fbpx
José Herbert Ahodode
Recherche pour :
Ministres du Bénin
Bénin : les ministres du Plan et du Développement de 1960 à nos jours

Le Ministère du Plan, très souvent chargé du Développement dans son assertion la plus large, est un ministère stratégique en République du Bénin. Il a souvent changé de dénomination en fonction des orientations des Présidents au pouvoir et des besoins structurels du moment. Il est apparu des moments dans l’histoire où ce portefeuille était occupé directement par le Président de la République. C’est vous dire toute son importance dans l’orientation des actions de Développement du Bénin.

Contrairement à l’imaginaire populaire, la genèse du Ministère du Plan, et d’autres départements, remonte à la période pré-indépendance. La colonie du Dahomey, au lendemain de la loi-cadre Defferre de 1956, devient autonome comme la plupart des territoires de l’Afrique d’expression française. Monsieur Sourou Migan APITHY, désigné Vice-président du Conseil de Gouvernement (l’équivalent de Premier Ministre), forme, le 27 mai 1957, le 1er Gouvernement de notre pays. Au rang des ministères composant la structure gouvernementale, figure un département dénommé Ministère du Plan et de l’Action Rurale dont il confie les rênes à Monsieur Joseph KLIKA, instituteur de formation.

Ainsi débute la longue et belle aventure du département ministériel communément appelé Ministère du Plan, qui connaîtra, de cette date à aujourd’hui, 35 différentes dénominations. De 1957 à 2021, il lui sera associé bien d’autres départements ministériels au nombre desquels figurent le développement rural, les finances, les affaires étrangères, les affaires intérieures et la sécurité, la défense nationale, la justice, l’information, le tourisme, l’emploi, l’économie et les finances.

Le Ministère en charge du Plan souvent tributaire de la coordination de l’action gouvernementale a été, dans l’histoire, érigé plusieurs fois en primature. Ces multiples changements de dénomination, liés aux valses de régimes politiques, à l’époque, n’ont rien ôté à la mission traditionnelle de ce Ministère qui est d’impulser et de piloter le développement économique et social, d’assurer la coordination, le suivi et l’évaluation des politiques publiques et, depuis peu, de veiller à la mise en œuvre des actions et décisions du Gouvernement.

En réalité, c’est un ministère chargé de la mise en œuvre et du suivi-évaluation de Ia politique de l’Etat ; il élabore les politiques et stratégies de développement permettant au Bénin de tirer un meilleur parti des défis du futur en matière de valorisation des potentialités nationales et d’anticipation des problèmes futurs.

Dans cet article, je vous amène à la découverte des Ministres du Plan et du Développement depuis les années d’indépendance jusqu’à nos jours. Cliquez pour tweeter

J’ai eu l’opportunité d’être reçu en décembre 2021 par l’actuel Ministre d’Etat chargé du Développement et de la Coordination de l’action Gouvernementale pour une audience inédite dans le cadre du Groupe Initiative Afrique

A l’entrée du Ministère, vous verrez le portrait photo de tous les Hommes qui ont occupé ce poste avant l’actuel Ministre Abdoulaye BIO TCHANE. Mais force est de constater qu’il n’existe sur internet aucune ressource ni d’articles qui donnent la liste des Ministres ayant eu en charge ce portefeuille stratégique de l’Etat.

C’est suite à ce constat que j’ai pris l’option de partager avec vous, chers lecteurs, ce pan de l’Histoire du Ministère du Développement du Dahomey à nos jours. Au total, il y a eu 29 Ministres à ce poste, assez stratégique pour le Développement.

Dans la suite de cet article, vous retrouverez dans le tableau, par ordre chronologique, les noms des ministres, les dénominations du poste, les dates d’occupation du poste. Bonne lecture à tous. Merci de commenter, de partager autour de vous.

NB : Pour une meilleure expérience de lecture, sur mobile, tournez l’écran de votre téléphone en horizontal. Vous verrez ainsi les trois colonnes du tableau de façon complète.

