreneuriat est un long chemin. Aux jeunes qui veulent s’y lancer, je leur dirai que c’est un beau voyage. Cependant il n’est pas évident de s’y engager ; il faut beaucoup d’audace, d’humilité, de respect du personnel et des clients et être dans une quête permanente d’amélioration de ses prestations, produits ou services. Ce qui exige donc de l’entrepreneur qu’il soit dans une logique de toujours apprendre pour s’améliorer au quotidien.

Pour finir cette tribune, je dirai aux aspirants entrepreneurs qu’entre le Business plan de départ et la réalité de l’entreprise, il y a un écart et il faut s’y adapter. Il faut comme valeurs la persévérance, le travail, le courage pour contrer les difficultés de parcours mais aussi assez d’audace, d’innovation. La discipline est également un compagnon de tous les jours car elle intervient dans presque tous les maillons de l’entreprise dont la gestion financière et des employés.

Pour prendre contact avec Ada YAYA BOCOUM, prière visiter le site internet AFRICA ETUDES : www.africaetudes.com

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covid 19 et sécurité alimentaire
Covid-19 au Benin : Regards entre la crise et la sécurité alimentaire

A l’instar de la plupart des pays en voie de développement, au Bénin, la sécurité alimentaire reste encore un des défis majeurs. En réalité, la faiblesse du pouvoir d’achat s’illustre en tête de peloton parmi les plus évidentes causes en tenant compte de la production nationale par habitant. Ce contexte est venu s’aggraver par la crise sanitaire, économique et sociale en lien avec la Covid-19. Avec la survenue de la pandémie, sa propagation et les mesures de sa contenance, les économies de par le monde ont fait preuve d’une certaine fébrilité.

covid 19 et sécurité alimentaire

De plus, cette situation sanitaire a fait émettre nombre d’hypothèses. Quelles qu’elles soient, elles sont soit fondées sur des théories de changement radical, soit sur celles prônant le retour à la normalité. C’est à croire que l’indécision ou la neutralité sont les seul absents de la scène orchestrée par le coronavirus. Il est de ce fait normal, au regard des dynamismes observés au Bénin, qu’on élucide sur le plan de la sécurité alimentaire ses enjeux pendant la crise ainsi que les réponses de ses acteurs afin d’aboutir à des projections sur les futurs de l’alimentation.

Les enjeux de la sécurité alimentaire au Bénin en lien avec la Covid-19

 

L’économie béninoise est tournée vers l’agriculture et les industries de transformation des produits issus de l’agriculture, secteurs largement centrés sur les produits d’exportation tels que le coton, l’anacarde et l’ananas et vers le commerce. Avec les frontières fermées et donc la baisse drastique du commerce avec le reste du monde, le coronavirus, aura donc enseigné plus d’un. D’ailleurs, depuis le Sommet Mondial de l’Alimentation de Rome 1996, il a été retenu formellement que « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».

En lien avec les réalités béninoises, il est clair que la pandémie aura été à l’origine de disruptions sur divers plans dont celui de la sécurité alimentaire. C’est dire que parmi les principaux défis du Bénin en matière de sécurité alimentaire figure le maintien ou le renforcement du pouvoir d’achat des béninois pour leur donner les moyens d’observer les règles barrières et mesures sanitaires prises au regard de l’évolution de la pandémie.

Est-il possible de diriger ou d’orienter un être humain affamé ? La réponse serait affirmative dans la mesure où il dispose de quoi s’alimenter ou qu’on le lui miroite. Si non, l’instinct de survie prendra le dessus sur la raison, ce bon sens qui le distingue des animaux. Il semble qu’aucun Etat au monde n’a pu échapper à cette dure réalité durant cette pandémie.

Les dynamiques des acteurs en lien avec la sécurité alimentaire face à la Covid-19

 

Qu’ils soient gouvernants, gouvernés, société civile et/ou entreprises, tous semblent avoir pris très au sérieux la pandémie de la COVID-19 dès la détection du tout premier cas sur le territoire le 16 Mars 2020. Dès les lendemains de la crise et des premiers cas décrétés, tous les acteurs se sont mis d’accord sur la nécessité de prendre les dispositions idoines pour sécuriser les populations. C’est dans cette logique qu’un confinement général avait été imposé avec les conséquences dans un contexte où la population est occupée, en majorité, par les activités du secteur de l’informel. Une réalité qui rend difficile les limitations de déplacement dans un contexte où le gagne-pain quotidien, la pitance, se cherche chaque jour. Il est donc aisé de comprendre comment les populations ont vécu le cordon sanitaire et les limitations imposées par le Gouvernement du Bénin.

Difficile de comprendre les comportements véreux de certains acteurs, notamment des commerçants qui, en voulant profiter de la crise, ont procédé à la surenchère des prix des produits de consommation de première nécessité. Ce qui a conduit le Gouvernement, à travers son Ministère du Commerce, à prendre une note pour décourager la surenchère orchestrée. Cela a, notamment, mis en garde les commerçants et autres acteurs des circuits de distribution des produits alimentaires. Aussi loin qu’on puisse s’en rappeler, cette décision est historique au Bénin et confirme le souci permanent de l’Etat de s’occuper du bien-être de la population.

En sus, après quelques mois où les entreprises de divers secteurs ont connu d’énormes difficultés de trésorière, le Gouvernement a lancé une vaste opération de recensement des secteurs touchés par la pandémie puis a octroyé un dédommagement forfaitaire. C’est avec une enveloppe financière de 74 milliards de FCFA que l’Etat béninois a pu alléger les peines des populations et des entreprises. De plus, le Gouvernement a pris trois mesures spécifiques pour un montant de 100 milliards FCFA suivant la logique de permettre aux entreprises agricoles d’avoir accès au crédit à 12 % au plus et partiellement garanti par l’Etat.

Faciliter et garantir l’accès au financement aux exploitants agricoles pour contribuer à la croissance de la production végétale, animale et halieutique, tel était l’objectif visé par le gouvernement en initiant des mesures complémentaires dans le cadre de l’atténuation des effets économiques de la pandémie du Covid-19. Ces différentes mesures ont permis (permettent et permettront) aux entreprises agricoles d’avoir accès au crédit à un taux maximal de 12 % et partiellement garanti par l’Etat.

Les ministres concernés par le sujet sont montés au créneau pour expliquer le mécanisme de mise en œuvre desdites mesures qui viennent compléter celles prises en faveur de certaines catégories d’entreprises par le gouvernement. Ces successifs actes posés par le gouvernement ont ainsi permis aux citoyens béninois de toujours disposer d’une certaine capacité à aller sur le marché et se fournir en vivriers. C’est d’ailleurs non seulement pour soutenir les producteurs mais également pour rendre toujours effective la disponibilité des produits agricole de qualité que le gouvernement béninois a fait don de 10 millions de FCFA de semences à plus de 400 producteurs maraîchers dûment affectés par la pandémie.

