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José Herbert Ahodode
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covid 19 et sécurité alimentaire
Covid-19 au Benin : Regards entre la crise et la sécurité alimentaire

A l’instar de la plupart des pays en voie de développement, au Bénin, la sécurité alimentaire reste encore un des défis majeurs. En réalité, la faiblesse du pouvoir d’achat s’illustre en tête de peloton parmi les plus évidentes causes en tenant compte de la production nationale par habitant. Ce contexte est venu s’aggraver par la crise sanitaire, économique et sociale en lien avec la Covid-19. Avec la survenue de la pandémie, sa propagation et les mesures de sa contenance, les économies de par le monde ont fait preuve d’une certaine fébrilité.

covid 19 et sécurité alimentaire

De plus, cette situation sanitaire a fait émettre nombre d’hypothèses. Quelles qu’elles soient, elles sont soit fondées sur des théories de changement radical, soit sur celles prônant le retour à la normalité. C’est à croire que l’indécision ou la neutralité sont les seul absents de la scène orchestrée par le coronavirus. Il est de ce fait normal, au regard des dynamismes observés au Bénin, qu’on élucide sur le plan de la sécurité alimentaire ses enjeux pendant la crise ainsi que les réponses de ses acteurs afin d’aboutir à des projections sur les futurs de l’alimentation.

Les enjeux de la sécurité alimentaire au Bénin en lien avec la Covid-19

 

L’économie béninoise est tournée vers l’agriculture et les industries de transformation des produits issus de l’agriculture, secteurs largement centrés sur les produits d’exportation tels que le coton, l’anacarde et l’ananas et vers le commerce. Avec les frontières fermées et donc la baisse drastique du commerce avec le reste du monde, le coronavirus, aura donc enseigné plus d’un. D’ailleurs, depuis le Sommet Mondial de l’Alimentation de Rome 1996, il a été retenu formellement que « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».

En lien avec les réalités béninoises, il est clair que la pandémie aura été à l’origine de disruptions sur divers plans dont celui de la sécurité alimentaire. C’est dire que parmi les principaux défis du Bénin en matière de sécurité alimentaire figure le maintien ou le renforcement du pouvoir d’achat des béninois pour leur donner les moyens d’observer les règles barrières et mesures sanitaires prises au regard de l’évolution de la pandémie.

Est-il possible de diriger ou d’orienter un être humain affamé ? La réponse serait affirmative dans la mesure où il dispose de quoi s’alimenter ou qu’on le lui miroite. Si non, l’instinct de survie prendra le dessus sur la raison, ce bon sens qui le distingue des animaux. Il semble qu’aucun Etat au monde n’a pu échapper à cette dure réalité durant cette pandémie.

Les dynamiques des acteurs en lien avec la sécurité alimentaire face à la Covid-19

 

Qu’ils soient gouvernants, gouvernés, société civile et/ou entreprises, tous semblent avoir pris très au sérieux la pandémie de la COVID-19 dès la détection du tout premier cas sur le territoire le 16 Mars 2020. Dès les lendemains de la crise et des premiers cas décrétés, tous les acteurs se sont mis d’accord sur la nécessité de prendre les dispositions idoines pour sécuriser les populations. C’est dans cette logique qu’un confinement général avait été imposé avec les conséquences dans un contexte où la population est occupée, en majorité, par les activités du secteur de l’informel. Une réalité qui rend difficile les limitations de déplacement dans un contexte où le gagne-pain quotidien, la pitance, se cherche chaque jour. Il est donc aisé de comprendre comment les populations ont vécu le cordon sanitaire et les limitations imposées par le Gouvernement du Bénin.

Difficile de comprendre les comportements véreux de certains acteurs, notamment des commerçants qui, en voulant profiter de la crise, ont procédé à la surenchère des prix des produits de consommation de première nécessité. Ce qui a conduit le Gouvernement, à travers son Ministère du Commerce, à prendre une note pour décourager la surenchère orchestrée. Cela a, notamment, mis en garde les commerçants et autres acteurs des circuits de distribution des produits alimentaires. Aussi loin qu’on puisse s’en rappeler, cette décision est historique au Bénin et confirme le souci permanent de l’Etat de s’occuper du bien-être de la population.

En sus, après quelques mois où les entreprises de divers secteurs ont connu d’énormes difficultés de trésorière, le Gouvernement a lancé une vaste opération de recensement des secteurs touchés par la pandémie puis a octroyé un dédommagement forfaitaire. C’est avec une enveloppe financière de 74 milliards de FCFA que l’Etat béninois a pu alléger les peines des populations et des entreprises. De plus, le Gouvernement a pris trois mesures spécifiques pour un montant de 100 milliards FCFA suivant la logique de permettre aux entreprises agricoles d’avoir accès au crédit à 12 % au plus et partiellement garanti par l’Etat.

Faciliter et garantir l’accès au financement aux exploitants agricoles pour contribuer à la croissance de la production végétale, animale et halieutique, tel était l’objectif visé par le gouvernement en initiant des mesures complémentaires dans le cadre de l’atténuation des effets économiques de la pandémie du Covid-19. Ces différentes mesures ont permis (permettent et permettront) aux entreprises agricoles d’avoir accès au crédit à un taux maximal de 12 % et partiellement garanti par l’Etat.

Les ministres concernés par le sujet sont montés au créneau pour expliquer le mécanisme de mise en œuvre desdites mesures qui viennent compléter celles prises en faveur de certaines catégories d’entreprises par le gouvernement. Ces successifs actes posés par le gouvernement ont ainsi permis aux citoyens béninois de toujours disposer d’une certaine capacité à aller sur le marché et se fournir en vivriers. C’est d’ailleurs non seulement pour soutenir les producteurs mais également pour rendre toujours effective la disponibilité des produits agricole de qualité que le gouvernement béninois a fait don de 10 millions de FCFA de semences à plus de 400 producteurs maraîchers dûment affectés par la pandémie.