No Nom et Prénom Dénomination du poste Période au poste
01 Joseph KLIKA Ministre du Plan et de l’Action Rurale 28 mai 1957 –

18 février 1958

02 Jacques PLASSARD Ministre des Affaires Economiques et du Plan 18 février 1958 –

02 juillet 1958

03 Emile Derlin Zinsou Ministre de l’Economie et du Plan 02 juillet 1958 –

27 mai 1959

04 Georges GAVARRY Ministre de l’Economie et du Plan 27 mai 1959 –

02 novembre 1960

05 SOUROU Migan APITHY Ministre des Finances, des Affaires Economiques et du Plan, de l’Agriculture et de la Coopération 02 novembre 1960 –

14 décembre 1963

06 François APLOGAN DJIBODE Ministre des Finances, des Affaires Economiques et du Plan 14 décembre 1963 –

27 septembre 1965

07 Justin AHOMADEGBE – TOMETIN Président du Conseil, chargé du Plan, de la Défense Nationale, des Affaires intérieures, de la Sécurité et de l’Information 27 septembre 1965 –

1er décembre 1965

08 Tahirou CONGACOU Président de la République, chargé de la Défense, des Affaires intérieures, de la Sécurité, des Affaires étrangères, de la Justice, du Plan et de l’Information 1er décembre 1965 –

24 décembre 1965

09 Christian VIEYRA Haut-Commissaire au Plan et au Tourisme 24 décembre 1965 –

30 décembre 1966

10 Babliba Bertin BORNA Ministre des Finances, des Affaires Economiques et du Plan 16 mai 1967 –

18 décembre 1967

11 Pascal CHABI KAO Ministre des Finances, des Affaires Economiques et du Plan 18 décembre 1967 –

18 décembre 1969

12 Paul – Emile de SOUZA Président du Directoire, chargé des Affaires intérieures, de la Sécurité et de la Défense Nationale, de l’Information et du Tourisme, de la Prospective et du Plan 18 décembre 1969 –

07 mai 1970

13 Joseph ADJIGNON KEKE Ministre de l’Economie et du Plan 07 mai 1970 –

26 octobre 1972

14 Mathieu KEREKOU Président de la République chargé de la Défense nationale, du Plan, de la Coordination des aides extérieures, de l’information et de l’orientation nationale 26 octobre 1972 –

21 octobre 1974

15 Augustin HONVOH Ministre du Plan, de la Statistique et de la Coordination des aides extérieures 21 octobre 1974 –

30 janvier 1976

16 François Nounagnon DOSSOU Ministre du Plan, de la Statistique et de la coordination des aides extérieures 30 janvier 1976 –

12 février 1980

17 Aboubakar BABA-MOUSSA Ministre du Plan, de la Statistique et de l’Analyse économique 12 février 1980 –

09 avril 1982

18 Zul Kifl SALAMI Ministre du Plan, de la Statistique et de l’Analyse économique

Ministre de la Planification et du Développement

09 avril 1982 –

13 février 1987 et

04 février 2005 –

08 avril 2006

19 Mohamed Ibrahim SOURADJOU Ministre du Plan et de la Statistique 13 février 1987 –

29 juillet 1988

20 Simon Ifèdé OGOUMA Ministre du Plan et de la Statistique 29 juillet 1988 –

05 août 1989

21 Robert DOSSOU Ministre du Plan et de la Statistique 05 août 1989 –

14 mars 1990

22 Paul DOSSOU Ministre du Plan et de la Statistique

Ministre de l’Economie et des Finances

14 mars 1990 –

29 juillet 1991

23 Robert TAGNON Ministre du Plan et de la Restructuration Economique 29 juillet 1991 –

09 avril 1996

24 Albert TEVOEDJRE Ministre du Plan, de la Restructuration Economique et de la Promotion de l’Emploi 09 avril 1996 –

22 juin 1999

25 Bruno AMOUSSOU Ministre de la Coordination de l’Action Gouvernementale, du Plan, du Développement et de la Promotion de l’Emploi 22 juin 1999 –

04 février 2005

26 Pascal Irénée KOUPAKI Ministre de la Prospective, du Développement, de l’Evaluation des Politiques Publiques et de la coordination de l’Action Gouvernementale 08 avril 2006 –

28 mai 2011

27 Marcel de SOUZA Ministre du Développement, de l’Analyse Economique et de la Prospective 28 mai 2011 –

18 juin 2015

28 Lionel ZINSOU Premier Ministre chargé du Développement Economique, de l’Evaluation des Politiques et de la Promotion de la bonne Gouvernance 18 juin 2015 –

06 avril 2016

29 Abdoulaye BIO TCHANE Ministre d’Etat chargé du Développement et de la Coordination de l’Action Gouvernementale 06 avril 2016 à aujourd’hui

Voilà (ci-haut) la liste exhaustive des 29 Ministres ayant occupé le poste stratégique de planification du développement au niveau national depuis les années d’indépendance jusqu’à nos jours. Intéressons-nous à l’actuel titulaire du poste, le Ministre Abdoulaye Bio Tchané.