Pour conclure sur les dynamiques observées au niveau des dirigeants, remarquons le passage à la digitalisation et la simplicité du processus de création des entreprises. C’est dire que dorénavant de chez soi, tel que recommande la pandémie de la Covid-19, toute personne désireuse de créer une entreprise peut le faire. Il faudra croire qu’en plus de l’opportunité due à la Covid-19, que c’était la main tendue qu’attendait cette jeunesse béninoise avide d’entreprendre.

En ce qui concerne les partenaires techniques et financiers, ils ne sont pas restés du reste dans la prise de mesures et d’initiatives face à la Covid-19. Les défis que présente la réduction de la pauvreté dans les pays en voie de développement et au Bénin en particulier ne sont plus à démontrer. Avec la crise du coronavirus, beaucoup ont émis l’hypothèse que plus rien ne serait comme avant. C’est qu’il s’agit d’un épisode sans précédent, révélateur de beaucoup de lacunes mais aussi de capacités d’adaptation.

En effet, les initiatives qui permettront de sortir des difficultés économiques ne se limitent pas à la seule bonne gouvernance politique des États, ni à leur seule volonté économique solitaire. Ils passent par l’effort conjugué des gouvernements et des institutions financières internationales en vue de financer la stabilité économique par des investissements massifs dans le secteur agricole, secteur très prometteur pour une croissance diversifiée, la sécurité alimentaire, et la nutrition.

Dès lors les institutions financières internationales comme le Fonds International de développement agricole (FIDA) ont joué un rôle crucial dans la mise en œuvre de stratégies pour assurer la résilience des populations face à la sécurité alimentaire. Sans s’y limiter et pour ne pas se lancer dans le listing des initiatives, il faut néanmoins reconnaître que divers partenaires au développement sont intervenus au Bénin dans l’objectif de soutenir l’Etat et les populations à travers des projets ponctuels. Il est opportun de réfléchir à des approches pouvant permettre de faire davantage face aux disruptions observées.

Comment rendre résilient l’agriculture béninoise dans cette crise ?

Les artisans agricoles béninois, ces braves paysans, comme on les désigne familièrement, sont encore, une fois de plus, sollicités pour rendre le peuple béninois fier en ces temps difficiles de presque cessation des échanges planétaires, donc de disponibilités relatives des produits importés qui jonchent la plupart du temps le panier de la ménagère béninoise. L’urgence est donc là. Il faudra alors ne plus compter sur les stocks préétablis pour les moments de pénuries en vue des ventes meilleures. Dès lors, il est plutôt question pour l’agriculteur, de pouvoir faire le choix délibéré de déstocker pour aujourd’hui survivre tout en renouant avec la production, celle qui bien sûr serait possible selon les caractéristiques pédoclimatiques du moment.

Le corona virus aura donc sonné le glas de la nécessité de la prise de conscience de l’autosuffisance alimentaire. Produire pour aujourd’hui mais également pour demain ; le Bénin a dorénavant dos au mur face à cet enjeu majeur. Il est évident que les actions futures à envisager sont celles qui assurent l’autonomisation des systèmes alimentaires car la pandémie a révélé les insuffisances de la dépendance. Nous pensons qu’il est opportun d’inciter et conforter le développement d’une certaine économie manufacturière locale.

La morosité des activités portuaires battant son plein en ces temps, la flambée des prix des produits tant d’importation que locaux ne s’est donc point fait attendre. Comme le prévoit d’ailleurs la théorie économique, il n’a pas fallu longtemps pour que s’observent des comportements de substitution de nombre de biens. La compétence locale s’est donc naturellement fait inviter. Elle revenait d’ailleurs de loin. Certes, elle était présente mais enfoui dans un paisible sommeil forcé dû aux échecs répétés subis lors de ses successives tentations de participation au marché local.

En réalité, plus d’un avaient déjà perdu la bataille du marché tant que l’offre extérieure était si intense avec des coups de cession de plus en plus bas tandis que nombre de celles locales, malgré tous leurs efforts continuaient à déverser sur le marché des produits qui de plus en plus semblaient prendre de la valeur financière aux yeux du Price-Taker que représentait tout consommateur, qu’il soit béninois ou non. La Covid-19, vient de donner la voix à des orateurs sans voix. L’opportunité était là quoique bien déguisée en défi. Car plus que jamais l’industrie béninoise pouvait se dresser et vigoureusement faire face à cette crise en apportant de ses solutions manufacturées pour le bonheur et la fierté du consommateur béninois.

Par ailleurs, les défis du stockage et de la gestion des produits vivriers sont devenus cruciaux dès lors que le temps ne semble point jouer en la faveur de qui que ce soit dans ce combat planétaire contre la Covid-19. En effet, au Bénin, le secteur primaire représente 28,1% du PIB, le secteur secondaire 14,6% dont 6% pour les industries agroalimentaires et 4,4% pour le BTP, et le secteur tertiaire 48,8% du PIB dont 13% pour le commerce et 9% pour le transport.

Les exportations (450 Mds XOF en 2018 hors réexportations) sont très concentrées sur trois catégories de produits à savoir le coton fibre (55% des exportations du pays), la noix de cajou (15,5% des exportations) et les oléagineux (4,5% des exportations). Notons que ces divers secteurs ont été impactés par la crise et les différentes actions ont permis de faciliter le vécu des populations. Il est besoin dès lors de maintenir la dynamique sociale de soutien aux populations et de se projeter continuellement. C’est de cette manière qu’on peut en permanence se remettre en question, revoir nos options, tout en s’inscrivant dans une dynamique programmatique sur les questions liées à la sécurité alimentaire. C’est le moment, plus que jamais, de miser sur les synergies entre les acteurs de divers ordres pour ensemble tenir la riposte face à la pandémie révélatrice de nos insuffisances multiples.

Par José Herbert Ahodode, Agronome socio-économiste, Youth in Soil.

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Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi

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Face au Covid-19 : comment dynamiser les chaines de production d’aliments de base ?

Cet article nous amène dans une réflexion sur comment dynamiser les chaines de production d’aliment de base. L’auteur de ce texte est Rachidi Idrissou ; il est ingénieur agronome, consultant en développement des filières agricoles. Il capitalise plusieurs années d’expériences en collecte et analyse de données socio-économiques en milieu rural. Au quotidien, il accompagne les organisations et entrepreneurs dans l’élaboration de business plan, dans la conception et la gestion de projet. A la fin de cet article, je vous laisserai ses contacts pour de futures collaborations. Mais avant de partir, n’oubliez pas de vous abonner au blog !

Les défis liés à la crise sanitaire en Afrique subsaharienne

 

La pandémie du Corona virus provoque une crise sanitaire et un ralentissement économique mondial sans précédent. En Afrique subsaharienne, la découverte des premiers cas de contamination a engendré, au sein de nos Etats, la prise de décision drastique qui ne prenait pas forcement en compte les réalités spécifiques de chaque pays. Parmi ces différentes décisions, il y a la fermeture des frontières, le confinement partiel ou total et l’Etat d’urgence bloquant les activités entre pays des différentes sous régions africaines.

Ces différentes mesures ont des impacts sur des petites et moyennes entreprises menaçant le développement économique à long terme et le bien-être social des populations, surtout celles plus vulnérables. Cette situation ne laisse pas le secteur agricole indifférent : les producteurs, les commerçants et les transformateurs de produits agricoles ont vu leurs chiffres d’affaires baisser durant ces derniers mois. Ces derniers peinent justement à trouver des stratégies adéquates pour gérer et s’adapter à cette situation de crise.