Pour conclure sur les dynamiques observées au niveau des dirigeants, remarquons le passage à la digitalisation et la simplicité du processus de création des entreprises. C’est dire que dorénavant de chez soi, tel que recommande la pandémie de la Covid-19, toute personne désireuse de créer une entreprise peut le faire. Il faudra croire qu’en plus de l’opportunité due à la Covid-19, que c’était la main tendue qu’attendait cette jeunesse béninoise avide d’entreprendre.

En ce qui concerne les partenaires techniques et financiers, ils ne sont pas restés du reste dans la prise de mesures et d’initiatives face à la Covid-19. Les défis que présente la réduction de la pauvreté dans les pays en voie de développement et au Bénin en particulier ne sont plus à démontrer. Avec la crise du coronavirus, beaucoup ont émis l’hypothèse que plus rien ne serait comme avant. C’est qu’il s’agit d’un épisode sans précédent, révélateur de beaucoup de lacunes mais aussi de capacités d’adaptation.

En effet, les initiatives qui permettront de sortir des difficultés économiques ne se limitent pas à la seule bonne gouvernance politique des États, ni à leur seule volonté économique solitaire. Ils passent par l’effort conjugué des gouvernements et des institutions financières internationales en vue de financer la stabilité économique par des investissements massifs dans le secteur agricole, secteur très prometteur pour une croissance diversifiée, la sécurité alimentaire, et la nutrition.

Dès lors les institutions financières internationales comme le Fonds International de développement agricole (FIDA) ont joué un rôle crucial dans la mise en œuvre de stratégies pour assurer la résilience des populations face à la sécurité alimentaire. Sans s’y limiter et pour ne pas se lancer dans le listing des initiatives, il faut néanmoins reconnaître que divers partenaires au développement sont intervenus au Bénin dans l’objectif de soutenir l’Etat et les populations à travers des projets ponctuels. Il est opportun de réfléchir à des approches pouvant permettre de faire davantage face aux disruptions observées.

Comment rendre résilient l’agriculture béninoise dans cette crise ?

Les artisans agricoles béninois, ces braves paysans, comme on les désigne familièrement, sont encore, une fois de plus, sollicités pour rendre le peuple béninois fier en ces temps difficiles de presque cessation des échanges planétaires, donc de disponibilités relatives des produits importés qui jonchent la plupart du temps le panier de la ménagère béninoise. L’urgence est donc là. Il faudra alors ne plus compter sur les stocks préétablis pour les moments de pénuries en vue des ventes meilleures. Dès lors, il est plutôt question pour l’agriculteur, de pouvoir faire le choix délibéré de déstocker pour aujourd’hui survivre tout en renouant avec la production, celle qui bien sûr serait possible selon les caractéristiques pédoclimatiques du moment.

Le corona virus aura donc sonné le glas de la nécessité de la prise de conscience de l’autosuffisance alimentaire. Produire pour aujourd’hui mais également pour demain ; le Bénin a dorénavant dos au mur face à cet enjeu majeur. Il est évident que les actions futures à envisager sont celles qui assurent l’autonomisation des systèmes alimentaires car la pandémie a révélé les insuffisances de la dépendance. Nous pensons qu’il est opportun d’inciter et conforter le développement d’une certaine économie manufacturière locale.

La morosité des activités portuaires battant son plein en ces temps, la flambée des prix des produits tant d’importation que locaux ne s’est donc point fait attendre. Comme le prévoit d’ailleurs la théorie économique, il n’a pas fallu longtemps pour que s’observent des comportements de substitution de nombre de biens. La compétence locale s’est donc naturellement fait inviter. Elle revenait d’ailleurs de loin. Certes, elle était présente mais enfoui dans un paisible sommeil forcé dû aux échecs répétés subis lors de ses successives tentations de participation au marché local.

En réalité, plus d’un avaient déjà perdu la bataille du marché tant que l’offre extérieure était si intense avec des coups de cession de plus en plus bas tandis que nombre de celles locales, malgré tous leurs efforts continuaient à déverser sur le marché des produits qui de plus en plus semblaient prendre de la valeur financière aux yeux du Price-Taker que représentait tout consommateur, qu’il soit béninois ou non. La Covid-19, vient de donner la voix à des orateurs sans voix. L’opportunité était là quoique bien déguisée en défi. Car plus que jamais l’industrie béninoise pouvait se dresser et vigoureusement faire face à cette crise en apportant de ses solutions manufacturées pour le bonheur et la fierté du consommateur béninois.

Par ailleurs, les défis du stockage et de la gestion des produits vivriers sont devenus cruciaux dès lors que le temps ne semble point jouer en la faveur de qui que ce soit dans ce combat planétaire contre la Covid-19. En effet, au Bénin, le secteur primaire représente 28,1% du PIB, le secteur secondaire 14,6% dont 6% pour les industries agroalimentaires et 4,4% pour le BTP, et le secteur tertiaire 48,8% du PIB dont 13% pour le commerce et 9% pour le transport.

Les exportations (450 Mds XOF en 2018 hors réexportations) sont très concentrées sur trois catégories de produits à savoir le coton fibre (55% des exportations du pays), la noix de cajou (15,5% des exportations) et les oléagineux (4,5% des exportations). Notons que ces divers secteurs ont été impactés par la crise et les différentes actions ont permis de faciliter le vécu des populations. Il est besoin dès lors de maintenir la dynamique sociale de soutien aux populations et de se projeter continuellement. C’est de cette manière qu’on peut en permanence se remettre en question, revoir nos options, tout en s’inscrivant dans une dynamique programmatique sur les questions liées à la sécurité alimentaire. C’est le moment, plus que jamais, de miser sur les synergies entre les acteurs de divers ordres pour ensemble tenir la riposte face à la pandémie révélatrice de nos insuffisances multiples.