Abdoulaye BIO TCHANE

Il dispose d’un parcours inspirant pour les jeunes de ma génération et d’autres. M. Abdoulaye BIO TCHANE (actuel Ministre d’Etat, chargé du Développement et de la Coordination de l’action Gouvernementale) occupe ce poste depuis avril 2016 après un brillant parcours à l’échelle internationale et sous-régionale en Afrique.

Tous ceux qui le côtoient s’accordent à dire que M. Abdoulaye BIO TCHANE est un perfectionniste. Il est le fils d’un instituteur devenu député puis ministre des finances. On le surnomme ABT – qui est aussi l’acronyme de son mouvement politique (Alliance pour un Bénin Triomphant).

Ministre des Finances du Président Mathieu Kérékou (1998-2002), directeur Afrique du Fonds Monétaire Internationale (FMI) de 2002-2008 puis Président de la Banque ouest-africaine de développement (2008-2011), Abdoulaye BIO TCHANE, dès son retour à Cotonou, en 2011, fonda son cabinet de conseil stratégique et d’ingénierie financière, Alindaou Consulting International. De 2013 à 2016, il présidera par ailleurs le conseil d’administration du Fonds africain de garantie (FAG) créé par la Banque africaine de développement pour financer les PME-PMI.

C’est lors de la présidentielle de 2011, où il est arrivé troisième avec 6,14 % des suffrages exprimés, que M. Abdoulaye BIO TCHANE renoue avec la politique. Il s’est de nouveau présenté en 2016 et, quatrième à l’issue du premier tour (8,8 %), a ensuite soutenu la candidature de Patrice TALON. Un ralliement qui vaut à ABT un rôle stratégique au sein du Gouvernement du Président Patrice TALON, reconduit pour un deuxième mandat.

Après lecture de cet article, qu’en pensez-vous ? Votre avis nous intéresse ! Dites-le nous en commentaires. N’hésitez pas à le partager sur les réseaux sociaux et de vous abonner au Blog.

Sur le podcast Connexions, je partage des expériences de jeunes professionnel.le.s, des entrepreneur.e.s, des Hommes et Femmes aux parcours inspirants. Abonnez-vous pour ne manquer aucune conversation du podcast !

 

N’hésitez donc pas à interagir en commentaires, sur les réseaux sociaux et de partager les contenus car « partager c’est grandir ensemble ».

Cliquez sur ce lien pour vous abonner au Blog afin de ne point manquer les prochaines publications…

Elections Présidentielles 2021 au Bénin : Patrice Talon n’aura pas fort à faire – Expédit Ologou

Au Bénin, les candidatures à la présidentielle de 2021 montrent que le Chef de l’État n’aura pas fort à faire », entretien avec Expédit Ologou, Président de Civic Academy for Africa’s Future.

Présidentielle au Bénin : les pro-Talon espèrent « un coup K.-O. » – Jeune Afrique

Le Think tank Civic Academy for Africa’s Future a publié une analyse de la situation socio-politique de l’Afrique de l’Ouest qui classe le Bénin dans une zone « orange ». Entretien avec Expedit Ologou, Président du Ciaaf think tank.

Wathi est un think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest. Dans cet entretien, WATHI est allé à la rencontre d’Expédit Ologou, président de Civic Academy for Africa’s Future au Bénin. Dans cet entretien, il revient sur les enjeux de l’élection présidentielle de 2021 et l’absence de figures politiques de haute portée morale ayant autrefois permis aux acteurs de retrouver le chemin d’un dialogue efficient.

Elections Présidentielles 2021 au Bénin : Patrice Talon n’aura pas fort à faire – Expédit Ologou Cliquez pour tweeter

Flèche vers le bas

Comment jugez-vous l’état de la démocratie béninoise 5 ans après la victoire de Patrice Talon, président sortant ?