Au Bénin, le secteur agricole occupe environ 70 % de la population active – surtout en milieu rural – et contribue pour environ 30% du PIB. Ce secteur est donc un moteur clé du développement de l’économie béninoise. Néanmoins les acteurs des chaînes de productions agricoles sont confrontés à des défis liés au financement de leurs activités, au manque d’informations et à l’accès au marché de leurs produits.

Pour résoudre ces problèmes, plusieurs interventions venant des politiques agricoles des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, des partenaires techniques et financiers auprès des producteurs ont été considérables et les acquis ont contribué à améliorer un temps soit peu les conditions des producteurs agricoles.
Toutefois il reste assez d’effort à faire car la crise sanitaire actuelle nous montre bien de limites et de défaillances dans le système d’approvisionnement et de commercialisation des produits agricoles. Le plus criard est que l’agriculture – au niveau local – peine à satisfaire les besoins alimentaires des populations. Plusieurs institutions internationales telles que la FAO, le PAM et diverses ONG intervenant dans le domaine de l’agriculture et la sécurité alimentaire redoutent pour les pays de l’Afrique subsaharienne une crise alimentaire.

Il est évident que cette crise sanitaire – liée au Covid-19 – pourrait provoquer (provoque déjà) l’augmentation des prix des produits alimentaires en raison du fait que la plupart des pays africains sont fortement dépendants des marchés alimentaires mondiaux. Dans ces conditions, les populations les plus vulnérables risquent d’être en insécurité alimentaire et les poches de famine sont à redouter. Les statistiques actuels annonce un lendemain moins radieux pour le continent africain face à cette pandémie. C’est ainsi qu’il est plus qu’urgent de se lancer dans des réflexions collectives sur l’Afrique d’après Covid et de penser des actions utiles à partir d’approches réalistes pour panser les maux auxquels font face les populations – rurales en particulier.

La promotion des filières céréalières et tubercules comme solution à court terme

 

Les céréales et les tubercules sont des aliments les plus consommés en Afrique de l’Ouest. Elles se retrouvent dans les repas quotidiens des populations aussi bien rurales et urbaines sous diverses formes – farine fermentée traditionnelle servant à la préparation de bouillies, torréfiés sous formes semoules, grillés, farine pour la préparation de pâte et de galettes. Ces différents aliments contribuent à la sécurité alimentaire des populations.

L’un des défis de ces filières en cette période de crise sanitaire serait leur compétitivité dans le but de nourrir les populations des campagnes et des villes. Pour permettre à ces filières d’être plus compétitif, il est capital d’investir sur toute la chaine de valeur en commençant par la production, la transformation et le transport des produits des champs vers les transformateurs et consommateurs finaux.

La chaine de production : à ce niveau de la chaine de valeur, il serait intéressant de répondre aux divers problèmes rencontrés par les producteurs de culture vivrière surtout des zones rurales. En effet, ces problèmes prennent en compte les moyens de productions restés rudimentaires et les intrants quasi-inexistants pour une production à grande échelle (car les productions sont souvent destinées aux cultures de rente). L’accès aux informations est le premier pas vers la réussite d’une activité. Il faudra donc travailler à mettre au service des producteurs de culture vivrière (céréales et tubercules) des informations sur l’utilisation efficiente de la terre, les données climatiques et les technologies agricoles innovantes et faire suivre chaque exploitation agricole par des experts en agronomie.

Pour permettre à l’agriculture familiale de s’orienter plus vers le marché et les villes, il sera important d’inculquer aux producteurs la notion d’entreprise agricole, d’investissement et de recherche du profit ; cela permettra de limiter la pauvreté car en Afrique subsaharienne les productions sont d’abord mobilisées pour assurer les besoins des ménages et ne permettent pas (toujours) de réaliser les investissements nécessaires à l’amélioration des systèmes de production. Ce qui fait qu’en fin de compte, le secteur agricole se retrouve employeur de plus de personnes mais ne produit qu’à peine 5% des disponibilités alimentaires mondiales et peine donc à nourrir les populations.

La chaine de transformation : cette partie de la chaine est de plus en plus exploitée en Afrique subsaharienne ; ce qui n’était pas le cas dans les décennies passées. De plus en plus de jeunes s’investissent dans la transformation agroalimentaire de céréales et de tubercules. Cette politique de transformation locale de produits permettra de faciliter l’accès des agriculteurs des campagnes au marché des villes, de créer une économie locale inclusive et réduire le nombre de populations vulnérables à la faim et à la pauvreté. Car plus les transactions commerciales des produits agricoles seront dynamiques, plus les revenus des producteurs augmenteront et bénéficieront à toute la communauté des campagnes et des villes.

Pour faciliter cette transition, il est opportun de miser sur les actions qui allègent les peines des populations dans le transport des produits agricoles des champs vers les villes, à travers le reprofilage des kilomètres de route et la réduction des tracasseries policières routières. Une économie dynamique et un accès des populations des villes et des campagnes aux denrées alimentaires de base seront des solutions et des réponses à la crise sanitaire liée au Covid-19 en Afrique de l’Ouest.

La chaine de consommation : Pour encourager les producteurs et petites entreprises de transformation agroalimentaire, il est important que les populations africaines consomment et achètent les produits locaux. La consommation locale devrait cesser d’être « un slogan récité par tout le monde mais appliqué par personne » pour devenir cet exutoire qui promeut la production locale en misant sur les produits du terroir.

Il est donc de notre responsabilité collective de travailler afin que nos politiques de consommation alimentaire priorisent et choisissent les produits agricoles et agroalimentaires locaux d’abord sur tous les marchés, les cérémonies publiques ou privées avant les produits importés. Le développement n’est pas de la magie, c’est une construction logique. Ce n’est qu’en posant les bons pas que les entreprises agroalimentaires et exploitations agricoles pourront prospérer et être plus compétitives sur le marché national comme les autres produits céréaliers tels que le riz chinois, thaïlandais et le blé importés.

Ecrit par Rachidi Idrissou, Ingénieur Agronome, spécialiste des questions agricoles.
Mail : rachidi.idrissou89@gmail.com / Contact : +229 66 84 30 95.

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Audace d'entreprendre
L’Audace d’Entreprendre : Contribution de Lawani Adjaratou

José Herbert Ahodode

L’ouvrage « L’Audace d’Entreprendre : Une jeunesse en Action » mène des réflexions sur les défis de l’entrepreneuriat dans le contexte africain et propose des approches réalistes pour y faire face. On y découvre également le parcours d’entrepreneurs de divers domaines – ce sont des exemples concrets et inspirants pour les jeunes. L’ouvrage est préfacé par l’entrepreneur et consultant Ibrahima Théo Lam, et le coach Marcellin Gandonou est intervenu pour le texte avant-propos à l’endroit du lecteur.