Par José Herbert Ahodode, Agronome socio-économiste, Youth in Soil.

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Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi

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Face au Covid-19 : comment dynamiser les chaines de production d’aliments de base ?

Cet article nous amène dans une réflexion sur comment dynamiser les chaines de production d’aliment de base. L’auteur de ce texte est Rachidi Idrissou ; il est ingénieur agronome, consultant en développement des filières agricoles. Il capitalise plusieurs années d’expériences en collecte et analyse de données socio-économiques en milieu rural. Au quotidien, il accompagne les organisations et entrepreneurs dans l’élaboration de business plan, dans la conception et la gestion de projet. A la fin de cet article, je vous laisserai ses contacts pour de futures collaborations. Mais avant de partir, n’oubliez pas de vous abonner au blog !

Les défis liés à la crise sanitaire en Afrique subsaharienne

 

La pandémie du Corona virus provoque une crise sanitaire et un ralentissement économique mondial sans précédent. En Afrique subsaharienne, la découverte des premiers cas de contamination a engendré, au sein de nos Etats, la prise de décision drastique qui ne prenait pas forcement en compte les réalités spécifiques de chaque pays. Parmi ces différentes décisions, il y a la fermeture des frontières, le confinement partiel ou total et l’Etat d’urgence bloquant les activités entre pays des différentes sous régions africaines.

Ces différentes mesures ont des impacts sur des petites et moyennes entreprises menaçant le développement économique à long terme et le bien-être social des populations, surtout celles plus vulnérables. Cette situation ne laisse pas le secteur agricole indifférent : les producteurs, les commerçants et les transformateurs de produits agricoles ont vu leurs chiffres d’affaires baisser durant ces derniers mois. Ces derniers peinent justement à trouver des stratégies adéquates pour gérer et s’adapter à cette situation de crise.

Au Bénin, le secteur agricole occupe environ 70 % de la population active – surtout en milieu rural – et contribue pour environ 30% du PIB. Ce secteur est donc un moteur clé du développement de l’économie béninoise. Néanmoins les acteurs des chaînes de productions agricoles sont confrontés à des défis liés au financement de leurs activités, au manque d’informations et à l’accès au marché de leurs produits.

Pour résoudre ces problèmes, plusieurs interventions venant des politiques agricoles des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, des partenaires techniques et financiers auprès des producteurs ont été considérables et les acquis ont contribué à améliorer un temps soit peu les conditions des producteurs agricoles.
Toutefois il reste assez d’effort à faire car la crise sanitaire actuelle nous montre bien de limites et de défaillances dans le système d’approvisionnement et de commercialisation des produits agricoles. Le plus criard est que l’agriculture – au niveau local – peine à satisfaire les besoins alimentaires des populations. Plusieurs institutions internationales telles que la FAO, le PAM et diverses ONG intervenant dans le domaine de l’agriculture et la sécurité alimentaire redoutent pour les pays de l’Afrique subsaharienne une crise alimentaire.

Il est évident que cette crise sanitaire – liée au Covid-19 – pourrait provoquer (provoque déjà) l’augmentation des prix des produits alimentaires en raison du fait que la plupart des pays africains sont fortement dépendants des marchés alimentaires mondiaux. Dans ces conditions, les populations les plus vulnérables risquent d’être en insécurité alimentaire et les poches de famine sont à redouter. Les statistiques actuels annonce un lendemain moins radieux pour le continent africain face à cette pandémie. C’est ainsi qu’il est plus qu’urgent de se lancer dans des réflexions collectives sur l’Afrique d’après Covid et de penser des actions utiles à partir d’approches réalistes pour panser les maux auxquels font face les populations – rurales en particulier.

La promotion des filières céréalières et tubercules comme solution à court terme

 

Les céréales et les tubercules sont des aliments les plus consommés en Afrique de l’Ouest. Elles se retrouvent dans les repas quotidiens des populations aussi bien rurales et urbaines sous diverses formes – farine fermentée traditionnelle servant à la préparation de bouillies, torréfiés sous formes semoules, grillés, farine pour la préparation de pâte et de galettes. Ces différents aliments contribuent à la sécurité alimentaire des populations.

L’un des défis de ces filières en cette période de crise sanitaire serait leur compétitivité dans le but de nourrir les populations des campagnes et des villes. Pour permettre à ces filières d’être plus compétitif, il est capital d’investir sur toute la chaine de valeur en commençant par la production, la transformation et le transport des produits des champs vers les transformateurs et consommateurs finaux.

La chaine de production : à ce niveau de la chaine de valeur, il serait intéressant de répondre aux divers problèmes rencontrés par les producteurs de culture vivrière surtout des zones rurales. En effet, ces problèmes prennent en compte les moyens de productions restés rudimentaires et les intrants quasi-inexistants pour une production à grande échelle (car les productions sont souvent destinées aux cultures de rente). L’accès aux informations est le premier pas vers la réussite d’une activité. Il faudra donc travailler à mettre au service des producteurs de culture vivrière (céréales et tubercules) des informations sur l’utilisation efficiente de la terre, les données climatiques et les technologies agricoles innovantes et faire suivre chaque exploitation agricole par des experts en agronomie.

Pour permettre à l’agriculture familiale de s’orienter plus vers le marché et les villes, il sera important d’inculquer aux producteurs la notion d’entreprise agricole, d’investissement et de recherche du profit ; cela permettra de limiter la pauvreté car en Afrique subsaharienne les productions sont d’abord mobilisées pour assurer les besoins des ménages et ne permettent pas (toujours) de réaliser les investissements nécessaires à l’amélioration des systèmes de production. Ce qui fait qu’en fin de compte, le secteur agricole se retrouve employeur de plus de personnes mais ne produit qu’à peine 5% des disponibilités alimentaires mondiales et peine donc à nourrir les populations.