 

Je ne suis pas sûr qu’on soit dans le chaos mais nous posons chaque jour au Bénin, des actes qui nous rapprochent un peu plus du chaos. Il faut avoir le courage de le dire. Toutes les fois que nous posons des actes de diffraction sociale, chaque jour que les dissensions se multiplient, les frustrations s’accumulent sur presque tous les registres, bien évidemment, on fait un pas supplémentaire vers le chaos.

La vérité est que personne ne sait quand le chaos peut arriver. Il y a que, de plus en plus, la liberté d’être élu et celle de choisir librement ses dirigeants sont remises en cause par les règles fixées. Et l’argument de la légalité pour tout justifier est fragile et périlleux.

Ce qui justifie l’éternel recommencement, c’est qu’on a de plus en plus, des personnalités politiques qui prennent de moins en moins de la hauteur. On a beaucoup plus des acteurs, des joueurs, des agents politiques, des comédiens politiciens que des hommes d’Etat. Nous avons de moins en moins des personnalités politiques de hauteur morale, de hauteur de vue, de hauteur d’esprit qui permettent de gérer avec bienséance la société. La pudeur politique et surtout la pudeur d’Etat manquent cruellement désormais au Bénin. C’est pour cela qu’on a l’impression que le Bénin s’effondre, au moins démocratiquement et socialement, à petits feux…

Nous sommes dans un pays où les restrictions au niveau du droit d’être élu sont un terreau fertile aux éventuelles tensions socio-politiques qui enveniment le processus électoral en cours. Or, nous sommes dans un contexte, où les deux dernières élections ont déjà produit par elles-mêmes, des crises importantes : les législatives de 2019 eles communales de 2020.

Vous avez deux années de crise et de violences électorales qui n’ont pas été totalement résorbées, à l’issue desquelles des éléments de crise politique se sont ajoutés sans être non plus résorbés. Et nous voici dans la troisième année électorale, poursuivis par ces problèmes non réglés. Dès lors, vous ne pouvez pas ne pas constater, que nous sommes dans une situation critique même si elle n’est pas, je ne pense pas, encore chaotique. Mais à condition que les acteurs et la société trouvent les meilleurs moyens de l’éviter.

Vous déclariez en 2020 « l’opposition semble perdue. Le chef de l’État a un boulevard pour la présidentielle ». Votre opinion a-t-elle changé aujourd’hui  ?

 

Mon opinion n’a pas changé. Les faits ont plutôt confirmé ce que je disais. Les communales de mai 2020 ont tracé la voie, un boulevard au président de la République pour que l’élection présidentielle se déroule comme une sorte de formalité pour lui. Les candidatures qui se dégagent montrent que le chef de l’Etat n’aura pas fort à faire. La vérité, c’est qu’on sent que le président sortant veut vite en finir avec ce qu’il donne l’impression de considérer comme une formalité électorale et passer à autre chose.

Quand on analyse un peu le contexte, tout semble déjà plié parce que tout semble avoir été fait pour qu’il n’y ait pas de véritable challenger en face du président sortant. Les candidats opposés au Chef de l’État sortant ont été, me semble-t-il, suscités et « fabriqués » à cette fin.

En quoi l’introduction du système des parrainages a-t-elle modifié le jeu électoral ?

 

La question du parrainage change tout dans la mesure où 95% des parrains, pour ne pas dire la totalité, viennent du camp de la majorité au pouvoir. On perçoit que pour le régime en place, donner le parrainage aux opposants, c’est donner la corde à l’adversaire voir à l’ennemi politique pour qu’il nous pende.

Le président sortant n’a voulu prendre aucun risque. Vu l’état du pays, si de véritables candidats de l’opposition sont dans la course, l’issue du scrutin sera loin d’être gagnée pour le Président Talon. La FCBE est un parti « Chauve-souris ». Je l’ai dit aux lendemains des communales de 2020. Les faits ne me démentent pas. La FCBE, me semble-t-il, est un parti qui dort dans le lit de la majorité et se couvre du drap de l’opposition.

L’offre politique est l’une des plus grandes absentes de l’élection présidentielle de 2021.

Quant au second duo issu des dissidents du parti « Les démocrates » Corentin Kohoué-Iréné Agossa, c’est à peu près le syndrome FCBE – nouvelle formule, c’est-à-dire qu’on sent qu’il y a une main invisible qui a travaillé à miner le parti, pour en sortir un duo, qui n’est pas celui désigné par le parti lui-même. Le chef de l’État a martelé lors de sa tournée nationale que le parti « Les démocrates » aura le parrainage. On voit bien maintenant la stratégie qui sous-tendait cette affirmation.