Les entrepreneurs ayant contribué à cet ouvrage sont : Epiphane Senou, Adjaratou Lawani, Sessi Hounkanrin, Odile Gnonwin, Eulodie Hodonou, Caludia Togbe, Natacha Agbahoungba, Moustakimou Sadji, Riva Bonkoungou et Ada Y. Bocoum. L’Auteur, par ce canal, les remercie à nouveau pour le temps et les sacrifices. Plus bas, vous découvrirez les options pour avoir cet ouvrage.

A travers cette tribune, nous partageons avec vous la contribution de Lawani Adjaratou @AdjaratouLawani Cliquez pour tweeter

Adjaratou LAWANI est une femme forte et passionnée par le développement du potentiel. Conférencière internationale, Mentor, Motivatrice transformationnelle et auteur, elle accompagne ceux qui désirent reprendre le contrôle de leur vie en renforçant leur confiance en eux. Issue de la diaspora, elle est rentrée au Bénin, son pays d’origine, pour donner de son incroyable énergie à la jeunesse et surtout à la femme, car elle croit fortement à un monde meilleur par une contribution indélébile de la femme.

Sa propension à vouloir à tout prix que son entourage se porte bien et profite de tous les instants de bonheurs l’a conduite par la force des choses  au développement personnel et à la motivation. Le fait d’avoir traversé des moments assez difficiles dans sa vie personnelle et d’avoir toujours su comment se relever après de nombreux échecs l’a forgé en une femme extrêmement à l’écoute des besoins des personnes qui croisent son chemin à travers l’intelligence émotionnelle, la pensée positive et la confiance en soi. Amoureuse de son continent, l’Afrique, son objectif est de participer au grand réveil de celui-ci, en motivant, en inspirant ses paires pour leur dire que sur leur terre nourricière, il est permis de rêver grand et de travailler dur pour obtenir la réussite et le succès.

Dans cette tribune, Adjaratou Lawani ouvre son cœur et nous parle !

C’est un plaisir pour moi de contribuer à la transmission de connaissances utiles aux jeunes. Nous avons pendant longtemps téléchargé le logiciel des ainés qui laissaient entendre qu’il valait mieux avoir un emploi sécurisé et le mieux était de l’avoir dans la fonction publique. Nombreux sont les jeunes qui rêvent encore aujourd’hui d’avoir une place de fonctionnaires. Je me demandais alors si la majorité veut devenir fonctionnaires alors qui créera la richesse, qui payera les impôts, qui créera des emplois pour la population de jeunes qui ne cesse de s’accroître dans tous nos pays ?

Dans mes réflexions, je me suis rendue compte que le mal venait souvent de là ! Regardez autour de vous, dans le paysage économique, quels sont les modèles de réussites d’entrepreneurs que nous connaissons ou tout simplement dont nous entendons parler, surtout des jeunes ? La réponse est très peu ou pas du tout.

Et là surgit l’épineuse problématique des défis de l’entrepreneuriat. En réalité, la famille, les professeurs, les livres, la télé, etc. ne nous parlent pas de parcours  d’entrepreneurs inspirants, motivants et qui nous ressemblent. En un mot la « Culture d’entreprendre » n’est pas ancrée dans nos habitudes. Plus encore les personnes courageuses qui se lancent dans cette aventure de l’entreprenariat doivent faire face à des difficultés parfois sans nom pour s’en sortir.

Rares sont les politiques mises en place par les pays pour favoriser l’émergence d’une génération d’entrepreneurs qui participeront au développement de l’Afrique. Au contraire, nous avons l’impression que nous ne sommes qu’une armée d’âmes destinées à  juste consommer ce que produisent les autres. La vérité, c’est que notre continent a besoin davantage de créateurs, d’entrepreneurs, de visionnaires mais surtout de leaders. Heureusement pour nous, des signes encourageants commencent à se voir un peu partout. C’est surtout la jeunesse elle-même qui, avec l’avènement d’internet, est plus au courant de ce qui se fait sous d’autres cieux et a décidé de se prendre en main pour changer sa destinée.

En portant mon regard sur les dynamiques d’appui à l’entrepreneuriat, j’ai la chance de faire des accompagnements avec de jeunes entrepreneurs. Il ressort que quelques mesures ont été mises en place par les organismes de l’Etat en charge de l’emploi des jeunes. Il y a des formations pour des renforcements de capacités, certains programmes existent aussi pour accompagner les jeunes dans des domaines désignés porteurs comme le numérique ou l’agrobusiness. La part de l’impôt à payer par les petites entreprises nouvellement crées a été revu à la baisse, au Bénin, passant de 400.000 FCFA à 150.000 FCFA aujourd’hui.

Beaucoup d’initiatives fleurissent pour accompagner les jeunes entrepreneurs, porteurs de projets. On pourrait citer le programme lancé sous le nom de Sèmè City. À travers Sèmè City, le Bénin souhaite former une nouvelle génération de talents et favoriser l’éclosion de nouveaux modèles de croissance inclusive et durable fondés sur l’« Innovation Made in Africa ».  L’enjeu est clair : répondre aux défis économiques du Bénin et plus globalement de l’Afrique, pour offrir des opportunités d’avenir à la jeunesse du continent.

Toujours en scrutant l’écosystème entrepreneurial, je remarque qu’il y a une pléthore d’initiatives privées qui naissent dans plusieurs pays pour appuyer les porteurs de projets. Cela passe les actions de certaines fondations dont celle promue par Tony Elumelu. La Fondation Tony Elumelu, la plus grande philanthropie africaine, est fondée sur le principe d’autonomisation des entrepreneurs africains. Il y a également des initiatives de récompenses aux entreprises innovantes et différentes plateformes – nouvelles générations – qui misent sur un accompagnement des aspirants à l’entrepreneuriat pour maximiser leur chance de réussite  (EtriLabs, par exemple, est un écosystème d’innovation et de formation qui œuvre pour l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs innovants).

Nul doute que toutes ces initiatives apportent des solutions aux jeunes porteurs de projets. Concernant les pistes d’amélioration, cela pourrait être salutaire pour les jeunes entreprises si des mesures fiscales plus avantageuses pouvaient être prises. On pourrait octroyer des crédits d’impôts pendant les 03 premières années, par exemple, les spécialistes disent que c’est la période la plus difficile pour une jeune entreprise.

Je me suis souvent posé la question de savoir « quel est le secret de la réussite en entrepreneuriat ? ». Il est toujours bien de scruter ce que les personnes qui sont déjà passées par ce stade en disent. Avant de se lancer dans l’aventure, il est opportun d’identifier avec certitude le besoin auquel vous pouvez apporter une réponse différente qui rendra la vie meilleure à la personne qui profitera de ce service.

Pour toutes les réussites, être quelqu’un de positif qui a confiance en lui est bon début. Il faut savoir être curieux, déterminé et surtout ne pas avoir peur des échecs. Les échecs sont des leçons à apprendre. Après, il est important de s’entourer de personnes compétentes et ne pas hésiter à faire des partenariats. Il faut rêver grand, travailler sans relâche et garder à l’esprit que tout ce qui a du prix demande beaucoup de temps pour s’accomplir. Si j’ai un seul appel à lancer à la jeunesse africaine, je dirai : « nous sommes sur un continent de tous les possibles, relevons nos manches et vivons tous «  notre rêve AFRICAIN ».