La chaine de transformation : cette partie de la chaine est de plus en plus exploitée en Afrique subsaharienne ; ce qui n’était pas le cas dans les décennies passées. De plus en plus de jeunes s’investissent dans la transformation agroalimentaire de céréales et de tubercules. Cette politique de transformation locale de produits permettra de faciliter l’accès des agriculteurs des campagnes au marché des villes, de créer une économie locale inclusive et réduire le nombre de populations vulnérables à la faim et à la pauvreté. Car plus les transactions commerciales des produits agricoles seront dynamiques, plus les revenus des producteurs augmenteront et bénéficieront à toute la communauté des campagnes et des villes.

Pour faciliter cette transition, il est opportun de miser sur les actions qui allègent les peines des populations dans le transport des produits agricoles des champs vers les villes, à travers le reprofilage des kilomètres de route et la réduction des tracasseries policières routières. Une économie dynamique et un accès des populations des villes et des campagnes aux denrées alimentaires de base seront des solutions et des réponses à la crise sanitaire liée au Covid-19 en Afrique de l’Ouest.

La chaine de consommation : Pour encourager les producteurs et petites entreprises de transformation agroalimentaire, il est important que les populations africaines consomment et achètent les produits locaux. La consommation locale devrait cesser d’être « un slogan récité par tout le monde mais appliqué par personne » pour devenir cet exutoire qui promeut la production locale en misant sur les produits du terroir.

Il est donc de notre responsabilité collective de travailler afin que nos politiques de consommation alimentaire priorisent et choisissent les produits agricoles et agroalimentaires locaux d’abord sur tous les marchés, les cérémonies publiques ou privées avant les produits importés. Le développement n’est pas de la magie, c’est une construction logique. Ce n’est qu’en posant les bons pas que les entreprises agroalimentaires et exploitations agricoles pourront prospérer et être plus compétitives sur le marché national comme les autres produits céréaliers tels que le riz chinois, thaïlandais et le blé importés.

Ecrit par Rachidi Idrissou, Ingénieur Agronome, spécialiste des questions agricoles.
Mail : rachidi.idrissou89@gmail.com / Contact : +229 66 84 30 95.

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Covid-19 : Quelles leçons à retenir pour l’Afrique ? – Asmaou Djima Radji

La Covid-19 constitue l’un des éléments perturbateurs les plus marquants de notre époque. Elle n’a ménagé personne et a remis en cause notre style de vie ainsi que les normes et habitudes. Dans cette tribune, Asmaou Djima Radji propose un bref aperçu sur cette situation en partant de la genèse de l’espèce humaine tout en exposant les impacts dans notre vie quotidienne. Ensuite, elle présente comment la technologie joue un rôle important dans notre quotidien face à la Covid-19. Elle admet que cette pandémie a créé une situation qui, certes n’est pas confortable mais pourrait être une opportunité pour l’indépendance totale des pays Africains à travers ses propres institutions. Bonne lecture, n’hésitez pas à laisser un commentaire pour dire ce que vous en pensez !

On n’a toujours pas appris la leçon !
L’univers est uni, un et vert. Il est tellement grand que nous ne représentons que de petites molécules qui y vivent. Une leçon pour nous montrer qu’il ne fait qu’un seul : la situation actuelle relative au COVID-19 n’a mis aucun pays à l’abri. Tel un corps humain, dès qu’une partie a un problème, les autres parties le ressentent ; voilà ce à quoi on pourrait comparer la crise mondiale actuelle puisque partie de Wuhan (Chine), la région infectée à l’origine, pour actuellement devenir une crise sanitaire mondiale. Ce qui dorénavant interpelle à une solidarité dans tous nos actes (relations étatiques, contractuelles, etc.). Cette solidarité qu’on a au départ négligé a couté la vie de plusieurs personnes car si l’on avait vite pris conscience, le virus ne serait peut- être pas aujourd’hui mondialisé et gagnant ainsi tout le terrain sur la scène internationale.

Contre la #Covid19, on n’a pas su aviser même après avoir connu des crises similaires dans le passé de l’histoire humaine. Cliquez pour tweeter

Partons des origines
Depuis plusieurs décennies, voire des siècles, l’espèce humaine a connu plusieurs situations de crises soit créées par elle -même ou par la nature. Dans l’un ou l’autre des cas, cela ne change guère nos moyens de défense. Notre espèce a subi plus qu’elle n’en pouvait. On est parti des guerres mondiales pour venir au terrorisme que subissent des populations de quelques parties du monde. Ensuite, le phénomène du racisme a resurgi et là encore reprenait la guerre qui anéantit par exemple la population du Yémen, de la Syrie et des crises alimentaires observé un peu partout surtout dans les pays du sud, ce qui a pour effet principal de séparer des familles.

Sans répit, le phénomène de boko-haram débuta dans les années 2000 et s’est conforté dans les pays africains dont les principaux foyers sont, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Cameroun ; des guerres religieuses ou ethniques, le phénomène récent de la Xénophobie en Afrique du sud ont pour conséquence de troubler l’ordre social et publics. En se remémorant la crise sanitaire de 1815 qu’a subi le monde, celle de la fièvre lassa et d’Ebola qui ont ravagé tellement de pays, on se rend compte qu’on ne vit que dans une cascade de problème. Une fois de plus, aujourd’hui l’humanité doit encore prendre sur elle un gros poids qui pèse et qui n’épargne personne : la covid-19.

