Benin : A la rencontre de Venise, l’Africaine, Ganvié !
Sur les chemins de la Conférence internationale Countdown 2030 & Beyond tenue en Allemagne en 2019, l’équipe d’organisation (Afrique francophone) et celle d’Afrique australe se sont réunies pour un atelier de travail (workshop). Avant de nous retrouver en Allemagne, il était opportun pour l’équipe de mieux faire connaissance.
Dans le cadre de l’immersion en milieu communautaire, nous avons également effectué une visite à Ganvié, la venise de l’Afrique. Cet article amène le lecteur à la découverte du plus grand village lacustre de l’Afrique, la venise du continent…
La magie de Ganvié…
Ici pas de bruits de moteur ou de rues poussiéreuses comme dans tant de villes africaines. Pas d’immeubles aux couleurs criardes ou de constructions anarchiques, juste la calme immensité du lac Nokoué, de sages maisons sur pilotis et des pirogues agiles qui se croisent silencieusement. Car Ganvié est une bourgade lacustre, entièrement construite sur pilotis, ce qui lui vaut d’être surnommée la Venise de l’Afrique.
Le lac sur lequel est bâti Ganvié fait partie du delta du fleuve Ouémé, lequel prend sa source au nord du Benin et couvre une superficie de près de 26.000 ha. Quelque 40 000 Tofinous, « habitants de l’eau », dont la pêche est la principale activité, habitent des villages lacustres, dont Ganvié est de loin le plus important. Comme sur la terre ferme, cette petite ville est structurée en rues, quartiers et marché auxquels on accède en pirogue. C’est à l’aube qu’il faut quitter l’embarcadère pour un voyage en confortable pinasse à moteur d’une vingtaine de minutes.
Dans la lumière pale, on croise pourtant déjà de nombreuses pirogues à voile cabotant doucement, des pêcheurs relevant leurs filets. Devant, des roseaux hérissent la surface de l’eau. Ce sont en fait de petites pâtures aquatiques, appelées acadjas, soigneusement entretenues pendant six mois. Ces clôtures de fascines, un assemblage de branchages plantés en eau peu profonde, permettent aux poissons de se réfugier et de se reproduire. Car le lac, est pour l’instant, préservé de pollution industrielle. Il y a quelques années encore, les grands filets tendus pour l’occasion renfermaient suffisamment de poissons pour faire vivre toute leur famille pendant plusieurs mois.
Passé ces zones piscicoles, le village lacustre découvre sa magie. Car arriver à Ganvié, c’est retrouvé sur l’eau une Afrique intemporelle : les retrouvailles autour du point d’eau, le marché lacustre ou tout se négocie de pirogue à pirogue, l’école vers laquelle les écoliers en uniforme se rendent à bord d’immenses pirogues-bus, le dispensaire, les lieux de culte et les lieux de vie commune, bars et auberges avec leur terrasse à fleur d’eau. Traditionnellement, les cases à Ganvié ont une ossature constituée de pieux en bois sur lesquels viennent se fixer des branchages tressés ou des bambous ; elles sont surmontées d’un toit de chaume.
A présent, cet habitat perd un peu de son importance laissant progressivement la place à des constructions plus hétéroclites, aux toitures en tôle et aux murs en ciment, dont l’entretien est bien plus facile. Quelques ilots artificiels ont également été créés çà et là par les habitants, pour apprendre à leurs enfants à marcher. Car auparavant, un habitant de la lagune se trouvait diminuer en arrivant sur le continent. Sachant peu ou très mal se tenir debout, il était stigmatisé par ses compatriotes qui le reconnaissaient à sa démarche.
Ganvié, Un refuge historique préservé
Il y a plusieurs siècles, des familles fuyant les guerres tribales et l’esclavage ont fondé cette cité lacustre du Bénin, accessible uniquement en pirogue. Au milieu du village lacustre est aménagée la place royale où est érigée la statue du premier roi de Ganvié, le roi Agbogdobé, fondateur du village. L’ancêtre du roi fit la découverte de Ganvié vers 1710. Il s’était transformé en épervier pour ne pas être démasqué, puis il s’est mué en crocodile pour transporter et protéger son peuple. En langue fon, « gan » signifie « sauvé » et « vié » signifie « la collectivité ».
Ganvié fait partie des six projets phares retenus dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG) 2016-2021 pour développer le tourisme. Il ne s’agit pas d’y faire défiler des hordes de visiteur, mais de rendre un peu plus visible la cité en tant que destination atypique et authentique. Les aménagements prévus, de même que l’attraction sur de nouveaux voyageurs grâce à une petite augmentation de la capacité d’hébergement, ont pour objectif d’améliorer le cadre de vie et les revenus des populations locales, sans bouleverser leurs habitudes ni leur environnement. Le cout du projet est estimé à 20 milliards de FCFA (près de 30,5 millions d’euros). Il comprend l’assainissement et le curage du lac, la construction d’un hôtel sur pilotis et la restauration de quelques habitants avec des matériaux durables dans un périmètre pilote ainsi que la réhabilitation du marché flottant et le réaménagement des installations de l’embarcadère et des espaces de vie sociale du village.
Vivement le rayonnement de la cité lacustre de Ganvié, j’y retournerai, c’est sûr !
Et vous ? Envisagez-vous y faire un tour prochainement ? Si vous l’aviez déjà visiter, dites-nous vos avis en commentaires…
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