Retrouvez Adjaratou LAWANI sur LinkedIn et son site internet : https://adjaratoulawani.com

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L’Audace d’Entreprendre – Contribution de Riva Bonkoungou

José Herbert Ahodode

L’ouvrage « L’Audace d’Entreprendre : Une jeunesse en Action » mène des réflexions sur les défis de l’entrepreneuriat dans le contexte africain et propose des approches réalistes pour y faire face. On y découvre également le parcours d’entrepreneurs de divers domaines – ce sont des exemples concrets et inspirants pour les jeunes. L’ouvrage est préfacé par Ibrahima Théo Lam, et Marcellin Gandonou est intervenu pour l’avant-propos.

Les entrepreneurs ayant contribué à cet ouvrage sont : Epiphane Senou, Adjaratou Lawani, Sessi Hounkanrin, Odile Gnonwin, Eulodie Hodonou, Caludia Togbe, Natacha Agbahoungba, Paula Gnancadja, Moustakimou Sadji, Riva Bonkoungou et Ada Bocoum.

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Chers lecteurs, c’est un plaisir pour moi de partager mon expérience avec vous. J’espère vivement que ma contribution à cet ouvrage de José Herbert AHODODE pourra véritablement apporter un plus aux aspirants entrepreneurs du continent. Je suis Riva Anselme BONKOUNGOU, Consultant International.

Né en 1984 en République de Côte d’Ivoire, je suis rentré au Burkina Faso en 2005 le BAC-D en poche pour intégrer l’Université de Ouagadougou. Je suis Directeur Général  de  Group Pareida International-Sarl, un bureau d’études socio-économiques installé au Burkina Faso et intervenant dans presque toute la sous-région. Je suis diplômé en droit des affaires de l’Université de Ouagadougou au Burkina Faso, nanti d’un diplôme de la fiscalité des entreprises  dans un centre d’études supérieures.

Je suis également diplômé de droit des activités minières et énergétiques de l’Institut des Matières Premières de Douala/Cameroun. J’ai aussi achevé un cursus de Master en Gestion des Collectivités Territoriales et Développement Local à IFOAD/UO2/AUF.

Group Pareida International est une structure panafricaine consacrée au Développement des communautés. Avec un capital d’un million de francs CFA, les prestations offertes sont notamment l’appui conseil, les audits et les enquêtes, le montage-planification-suivi-évaluation et la capitalisation de projets de développement, l’intermédiation et le plaidoyer social, la formation et le coaching des entreprises.

L’expérience des animateurs, la détermination, l’esprit d’ouverture et de partage font du cabinet une référence dans les zones d’interventions et garantissent des succès…
En 2018, nous avons également mis sur pied avec des associés une société de distribution et de réalisation dénommée King Cash Corporation-Sarl. Elle se spécialise en matière de BTP (Bâtiments, Travaux Publics), finition des constructions, aménagements hydro-agricoles, assainissement, fourniture des équipements marchands et la distribution des produits alimentaires.

Nous nous entourons de multiples consultants, d’experts et de spécialistes de divers domaines et de tout pays. Nous les fidélisons en formant un vaste réseau avec eux. Ce sont des docteurs et des doctorants, des titulaires de master ou de maîtrise, des ingénieurs de recherches et des techniciens terrains qualifiés, etc. Ce sont également des sociologues, des socio-économistes, aménagistes, spécialistes en populations, en santé-éducation, économistes du développement, planificateurs, des spécialistes en suivi & évaluation, en statistique et économétrie, en élaboration de stratégie communale, etc.   Entre rigueur, compétences et anticipation, nous mettons en œuvre divers outils participatifs, un impératif pour assurer de bons résultats.

Sur le plan associatif, je suis membre de la Jeune Chambre Internationale (JCI), du Cadre d’Action des Juristes de l’Environnement (CAJE),  et j’ai présidé pour 2018/2019 le Lions Club International Ouagadougou Zoodo et l’association Afrik Action. Pour le démarrage de mes activités, je suis rentré dans les affaires, en 2010, juste après mon premier diplôme universitaire. Mais deux années plus tard, j’ai intégré la plus grande société de BTP (Bâtiments et Travaux Publics) d’Afrique de l’ouest en qualité de Chargé du service juridique.

En 2014, j’ai quitté cette société pour me relancer dans les affaires et donner plus de temps aux services d’études et de formations avec la création de la société Group Pareida International qui est une SARL. Ce qui a constitué le déclic serait bien, entre autres, le besoin croissant de l’expertise terrain par le marché des affaires et l’envie de fournir un savoir-faire à plusieurs personnes à la fois, la recherche effrénée de l’indépendance ou de l’autonomie dans ses décisions et actions.

Dès le départ, j’ai su que mon idée d’entreprise était ce à quoi j’aspirais. Etre consultant est une excellente idée, et par la suite j’ai compris que disposer d’une structure est encore meilleur qu’être consultant individuel. Il ne restait qu’à choisir le domaine de prédilection au regard des expériences, connaissances, savoir-faire, et qualifications. Nous avions envie d’être créateur de valeurs, faire travailler notre argent pour nous et ne plus jamais travailler pour de l’argent. Notre idée était bonne au regard des potentiels clients, des médias, de notre entourage. Nous l’avions su après une petite enquête terrain auprès des éventuels bénéficiaires.

Il faut dire qu’au Burkina-Faso, l’environnement institutionnel accompagne les entrepreneurs mais l’accompagnement n’est pas, à mon avis, efficace. Le Burkina Faso ne dispose pas encore de règlementations contraignantes en matière d’accompagnement, de  promotion et valorisation des jeunes entrepreneurs. Celles existantes sont d’ordre général et la charte des PME (Petites et Moyennes Entreprises) demandée depuis 2016 ne répond pas encore aux préoccupations des jeunes entrepreneurs. Les institutions étatiques comme l’AFP/PME, la Maison de l’entreprise, ne peuvent pas encore dresser un bilan satisfaisant de leurs plans d’action annuels.

Dans la réalisation des activités du Group Pareida International, en termes de difficultés, il faut noter que le financement et la promotion des PME sont de véritables enjeux pour les jeunes créateurs de valeurs. L’accès est difficile aux marchés publics en raison du fait que même les plus grandes sociétés captent les marchés d’importance mineure. Aussi faut-il noter la lourdeur des taxes et impôts ainsi que les difficultés de management et de prospection qui demeurent des préoccupations majeures dans l’exercice de nos activités.

Entre les discours politiques et les réalités des services à compétences d’accompagner la dynamique entrepreneuriale, le fossé est large. Le volet capital humain n’est pas encore bien mis en œuvre au Burkina Faso.  La formation et l’accompagnement font également défaut. Il n’y a pas vraiment d’espaces adaptés pour les jeunes entrepreneurs. Les foires, les colloques, les séminaires, les différents événements socioéconomiques sont légions pour la valorisation des savoir-faire des entrepreneurs mais le problème d’accessibilité à ces rencontres subsiste.