La covid-19 expose en pleine face les faiblesses de nos systèmes.
Les pays les plus puissants prennent conscience aujourd’hui de leur faiblesse, les plus riches réalisent que leur richesse ne vaut rien face à cette nouvelle crise. Les acteurs politiques qui pillent les biens publics et ceux de la mauvaise gouvernance politique de certains pays en Afrique, pour ne citer que ces exemples, réalisent finalement que cela ne leur sert pas de protection contre la fameuse Covid-19.
Aujourd’hui, tout est remis en question et tout ce qu’on avait établi comme règles de vie et d’ordre social demeure insuffisant.
Il est donc clair qu’on n’a pas appris la leçon avec des crises antérieures pour nous réajuster sur tous les plans afin de pouvoir faire face à de nouvelles. D’ailleurs, peu réalisent et prennent conscience qu’on devrait mieux investir dans les domaines de la technologie, de la santé sans négliger les autres domaines et qu’on devrait avoir nos industries dirigées par des nationaux sans influences externes, si petites soient-elles pour fabriquer nos produits en Afrique. Triste est de constater nos failles au moment où l’on devrait exposer nos acquis et innovations en matière de santé publique et autres. On est à peu près tous responsables de la mauvaise réponse à cette COVID-19 qui nous a bien eu.

On est à la fois victime et coupable
L’Afrique n’assume pas encore et encaisse trop de coup au même moment. Elle a certainement les capacités pour mieux se porter mais tellement de faits la retarde et tous ses ressortissants en ont plus que marre. Partout où figure l’Afrique ou l’africain ou tout ce qui lui est relié, on lui présage de mauvais augure : c’est le système qu’a instauré ses colonisateurs.
Le monde est le maitre d’ouvrage du sort de l’Afrique parce qu’il participe à son malheur et tout une panoplie d’exemple existe sur les coups organisés à l’encontre de ce continent depuis la découverte de beaucoup de ressources et de potentiel qu’il regorge.

On a soumis l’Afrique et on continue de le faire avec l’aide de ceux qui devraient la protéger et la défendre. La dette africaine en est une preuve, depuis l’indépendance des pays africains, ils l’ont soumis à une dette qui ne cesse d’augmenter et plus d’un demi-siècle après, on se retrouve à la case de départ. On lui fixe les prix de ses matières premières, ces instigateurs originels du sort de l’Afrique lui prend ses fils, on lui donne une pension avec l’aide au développement pour qu’elle reste dépendante. Enfin, ils veulent tout lui prendre mais très coriace elle s’en remet et s’en remettra.
Actuellement, la Covid-19 montre davantage nos faiblesses en tant qu’être humain et prouve sans ambiguïté que notre arme de survie réside dans la solidarité que nous développerons dans nos échanges et dans tous les domaines.

Depuis maintenant quelques semaines, la seule mesure plausible qu’on ait pu prendre à l’unanimité, c’est le confinement. Toutes autres mesures font objet de débat sans issue comme l’utilisation de la chloroquine.
En effet, cette situation prouve davantage que nous avons besoin de renaître de nos cendres et de définir des priorités pour notre survie. Ce qui signifie que l’occident doit désormais considérer l’Afrique comme un allié, un partenaire et mettre un terme à leur relation de dominé-dominant et cela avec une volonté ferme de l’Afrique. Car, si l’Afrique n’avait pas été victime de coups aux judas, elle aurait pu mieux faire face à cette crise du Covid-19, parce qu’elle aurait à sa disposition plusieurs cartes. Cependant, malgré son statut, elle essaie de se rattraper et de protéger ses fils comme l’aurait fait une mère. L’exemple le plus palpable est la découverte des remèdes du Dr Valentin AGON, des malgaches et autres ; ce qui constitue une grande prouesse même si les résultats ne font pas l’unanimité . En ce sens, la technologie prouve son efficacité ainsi que les moyens traditionnels.

La technologie : l’or du siècle ?
C’est un secret de polichinelle que la technologie nous apporte plus que nous le pensons. Nu été cette découverte depuis des années et de sa performance vers la fin du 19eme siècle, des vies auraient été doublement prises et nos ennuis seraient encore plus visibles en cette période.
Cette épidémie pourrait être vue comme une nouvelle porte de sortie pour les pays africains de leur soumission aux pays qui les ont colonisés. On a été spectateur de la défaillance des systèmes de santé des pays du Nord ; ce qui réduit catégoriquement leur puissance. Cela relève certainement que ces pays ne sont pas aussi puissants comme on l’a toujours prêché avec l’aide des statistiques, peut-être manipulé. En fait, selon l’OCDE dans son rapport de 2019 et actualisé à ce jour sur les ressources sanitaires, quelques pays du Nord viennent en tête de liste, notamment l’Autriche, l’Australie, la Belgique le Canada, etc. Il ne figure aucun pays d’Afrique alors que nous disposons de tout mais la mauvaise gouvernance est une mauvaise graine qu’il faudra détruire à la racine.

Actuellement, plusieurs laboratoires en Afrique travaillent pour aller au front et réduire les cas infectés par ce virus alors qu’elles ne disposent pas des mêmes ressources à la fois technologiques, financières et même humaines que leurs homologues des pays du Nord. Au Cameroun, au Ghana, au Togo, au Bénin, au Sénégal, etc. ; des jeunes ont fabriqué des respirateurs artificiels pour faciliter la prise en charge des patients, des lavabos made in Africa constitué des panneaux solaires avec des distributeurs automatisés de savon et d’eau pendant le nettoyage des mains, qui est l’une des mesures de sécurité contre le virus. Voilà tant d’œuvres créées par de jeunes africains pour aider la population et prévenir ce virus. Il n’est nul doute qu’un bilan s’impose après la crise pour rétablir tout notre système de société car c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle.

C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle : Ki-zerbo Joseph.
Il n’a pas tort et c’est la raison pour laquelle nous devrons retenir les leçons passées des crises vécues pour pouvoir préparer le futur. C’est le moment idéal pour l’Afrique de s’assumer et de prendre des responsabilités sans forcément un accord externe mais sur la base de ses expériences car l’expérience est maitresse.
C’est donc le moment….