Qu’est ce qui se joue finalement dans cette élection ? Quel est selon vous l’enjeu de ce scrutin présidentiel à venir ?

 

Vous constaterez avec moi, qu’il n’y pas toujours d’offre politique. L’offre politique est l’une des plus grandes absentes de l’élection présidentielle de 2021. Oui, comme par le passé, il n’y a pas d’offre politique, c’est devenu normal au Bénin. Il faut déjà commencer par se demander s’il y a effectivement des différences d’idéologie entre les différents partis qui ont existé dans le pays ou qui existent encore malgré les réformes du système partisan.

Donc, de façon traditionnelle, l’offre politique n’a presque jamais joué un rôle important dans l’élection présidentielle au Bénin. S’il y a un débat, c’est autour de la question « peut-on se développer avec ou sans la démocratie » ? L’offre se situe au niveau du positionnement de chacun des prétendants par rapport à cette question. C’est tout. Mais ce n’est pas rien, c’est même aujourd’hui la cause principale de la situation critique du pays.

De façon traditionnelle, l’offre politique n’a presque jamais joué un rôle important dans l’élection présidentielle au Bénin.

Mais au-delà de cette question, il n’y a pas grand-chose. Et il n’y en aura pas. Du moins, il n’y aura que les propositions du président sortant qui ne pourront ni être contredites ni mises en perspective, justement parce qu’en face il n’y a que « des candidats de formalité ».

Votre centre de recherche, Civic Academy for Africa’s Future a fait un travail récemment intitulé « Turbulences électorales ouest-africaines 2020-2021 ». Pour le cas du Bénin précisément quelle analyse a été faite ?

 

 Le Bénin est dans une situation précaire. Le Bénin est dans une zone « orange ». Situation orange parce que les signaux de la stabilité socio-politique ne sont pas rassurants. Ces signaux ne sont pas rassurants si on s’en tient aux élections législatives de 2019, et si on s’en tient aux conditions dans lesquelles les élections communales se sont tenues avec une loi qui a été prise, pendant le processus électoral pour remettre en cause, même certains principes déjà appliqués au cours du processus électoral.

Vous avez une série de faits, d’événements qui mettent un peu à mal la cohésion sociale. Aux problèmes politiques non réglés, s’ajoutent des préoccupations d’ordre socio-économique qui persistent. Dans les confins de la société béninoise, les conditions de vie des citoyens se précarisent, l’indigence est perceptible en dépit des chiffres macro-économiques qui annoncent le meilleur Bénin jamais connu…

Le Bénin est dans une zone « orange »

Et puis, il y a ce sentiment qui ne faiblit pas au fil des ans, selon lequel il y a une catégorie d’acteurs économico-politiques privilégiés qui ont accès à peu près à tout au détriment de tout le reste de la société. Regardez le panier de frustrations : frustrations économiques, frustrations sociales, frustrations politiques et frustrations électorales répétées.

Un pays qui était considéré comme étant en dehors de tout cela et qui fait converger en un moment assez relativement court, en deux ans, avec des frustrations produisant des violences, elles-mêmes produisant des morts…  un pays comme celui-là, ne peut pas être considéré comme un pays qui est au vert.  Le déroulement du processus de la présidentielle de 2021 donne des signes objectifs qu’on est plus proche du rouge que du vert.

Dans ces conditions, quelles sont vos propositions ?

 

Rien que les protagonistes ne sachent… Tout ou presque a été proposé depuis les législatives de 2019 aux acteurs en présence, notamment les gouvernants qui sont aux responsabilités, le Chef de l’Etat en premier. Toutes les propositions, d’où qu’elles viennent, s’orientent vers un dialogue qui permette une élection inclusive.

Une chose est certaine, il y a de moins en moins dans notre pays, des personnalités de référence, de déférence et de révérence auxquelles on peut se référer, auxquelles on peut déférer et pour lesquelles on a de la révérence et qui peuvent avoir le poids moral, légitime qu’il faut pour créer ce type de dialogue.