En effet, les coûts de participation ne sont pas toujours à portée. Comment faire ? Il faut un ministère plein en charge des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Les ministères en charge du commerce ou de la jeunesse ou encore des finances, se revendiquent un soutien aux PME, et c’est là toute l’amalgame. Il faudra mieux travailler pour faciliter l’accès aux financements des PME.

Il est vrai que directement, ce n’est pas l’argent qui crée les entreprises. Le capital humain est le plus important pour créer, germer et faire grandir une entreprise. L’argent vient pour faciliter la réalisation du projet de création et de fonctionnement. Le relationnel et la chance sont également des facteurs clés de réussite. Ce qui explique, d’ailleurs, notre idée de synergies et de partages avec des compétences d’horizons divers pour renforcer les prestations du Group Pareida International.

En réalité, le système entrepreneurial dans le contexte burkinabé n’est pas mal. Mais c’est plutôt les acteurs d’accompagnement qui peinent à trouver l’efficacité et l’efficience dans leurs actions et manières de faire. La jeunesse est motivée avec plus d’ambitions et d’énergies qu’avant. Mais elle se bute face à la carence d’une règlementation adaptée. L’écosystème entrepreneurial au Burkina est marqué par l’absence de repères et d’un avenir radieux. On crée une entreprise pour apporter une solution à une préoccupation existante. Mais dans la pratique, beaucoup de créateurs deviennent des problèmes eux-mêmes. Pas d’encadrement, pas d’appui, pas d’accompagnement ! Un dilemme pour le créateur…

Beaucoup de jeunes, aussi, n’attendent pas d’avoir plus de compétences avant de se lancer dans la dynamique entrepreneuriale. L’absence de qualifications, la faible ambition, l’absence de vision ou de projection dans le temps constituent des obstacles. On veut tout, tout de suite et maintenant. L’un des plus grands défauts est également l’absence de synergies d’actions. Très peu de jeunes acceptent faire fi de leurs égos et de leurs intérêts personnels pour se lancer ensemble dans la réalisation d’un projet commun. En plus, notre impression est que beaucoup de jeunes diplômés veulent « vivre » avec les premiers fruits de l’entreprise. C’est un chemin sûr vers l’échec…

Beaucoup de choses restent à faire et en supposant que je sois Ministre chargé de la promotion de l’emploi, des Petites et Moyennes  Entreprises (PME), à ce niveau de responsabilité, mon action irait dans le sens de plaider auprès de mes pairs pour l’instauration des modules d’entrepreneuriat dans les établissements d’enseignement. Il urge de disposer d’un répertoire  fiable des entreprises nouvellement créées ;  faciliter l’accès au financement des PME à travers une convention limpide avec les banques et établissements financiers. Si l’on prend une nouvelle entreprise qui obtient un marché de 50 millions FCFA pour 3% de droits d’enregistrement sans possibilité de crédits, que fera-t-elle ? Donc, il y a un réel travail à faire dans la dynamique de faciliter l’accès au financement des jeunes entreprises.

Dans la même logique, s’il me faut conseiller un jeune qui aspire aujourd’hui au démarrage de son entreprise, au regard de mon expérience, je lui dirai de travailler en synergie d’actions, il faut s’associer d’autres pour mutualiser les compétences. Cela donne plus de force et de moyens pour réussir. Il faut également choisir un domaine nouveau ou tenter une innovation dans un domaine saturé ; s’assurer de sa qualification nécessaire au domaine identifié. Il est primordial de toujours élargir son réseau professionnel et ne jamais négliger personne. Une activité partielle de soutènement (soutien) est aussi nécessaire au démarrage (avant les premiers profits).

Pour finir ma note, je voudrais remercier l’auteur/l’initiateur pour l’opportunité offerte de m’exprimer à travers cette tribune. Il faut dire qu’il est nécessaire, lorsqu’on se lance dans les affaires, de savoir faire le meilleur choix. On ne doit plus s’attarder sur les doutes et les faiblesses. Il faut vite aller vers les solutions. Il faut toujours se dire que quelque part on a besoin de vos services et que chaque jour, il y aura au moins une personne qui a envie de vous confier une affaire. Notre sort se joue entre nos propres mains par nous-mêmes ; nous sommes donc responsables de notre destinée.

Pour accomplir de grandes choses, il ne suffit pas d’avoir des connaissances et du capital, mais aussi et surtout, il faut avoir la détermination et la persévérance nécessaires pour affronter les difficultés de parcours. Quand vous êtes tout épuisé, essoufflé, envahi par le découragement, prêt à abandonner, tout devient très noir. Quand vous croyez que tout est fini pour vous, que rien ne peut être fait encore, eh bien, vous êtes proche de la victoire. « N’abandonnez jamais, jamais, jamais ».

Et à toute la jeunesse africaine, je voudrais dire qu’il y a deux choix possibles pour créer son chemin (entrepreneur ou salarié). Il faut donc choisir entre devenir créateur de valeur, pouvoir planifier sa vie pour mieux se reposer demain ou travailler pour son « boss » et attendre qu’il vous paie (chaque mois) et décide donc de votre lendemain.

Riva Anselme BONKOUNGOU – Tél (Whatsapp) : +226 701 263 56 / +226 784 607 7

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Atelier virtuel de restitution de la Conférence internationale Countdown 2030, 2063 and Beyond à Cotonou – Bénin

En décembre 2019, plus de cent (100) jeunes venus de quatre continents se sont réunis à Cologne en Allemagne pendant cinq jours afin de discuter de leurs priorités en ce qui concerne les Agendas 2030 et 2063. Sous l’impulsion de Bridge-It, une ONG allemande, soutenue par l’Initiative Germano-Africaine pour la Jeunesse (AGYI) de la GIZ, cette conférence dénommée « Countdown 2030, 2063 & Beyond » a été organisée par les jeunes et pour les jeunes, avec l’encadrement d’une équipe sénior.

L’Initiative Germano-Africaine pour la Jeunesse (AGYI) est une initiative multilatérale du gouvernement allemand et de la Commission de l’Union africaine visant à renforcer les échanges et la mobilité entre les pays africains et l’Allemagne dans le contexte de l’éducation pour le développement durable. Lors de cette conférence, les jeunes ont croisé leurs perspectives sur les deux agendas et ont fait part de leurs aspirations. Les travaux en atelier ont aussi permis de faire le point des actions dans le monde pour l’atteinte de ces deux agendas ainsi que les astuces pour amener les gouvernants à respecter leurs engagements surtout en ce qui concerne le développement durable et l’éducation.

Forte de cette expérience, l’équipe francophone d’organisation du Countdown 2030 (quatre Béninois, une Burkinabé et un Camerounais), le Réseau AGYI Bénin, le RAVIES Bénin, avec l’appui de la GIZ-AGYI ont décidé d’organiser un Atelier de restitution des travaux de la conférence aux Alumni résidant au Bénin ainsi qu’aux organisations de la société civile travaillant dans le domaine des échanges de jeunes et le volontariat.
Prévu pour se dérouler de façon physique, l’atelier a été réalisé sous un format virtuel à cause de la situation sanitaire mondiale due au COVID-19 et le respect des mesures de de sécurité et d’hygiène prises par le gouvernement béninois.