C’est le moment de réduire ou de supprimer les barrières entre africains. Du sud au nord et de l’est à l’ouest, elle doit faire UN et ses fils devraient pouvoir être capables de coopérer sans obstacles ethnique, religieux, tribales…
C’est le moment de faciliter le libre échange commercial et de réaliser tous ses beaux projets comme la monnaie unique, la suppression des visas pour les africains dans les pays africains.
C’est surtout le moment de tendre la main à la jeunesse en leur offrant des opportunités ou en accueillant et en investissant dans leur projet afin de leur donner envie de rester et de revenir bâtir leur pays, leur continent.
C’est vraiment le moment de mener de bonnes politiques de gouvernance et chaque africain doit revendiquer ses droits sans peur et assumer ses devoirs avec fierté.

C’est le moment de dire ensemble OUI à la suppression de la dette africaine.
C’est le moment de redorer le blason des institutions africaines et leur donner tous leurs mérites.
C’est le moment de travailler et de se révolter pour imposer le respect de l’Homme africain.
C’est le moment de l’Afrique et même si l’Africain est maltraité comme récemment en Chine, nous voudrions honorer Nelson Mandela en ayant un esprit de pardon et d’unité.
Nous voudrions surtout honorer Thomas Sankara en construisant l’Afrique avec les moyens africains et consommer local.

Nous avons de la matière grise et la volonté de réussir et nous espérons que les judas ne seront plus nombreux parmi nous parce que, nous, jeunesse africaine, prendrons désormais ce qui nous ait dû.
Nous exigeons que nos gouvernants travaillent pour nous et non le contraire.
Prenant conscience des risques qu’il y’a dans cette lutte et projet qu’on a pour nos pays, nous voudrions rassurer tous et toutes que désormais nous sommes sans crainte et voudrions offrir un avenir radieux à la prochaine génération…

Ecrit par Asmaou DJIMA RADJI, Founder Asmara Consulting. Diplômée de maîtrise en Droit et Société à l’UQAM ; Auxilliaire d’enseignement ; Diplômée de l’ENAM-Bénin, Spécialité Diplomatie et relations internationales ; Diplômée de la FADESP-Bénin, Spécialité Droit Privé.

 

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Covid-19 Food Future : comment les systèmes alimentaires se reconfigurent-ils ?

A chaque événement, la participation des jeunes est essentielle, et ce, pour deux raisons. La première est directement liée à leur nombre, sachant qu’environ 70% de la population africaine ont moins de 30 ans. La deuxième se réfère au fait que la jeunesse se mobilise maintenant en faveur du changement social et demande de plus en plus à se faire entendre. Et ils ont en leur possession une arme solide: les TIC.

Dans tous les secteurs d’activités, et de nos jours, de plus en plus dans le secteur agricole, les TIC sont utilisées pour rendre le domaine « plus sexy » aux yeux des jeunes africains. Généralement, la digitalisation de l’agriculture renvoie à l’optimisation soit de la production agricole, soit de la transformation ou encore de la conservation. Cependant, la tendance, de nos jours, est d’utiliser le pouvoir et la portée des TIC pour promouvoir l’agriculture et ses domaines connexes surtout auprès des jeunes ; et cela se fait le plus souvent par leur pair.
TMG Think tank for Sustainability, un think tank allemand, l’a bien compris et implique désormais les voix des jeunes africains pour assurer la couverture médiatique des activités et de certains projets ponctuels. La première expérience avec les jeunes #YouthInSoil a eu lieu à Nairobi en mai 2019 pour le social media reporting du Global Soil Week, la Conférence internationale des Sols (Lire cet article sur GSW 2019 sur le blog de José).

Dans le contexte actuel de la pandémie liée au Covid-19, TMG Think tank a jugé utile de rappeler les jeunes #YouthInSoil pour le social media reporting et la production de contenu de blogs pour rendre compte de l’évolution des systèmes alimentaires sur le continent africain en période de corona virus.

Cet article présente les informations recueillies au cours des six premières semaines de l’initiative Covid-19 Food / Future. L’initiative est pilotée par TMG Research, dans le cadre de son projet SEWOH Lab, et propulsée par une équipe de voix jeunes et dynamiques basées dans neuf pays africains. Son objectif principal est de faire la lumière sur la façon dont les sociétés d’Afrique subsaharienne subissent les effets de la pandémie et de naviguer dans les incertitudes qui en résultent concernant les emplois, les revenus et les espaces de production et d’approvisionnement alimentaires.
Les reporting sont faits quotidiennement sur Twitter et Medium par de jeunes participants du Bénin, du Burkina Faso, de la République démocratique du Congo (RDC), d’Éthiopie, du Kenya, de Madagascar, du Malawi, du Nigéria, du Sénégal et d’Afrique du Sud, partagent leurs points de vue et soulignent l’importance de la pandémie sur leurs systèmes alimentaires locaux.

Nuage de mots mettant en évidence les termes les plus importants des 951 tweets publiés entre le 06 avril et le 18 mai 2020

Avec près de 50 articles et 1000 tweets publiés entre le 06 avril et le 18 mai, la richesse des informations recueillies offre un aperçu unique de la façon dont les systèmes alimentaires ont été perturbés par la pandémie de santé – ainsi que des mesures de contrôle qui en découlent – et de la manière dont une variété d’acteurs locaux s’adaptent et reconfigurent ces systèmes.

Mesures de verrouillage et leurs impacts sur les systèmes alimentaires
Défis pour la sécurité alimentaire
Au premier jour du rapport, tous les gouvernements des neuf pays avaient adopté des mesures pour contenir la propagation du virus. Grâce aux mises à jour ponctuelles des reporters-journalistes sur la situation locale, nous avons appris que les autorités avaient exclu toutes les activités productives non essentielles et qu’un verrouillage interne était en outre accompagné de restrictions commerciales internationales. Début avril : le Kenya a fermé des établissements d’enseignement et a interdit les voyages internationaux des fonctionnaires et les rassemblements publics avec des directives affectant la mobilité et les marchés alimentaires.