Mais elles semblent être tombées dans des oreilles de sourds. Conséquence : la situation politique du pays ne va pas en s’améliorant… Au contraire. Les sociétés qui ont fait de l’instabilité sociopolitique la colonne vertébrale de leurs trajectoires ont souvent eu quelques péchés majeurs : l’aveuglement, l’arrogance voire l’insouciance des gouvernants ; l’instrumentalisation ténébreuse du droit et des institutions républicaines ; la fragilisation systématique des espaces démocratiques. Ce sont les meilleures qualités en vogue actuellement au Bénin. Face à celles-ci, il ne reste rien à faire….

Peut-être, est-ce encore utile de rappeler à tue-tête le titre de l’une des récentes publications du CiAAF : ‘’ il n’est jamais trop tard pour la paix ’’. Maintenant, les questions de fond sont là : comment mène-t-on le dialogue pour la paix ? Qui sont les médiateurs de ce dialogue ? Dans quelles mesures et quels seraient les termes de ce dialogue politique ?

Une chose est certaine, il y a de moins en moins dans notre pays, des personnalités de référence, de déférence et de révérence auxquelles on peut se référer, auxquelles on peut déférer et pour lesquelles on a de la révérence et qui peuvent avoir le poids moral, légitime, qu’il faut pour créer ce type de dialogue. Ou du moins les personnalités qui le peuvent ne se sentent pas particulièrement concernées par la situation dégoûtante de la politique au Bénin. Et c’est aujourd’hui, l’un de nos handicaps.

Vous avez été un acteur des médias. Comment jugez-vous la situation des médias dans le contexte actuel ?

 

Les médias traditionnels notamment la radio, la télévision, la presse écrite sont de moins en moins des acteurs de la vie politique. Les médias au Bénin sont de plus en plus des agents de la vie politique, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de force propre, ils n’ont plus de capacité intrinsèque propre, ils sont instrumentalisés.
Peut-être n’en ont-ils jamais eue. Mais la carence semble plus perceptible aujourd’hui qu’hier. Les médias font ceci ou cela parce qu’une source les a activés dans tel ou tel sens. Ce que les médias feront de l’élection présidentielle de 2021, c’est ce que les politiques auront décidé qu’ils en fassent.

Les médias au Bénin sont de plus en plus des agents de la vie politique c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de force propre, ils n’ont plus de capacité intrinsèque propre, ils sont instrumentalisés.

Il y a quelques médias qui constituent une exception, la responsabilité des médias ne doit pas changer quels que soient les acteurs qui voudraient les mouvoir. La responsabilité déontologique des médias reste et demeure celle d’éviter d’être les vecteurs de la violence, de l’information tendant à remettre en cause la cohésion sociale. Quand les médias deviennent fragiles, un peu trop fragiles économiquement, politiquement et, du point de vue de la liberté, tout est possible avec eux.

Soyons honnêtes : On n’a pas l’impression que notre passé éclaire notre marche vers l’avenir. Or, Tocqueville disait sagement « Lorsque le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres » …. Pourvu que, et c’est ma prière,  les craintes de certains esprits observateurs critiques, comme moi, soient vaines. Le passé très récent du Bénin ne nous a pas donné tort… Pourvu que, cette fois-ci, nos craintes soient vaines.

Cet entretien a été premièrement publié sur le site Benin Politique dans le cadre de l’élection présidentielle du 11 avril 2021 mais aussi des dynamiques économiques, éducatives, sanitaires, sociales, culturelles, environnementales et à la valorisation de tous les départements du Bénin.

WATHI promeut en Afrique de l’Ouest et au-delà la construction de démocraties substantielles qui ne se réduisent pas aux élections et contribuent à l’amélioration du bien-être collectif. Le site Benin Politique s’inscrit dans lecadre du partenariat privilégié entre le think tank citoyen WATHI et la Fondation Konrad Adenauer.

Après lecture de cet article, qu’en pensez-vous ? Votre avis nous intéresse ! Dites-le nous en commentaires. N’hésitez pas à le partager sur les réseaux sociaux et de vous abonner au Blog.


Sur le podcast Connexions, je partage des expériences de jeunes professionnel.le.s, des entrepreneur.e.s, des Hommes et Femmes aux parcours inspirants. Abonnez-vous pour ne manquer aucune conversation du podcast !

N’hésitez donc pas à interagir en commentaires, sur les réseaux sociaux et de partager les contenus car « partager c’est grandir ensemble ».

Cliquez sur ce lien pour vous abonner au Blog afin de ne point manquer les prochaines publications…