L’atelier a réuni 25 acteurs de la société civile béninoise venant de toute l’étendue du territoire national, et intervenant dans le domaine des échange de jeunes et de volontariat. Cet atelier visait à faire la restitution de la conférence Countdown 2030, discuter des opportunités qu’offrent les recommandations de la conférence aux alumni et développer une feuille de route d’activités à mener au Bénin.

Le présent article fait la synthèse du rapport de l’atelier de restitution et fait le point de son déroulement.

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Elections Présidentielles 2021 au Bénin : Patrice Talon n’aura pas fort à faire – Expédit Ologou

Au Bénin, les candidatures à la présidentielle de 2021 montrent que le Chef de l’État n’aura pas fort à faire », entretien avec Expédit Ologou, Président de Civic Academy for Africa’s Future.

Présidentielle au Bénin : les pro-Talon espèrent « un coup K.-O. » – Jeune Afrique

Le Think tank Civic Academy for Africa’s Future a publié une analyse de la situation socio-politique de l’Afrique de l’Ouest qui classe le Bénin dans une zone « orange ». Entretien avec Expedit Ologou, Président du Ciaaf think tank.

Wathi est un think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest. Dans cet entretien, WATHI est allé à la rencontre d’Expédit Ologou, président de Civic Academy for Africa’s Future au Bénin. Dans cet entretien, il revient sur les enjeux de l’élection présidentielle de 2021 et l’absence de figures politiques de haute portée morale ayant autrefois permis aux acteurs de retrouver le chemin d’un dialogue efficient.

Elections Présidentielles 2021 au Bénin : Patrice Talon n’aura pas fort à faire – Expédit Ologou Cliquez pour tweeter

Flèche vers le bas

Comment jugez-vous l’état de la démocratie béninoise 5 ans après la victoire de Patrice Talon, président sortant ?

 

Je ne suis pas sûr qu’on soit dans le chaos mais nous posons chaque jour au Bénin, des actes qui nous rapprochent un peu plus du chaos. Il faut avoir le courage de le dire. Toutes les fois que nous posons des actes de diffraction sociale, chaque jour que les dissensions se multiplient, les frustrations s’accumulent sur presque tous les registres, bien évidemment, on fait un pas supplémentaire vers le chaos.

La vérité est que personne ne sait quand le chaos peut arriver. Il y a que, de plus en plus, la liberté d’être élu et celle de choisir librement ses dirigeants sont remises en cause par les règles fixées. Et l’argument de la légalité pour tout justifier est fragile et périlleux.

Ce qui justifie l’éternel recommencement, c’est qu’on a de plus en plus, des personnalités politiques qui prennent de moins en moins de la hauteur. On a beaucoup plus des acteurs, des joueurs, des agents politiques, des comédiens politiciens que des hommes d’Etat. Nous avons de moins en moins des personnalités politiques de hauteur morale, de hauteur de vue, de hauteur d’esprit qui permettent de gérer avec bienséance la société. La pudeur politique et surtout la pudeur d’Etat manquent cruellement désormais au Bénin. C’est pour cela qu’on a l’impression que le Bénin s’effondre, au moins démocratiquement et socialement, à petits feux…

Nous sommes dans un pays où les restrictions au niveau du droit d’être élu sont un terreau fertile aux éventuelles tensions socio-politiques qui enveniment le processus électoral en cours. Or, nous sommes dans un contexte, où les deux dernières élections ont déjà produit par elles-mêmes, des crises importantes : les législatives de 2019 eles communales de 2020.

Vous avez deux années de crise et de violences électorales qui n’ont pas été totalement résorbées, à l’issue desquelles des éléments de crise politique se sont ajoutés sans être non plus résorbés. Et nous voici dans la troisième année électorale, poursuivis par ces problèmes non réglés. Dès lors, vous ne pouvez pas ne pas constater, que nous sommes dans une situation critique même si elle n’est pas, je ne pense pas, encore chaotique. Mais à condition que les acteurs et la société trouvent les meilleurs moyens de l’éviter.

Vous déclariez en 2020 « l’opposition semble perdue. Le chef de l’État a un boulevard pour la présidentielle ». Votre opinion a-t-elle changé aujourd’hui  ?

 

Mon opinion n’a pas changé. Les faits ont plutôt confirmé ce que je disais. Les communales de mai 2020 ont tracé la voie, un boulevard au président de la République pour que l’élection présidentielle se déroule comme une sorte de formalité pour lui. Les candidatures qui se dégagent montrent que le chef de l’Etat n’aura pas fort à faire. La vérité, c’est qu’on sent que le président sortant veut vite en finir avec ce qu’il donne l’impression de considérer comme une formalité électorale et passer à autre chose.

Quand on analyse un peu le contexte, tout semble déjà plié parce que tout semble avoir été fait pour qu’il n’y ait pas de véritable challenger en face du président sortant. Les candidats opposés au Chef de l’État sortant ont été, me semble-t-il, suscités et « fabriqués » à cette fin.

En quoi l’introduction du système des parrainages a-t-elle modifié le jeu électoral ?

 

La question du parrainage change tout dans la mesure où 95% des parrains, pour ne pas dire la totalité, viennent du camp de la majorité au pouvoir. On perçoit que pour le régime en place, donner le parrainage aux opposants, c’est donner la corde à l’adversaire voir à l’ennemi politique pour qu’il nous pende.

Le président sortant n’a voulu prendre aucun risque. Vu l’état du pays, si de véritables candidats de l’opposition sont dans la course, l’issue du scrutin sera loin d’être gagnée pour le Président Talon. La FCBE est un parti « Chauve-souris ». Je l’ai dit aux lendemains des communales de 2020. Les faits ne me démentent pas. La FCBE, me semble-t-il, est un parti qui dort dans le lit de la majorité et se couvre du drap de l’opposition.

L’offre politique est l’une des plus grandes absentes de l’élection présidentielle de 2021.

Quant au second duo issu des dissidents du parti « Les démocrates » Corentin Kohoué-Iréné Agossa, c’est à peu près le syndrome FCBE – nouvelle formule, c’est-à-dire qu’on sent qu’il y a une main invisible qui a travaillé à miner le parti, pour en sortir un duo, qui n’est pas celui désigné par le parti lui-même. Le chef de l’État a martelé lors de sa tournée nationale que le parti « Les démocrates » aura le parrainage. On voit bien maintenant la stratégie qui sous-tendait cette affirmation.

Qu’est ce qui se joue finalement dans cette élection ? Quel est selon vous l’enjeu de ce scrutin présidentiel à venir ?

 

Vous constaterez avec moi, qu’il n’y pas toujours d’offre politique. L’offre politique est l’une des plus grandes absentes de l’élection présidentielle de 2021. Oui, comme par le passé, il n’y a pas d’offre politique, c’est devenu normal au Bénin. Il faut déjà commencer par se demander s’il y a effectivement des différences d’idéologie entre les différents partis qui ont existé dans le pays ou qui existent encore malgré les réformes du système partisan.