Fin mars, le gouvernement fédéral du Nigéria a commencé par verrouiller les grandes villes pour limiter la propagation de COVID-19. Cependant, tous les pays n’ont pas introduit des mesures aussi strictes que les exemples précédents. Au Malawi, par exemple, un verrouillage de 21 jours a été décidé par le tribunal.
Dans tous les pays, les rapports hebdomadaires ont souligné les conséquences dévastatrices pour les marchés alimentaires informels et d’autres liens importants entre producteurs et consommateurs. Divers articles de blogs mettent en lumière le sort des couches vulnérables de la population, tels que les travailleurs informels au Bénin, où le secteur informel emploierait plus de 70% des jeunes.

Les informations communiquées à travers les pays suggèrent que Covid-19 et ses mesures connexes exacerberaient les inégalités existantes dans tous les aspects de l’alimentation et la sécurité nutritionnelle. Nos journalistes ont souligné l’impact imminent des hausses de prix, ainsi que les mesures d’atténuation prises par certains gouvernements, y compris des sanctions pour les détaillants impliqués dans l’augmentation des prix de produits de première nécessité au Bénin. Parallèlement, la pandémie a réduit le pouvoir d’achat d’une partie considérable des consommateurs, en particulier dans les contextes urbains, nécessitant des interventions des États et de toute une gamme d’autres acteurs.

La riche production d’histoires #Covid19FoodFuture et l’activité des médias sociaux ont encore amplifié certains des choix difficiles entre la sécurité sanitaire et la sécurité alimentaire que les citoyens ordinaires sont de plus en plus obligés de faire. Par exemple, incapables de stocker de la nourriture, certains citoyens du Burkina Faso ont été contraints de continuer à fréquenter les petits marchés ou des stands de nourriture sur une base quotidienne pour assurer leur subsistance. Cette situation a incité les acteurs à appeler les gouvernements à ne pas privilégier la santé publique sur la sécurité alimentaire, soulignant que l’un est tout aussi important que l’autre.
Perturbation des chaînes d’approvisionnement

À travers leurs écrits, les journalistes ont souligné une deuxième dimension de l’impact de la pandémie sur les systèmes alimentaires : la perturbation des chaînes d’approvisionnement. On a remarqué une augmentation des pertes après récolte en raison des perturbations au niveau des chaines de valeur agricoles et la logistique dans plusieurs pays. Notre équipe a noté, par exemple, l’incapacité des travailleurs agricoles au Nigeria à accéder à leurs champs, les options de transport limitées pour les produits agricoles et la fermeture des marchés locaux. Au Burkina Faso, le verrouillage aurait eu des effets visibles sur la capacité des unités de transformation agroalimentaires pour accéder aux matières premières et vendre des produits transformés. Il en est de même pour le Malawi, où notre journaliste a souligné les difficultés rencontrées par les agriculteurs : un manque combiné de travailleurs, d’intrants agricoles et de récoltes retardées et les augmentations des coûts d’exploitation qui en résultent. Avec l’arrivée de la saison des pluies, l’indisponibilité des intrants agricoles pour les petits exploitants a représenté un problème majeur en RDC, une situation qui fait craindre à certains que la production locale de nourriture ne soit menacée.

Au Kenya, il a été signalé que les petits détaillants ont souffert des pertes économiques importantes. Des installations de stockage insuffisantes ont entraîné une détérioration, le secteur de la volaille étant fortement touché par ce choc, comme indiqué au Nigeria, à Madagascar et au Bénin. Pendant ce temps, avec les petits pêcheurs et les femmes kenyans travaillant tard dans la nuit ou tôt du matin, nous avons souligné le plaidoyer en vue de l’assouplissement des restrictions.

Notre équipe s’est également concentrée sur les conséquences pour les flux commerciaux régionaux et internationaux, entraînant une forte perturbation des secteurs axés sur les exportations, même si les obstacles aux importations ont épuisé les stocks d’une gamme d’aliments de base. Au Bénin, dans la filière cajou, une importante exportation stratégique, aurait été confrontée à d’importants défis en raison des restrictions commerciales et du manque d’acheteurs disponibles. Les observateurs du Burkina Faso craignent une insuffisante offre de riz sur les marchés locaux. Il en est de même au Madagascar, où, des stocks insuffisants de riz ont été rapportés. Notant la vulnérabilité des systèmes alimentaires tributaires du commerce, nos journalistes ont fortement souligné la nécessité de renforcer l’agriculture domestique.

Adaptation et reconfiguration des systèmes alimentaires
À partir de la deuxième semaine, la distance sociale devenant rapidement une nouvelle réalité, notre équipe a commencé à documenter certaines des mesures concrètes prises pour relever les défis de l’accès et de l’approvisionnement en aliment, mais également pour construire des systèmes alimentaires plus résilients.

Vers une agriculture plus résiliente
Les rapports sur les économies mises en quarantaine montrent rapidement comment les mesures de verrouillage ont mis en évidence les vulnérabilités des systèmes alimentaires dans les neuf pays. En réfléchissant à la situation, les opinions personnelles de nos journalistes convergent autour de l’importance d’améliorer la résilience des systèmes alimentaires pour se préparer à des chocs de nature et d’amplitude comparables à l’avenir.
Le 6 mai, le maire d’Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, a fait part de son intention de promouvoir l’agriculture urbaine en annonçant que la ville va attribuer des terres aux initiatives d’agriculture urbaine et soutenir la demande alimentaire face aux effets des sécheresses et des mesures de fermetures dues au Covid-19. Les stratégies adoptées par différents acteurs pour l’agriculture urbaine ainsi que ses avantages ont également été repris par les journalistes en Afrique du Sud le 21 avril et au Kenya le 07 mai.