Donc, de façon traditionnelle, l’offre politique n’a presque jamais joué un rôle important dans l’élection présidentielle au Bénin. S’il y a un débat, c’est autour de la question « peut-on se développer avec ou sans la démocratie » ? L’offre se situe au niveau du positionnement de chacun des prétendants par rapport à cette question. C’est tout. Mais ce n’est pas rien, c’est même aujourd’hui la cause principale de la situation critique du pays.

De façon traditionnelle, l’offre politique n’a presque jamais joué un rôle important dans l’élection présidentielle au Bénin.

Mais au-delà de cette question, il n’y a pas grand-chose. Et il n’y en aura pas. Du moins, il n’y aura que les propositions du président sortant qui ne pourront ni être contredites ni mises en perspective, justement parce qu’en face il n’y a que « des candidats de formalité ».

Votre centre de recherche, Civic Academy for Africa’s Future a fait un travail récemment intitulé « Turbulences électorales ouest-africaines 2020-2021 ». Pour le cas du Bénin précisément quelle analyse a été faite ?

 

 Le Bénin est dans une situation précaire. Le Bénin est dans une zone « orange ». Situation orange parce que les signaux de la stabilité socio-politique ne sont pas rassurants. Ces signaux ne sont pas rassurants si on s’en tient aux élections législatives de 2019, et si on s’en tient aux conditions dans lesquelles les élections communales se sont tenues avec une loi qui a été prise, pendant le processus électoral pour remettre en cause, même certains principes déjà appliqués au cours du processus électoral.

Vous avez une série de faits, d’événements qui mettent un peu à mal la cohésion sociale. Aux problèmes politiques non réglés, s’ajoutent des préoccupations d’ordre socio-économique qui persistent. Dans les confins de la société béninoise, les conditions de vie des citoyens se précarisent, l’indigence est perceptible en dépit des chiffres macro-économiques qui annoncent le meilleur Bénin jamais connu…

Le Bénin est dans une zone « orange »

Et puis, il y a ce sentiment qui ne faiblit pas au fil des ans, selon lequel il y a une catégorie d’acteurs économico-politiques privilégiés qui ont accès à peu près à tout au détriment de tout le reste de la société. Regardez le panier de frustrations : frustrations économiques, frustrations sociales, frustrations politiques et frustrations électorales répétées.

Un pays qui était considéré comme étant en dehors de tout cela et qui fait converger en un moment assez relativement court, en deux ans, avec des frustrations produisant des violences, elles-mêmes produisant des morts…  un pays comme celui-là, ne peut pas être considéré comme un pays qui est au vert.  Le déroulement du processus de la présidentielle de 2021 donne des signes objectifs qu’on est plus proche du rouge que du vert.

Dans ces conditions, quelles sont vos propositions ?

 

Rien que les protagonistes ne sachent… Tout ou presque a été proposé depuis les législatives de 2019 aux acteurs en présence, notamment les gouvernants qui sont aux responsabilités, le Chef de l’Etat en premier. Toutes les propositions, d’où qu’elles viennent, s’orientent vers un dialogue qui permette une élection inclusive.

Une chose est certaine, il y a de moins en moins dans notre pays, des personnalités de référence, de déférence et de révérence auxquelles on peut se référer, auxquelles on peut déférer et pour lesquelles on a de la révérence et qui peuvent avoir le poids moral, légitime qu’il faut pour créer ce type de dialogue.

Mais elles semblent être tombées dans des oreilles de sourds. Conséquence : la situation politique du pays ne va pas en s’améliorant… Au contraire. Les sociétés qui ont fait de l’instabilité sociopolitique la colonne vertébrale de leurs trajectoires ont souvent eu quelques péchés majeurs : l’aveuglement, l’arrogance voire l’insouciance des gouvernants ; l’instrumentalisation ténébreuse du droit et des institutions républicaines ; la fragilisation systématique des espaces démocratiques. Ce sont les meilleures qualités en vogue actuellement au Bénin. Face à celles-ci, il ne reste rien à faire….

Peut-être, est-ce encore utile de rappeler à tue-tête le titre de l’une des récentes publications du CiAAF : ‘’ il n’est jamais trop tard pour la paix ’’. Maintenant, les questions de fond sont là : comment mène-t-on le dialogue pour la paix ? Qui sont les médiateurs de ce dialogue ? Dans quelles mesures et quels seraient les termes de ce dialogue politique ?

Une chose est certaine, il y a de moins en moins dans notre pays, des personnalités de référence, de déférence et de révérence auxquelles on peut se référer, auxquelles on peut déférer et pour lesquelles on a de la révérence et qui peuvent avoir le poids moral, légitime, qu’il faut pour créer ce type de dialogue. Ou du moins les personnalités qui le peuvent ne se sentent pas particulièrement concernées par la situation dégoûtante de la politique au Bénin. Et c’est aujourd’hui, l’un de nos handicaps.

Vous avez été un acteur des médias. Comment jugez-vous la situation des médias dans le contexte actuel ?

 

Les médias traditionnels notamment la radio, la télévision, la presse écrite sont de moins en moins des acteurs de la vie politique. Les médias au Bénin sont de plus en plus des agents de la vie politique, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de force propre, ils n’ont plus de capacité intrinsèque propre, ils sont instrumentalisés.
Peut-être n’en ont-ils jamais eue. Mais la carence semble plus perceptible aujourd’hui qu’hier. Les médias font ceci ou cela parce qu’une source les a activés dans tel ou tel sens. Ce que les médias feront de l’élection présidentielle de 2021, c’est ce que les politiques auront décidé qu’ils en fassent.

Les médias au Bénin sont de plus en plus des agents de la vie politique c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de force propre, ils n’ont plus de capacité intrinsèque propre, ils sont instrumentalisés.

Il y a quelques médias qui constituent une exception, la responsabilité des médias ne doit pas changer quels que soient les acteurs qui voudraient les mouvoir. La responsabilité déontologique des médias reste et demeure celle d’éviter d’être les vecteurs de la violence, de l’information tendant à remettre en cause la cohésion sociale. Quand les médias deviennent fragiles, un peu trop fragiles économiquement, politiquement et, du point de vue de la liberté, tout est possible avec eux.

Soyons honnêtes : On n’a pas l’impression que notre passé éclaire notre marche vers l’avenir. Or, Tocqueville disait sagement « Lorsque le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres » …. Pourvu que, et c’est ma prière,  les craintes de certains esprits observateurs critiques, comme moi, soient vaines. Le passé très récent du Bénin ne nous a pas donné tort… Pourvu que, cette fois-ci, nos craintes soient vaines.

Cet entretien a été premièrement publié sur le site Benin Politique dans le cadre de l’élection présidentielle du 11 avril 2021 mais aussi des dynamiques économiques, éducatives, sanitaires, sociales, culturelles, environnementales et à la valorisation de tous les départements du Bénin.

WATHI promeut en Afrique de l’Ouest et au-delà la construction de démocraties substantielles qui ne se réduisent pas aux élections et contribuent à l’amélioration du bien-être collectif. Le site Benin Politique s’inscrit dans lecadre du partenariat privilégié entre le think tank citoyen WATHI et la Fondation Konrad Adenauer.

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