Des mesures visant à améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs grâce à une production durable ont été mises en place dans plusieurs pays. Par exemple, l’agriculture malgache a montré des signes positifs de réponse à la crise, et a bénéficié du soutien des politiques. Certaines des exportations stratégiques de cultures du pays, telles que la vanille et les huiles essentielles, ont pu subvenir à leurs besoins et reçu un soutien sous la forme d’un accès facilité à l’épargne et au crédit pour les producteurs. Ces mesures dépassent le cycle de production et visent entre autres à protéger la biodiversité. Côté marché, certains détaillants au Malawi ont eu recours aux stratégies de valeur ajoutée pour prolonger la durée de conservation et favoriser une production localisée.

Certains journalistes ont également fait allusion à des voies potentielles pour accroître la sécurité alimentaire locale. Par exemple, notre journaliste au Bénin a observé que, le riz ayant pris de l’importance dans le régime alimentaire national, pourrait potentiellement contribuer à assurer la sécurité alimentaire des 70% des pauvres vivant dans les zones rurales. Il a ensuite suggéré des voies pour renforcer la résilience du pays en décrivant une série de réformes qui pourrait accroître la compétitivité de la production nationale de riz. Notre journaliste au Nigéria a mentionné que la crise de Covid-19 s’ajoute à un large éventail de menaces pour les petits exploitants et a souligné la nécessité de renforcer les efforts de production alimentaire à petite échelle.

Exploiter le potentiel des solutions numériques
Depuis la troisième semaine des activités de rapport, l’équipe de rapport a attiré l’attention sur certains défis importants auxquels les gouvernements étaient confrontés dans la mise en œuvre de mesures de secours et des services numériques accéléré par la suite pour combler certaines lacunes. Le 17 avril, un tweet a révélé une plate-forme agro-commerciale au Kenya qui permet aux agriculteurs d’atteindre efficacement les consommateurs. Pendant ce temps, les Nigérians ont commencé à utiliser des plateformes en ligne pour partager des réponses collectives à la pandémie, avec des banques alimentaires, des programmes de lutte contre la faim et un soutien à la vulgarisation accessibles sur Battre Corona.ng. Une autre plate-forme d’échange social a fait état le 21 avril, Needs.fyi, aide les consommateurs à obtenir des produits alimentaires essentiels à Lagos, Nairobi et Kigali. À la fin de cette phase de rapport le 15 mai, nous avions également entendu parler de la plateforme sénégalaise Jaayma Mburu, un système de réservation de pain visant à atteindre les groupes de consommateurs vulnérables au Sénégal.

Sans surprise, les services de livraison de nourriture en ligne se sont développés et ont été adoptés par des segments plus larges de la population dans plusieurs pays. Un exemple complet permettant aux consommateurs d’accéder via des plateformes numériques se trouve en RDC, où une entreprise de technologie a aidé les agriculteurs à se structurer en coopératives et s’efforce d’atteindre les citoyens à faible revenu. Il propose un marché alimentaire virtuel avec traçabilité des marchandises et des paiements par carte de débit ou argent mobile. Il intègre également la technologie USSD pour les commandes via SMS pour ceux qui ne sont pas connectés à Internet. Au Kenya, au moins quatre types de plateformes de livraison reliant l’offre et la demande ont été signalés.

Début mai, notre journaliste au Kenya a annoncé qu’un jeton numérique innovant, les «points Bonga», avait été développé par Safaricom, le plus grand opérateur de réseau mobile du pays. Les jetons de fidélité accumulés attribués aux abonnés pour l’utilisation des données peuvent désormais être échangés contre de l’argent pour acheter de la nourriture et d’autres produits essentiels. Les organisateurs communautaires ont exploité cette innovation en collectant des dons de «points Bonga» et en distribuant des produits alimentaires essentiels aux ménages dans le besoin. En termes d’accès au financement, les journalistes ont observé une dépendance accrue aux logiciels reliant les agriculteurs aux marchés et services financiers. Les services de microfinance sont appelés à appliquer la science des données à la finance afin de créer des logiciels qui augmentent l’accès là où ils sont le plus nécessaires, tout en contribuant à atténuer les perturbations futures.

Regarder vers l’avant
Les six premières semaines de l’initiative nous ont donné un aperçu de la façon dont cette pandémie a mis à nu les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement dans les neuf pays. À la fin de la période considérée, le 18 mai, de nombreux pays avaient commencé à assouplir certaines de leurs mesures les plus strictes, tandis que les blocages commerciaux étaient en partie levés. Les effets de la pandémie sont cependant loin d’être terminés. Il est toujours urgent de mettre en place des systèmes alimentaires résilients capables de répondre de manière globale aux besoins de la population.

Les observations de notre équipe de rapport font écho à certaines des idées partagées par les principales organisations de l’arène alimentaire mondiale et identifient un terrain commun de réflexion. La crise de Covid-19 a fourni une base de preuves et des enseignements tirés qui peuvent soutenir l’action politique – comme en témoignent, par exemple, les Fonds international de développement agricole (FIDA) – sur le rôle central des petits exploitants agricoles pour un avenir alimentaire résilient. Les compromis entre la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire identifiés par nos journalistes reflètent les informations présentées par le Programme alimentaire mondial (PAM).Rapport mondial sur les crises alimentaires. En insistant sur le rôle vital des flux internationaux, nos journalistes ont en outre rejoint l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans leur évaluation.

Les chocs de cette nature doivent éclairer les innovations futures, et les preuves, les observations et les opinions du terrain peuvent éclairer la voie à suivre au milieu d’effets perturbateurs durables. L’initiative étant toujours en cours, nous avons hâte de partager avec vous plus d’informations grâce à notre prochain récapitulatif de six semaines.

Tous ces articles sont disponibles sur la plateforme Enabling Sustainability de TMG Think tank.

Lire l’intégralité du compte rendu des six premières semaines de l’initiative @CovidFoodFuture (twitter) sur ce lien en Anglais.

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